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Les trois injonctions de Martelly au CTCEP

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Michel Martelly n'avait nullement l'intention de dialoguer avec les membres du CTCEP invités au palais national. Il a voulu tout simplement leur communiquer trois injonctions. A prendre ou à laisser ! Ce que le conseiller électoral Léopold Berlanger n'a pas accepté. Il a dit ses quatre vérités au chef de l'Etat.

Papier en main, le président de la République était venu simplement lire sa volonté aux membres du Collège transitoire du Conseil électoral permanent (CTCEP). Invités au palais national, vendredi dernier, les conseillers électoraux n'avaient même pas droit à la parole. Le président Michel Martelly a sommé l'institution électorale d'utiliser la loi électorale de 2008 pour organiser les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat et des collectivités territoriales, d'où sa première injonction au CTCEP.

Ensuite, « le chef suprême de la nation » a demandé aux membres du CTCEP de lui adresser une correspondance dans laquelle ils doivent solliciter du chef de l'Etat qu'il convoque le peuple dans ses comices, c'est la deuxième injonction. En dernier lieu, le CTCEP a pour obligation d'accepter d'avoir au sommet un poste de la direction générale contrairement à leur volonté de privilégier une direction exécutive.

Le locataire du palais national a ensuite fait savoir à ses convives que ses exigences leur seront transmises bientôt dans un arrêté présidentiel. Comme le chef de l'Etat lisait, le président du CTCEP lui a demandé de transmettre le texte aux conseillers afin de se réunir sur ses volontés et statuer.

Après la lecture, Michel Martelly n'a pratiquement pas permis aux membres du CTCEP de réagir. « C'est à ce moment que j'ai pris la parole pour exprimer mes désaccords sur les trois points du président, a confié au Nouvelliste le conseiller Léopold Berlanger. Ces points sont inacceptables et inconstitutionnels, et selon moi, ne sont pas cohérents avec l'indépendance du Conseil. »

« J'ai précisé pour le président Martelly pourquoi la loi électorale de 2008 était impossible d'application, a ajouté M. Berlanger. Cette loi est contraire à la Constitution. Ensuite, pour demander au président de convoquer le peuple dans ses comices avant la fin de cette année, il nous faut une loi électorale et un calendrier électoral. »

S'agissant du poste de direction générale au sein de l'institution électorale, Léopold Berlander ne transige pas sur ce point. Il n'est pas en conformité avec le statut d'une institution indépendante comme le CTCEP, a-t-il fait valoir.

« Le président était venu nous faire ses trois injonctions par rapport au processus électoral », a fait remarquer au Nouvelliste Léopold Berlanger, soulignant que le chef de l'Etat n'avait pas l'intention de dialoguer avec eux. « Le président n'a pas voulu que je prenne la parole, il a dit que ce n'est pas un débat. J'avais insisté et finalement il a accepté de me laisser parler... »

Selon M. Berlanger, Michel Martelly pensait que le CTCEP avait déjà cinq mois en fonction. « On lui a rappelé que nous avons trois mois et demi et cela fait un mois et demi que nous avions demandé une rencontre avec l'exécutif, mais il n'avait pas accepté. »

Selon le chef de l'Etat, ces exigences ont été faites au CTCEP afin d'éviter une crise au pays. « Je lui ai dit que les choses doivent se faire selon les prescrits de la Constitution ou par le dialogue, a ajouté le conseiller électoral. S'il y a des problèmes, il faut qu'il dialogue avec les institutions concernées afin de trouver une solution. Il ne peut pas trancher manu militari, a poursuivi Léopold Berlanger, qui dit rester ouvert au dialogue.

Parallèlement, dans un communiqué rendu public lundi matin, le Bureau de communication de la Présidence a informé que Michel Joseph Martelly a rencontré le vendredi 9 août 2013, au Palais national, les membres du Collège transitoire du Conseil électoral permanent autour du processus électoral.

« Cette rencontre qui s'est déroulée dans une atmosphère très cordiale, était l'occasion pour le chef de l'Etat et les conseillers électoraux de faire le point sur l'état d'avancement du processus électoral, plus de trois mois après l'opérationnalisation du CTCEP », lit-on dans le communiqué.

Selon le Palais national, « le chef de l'Etat a souligné à l'attention des conseillers électoraux la nécessité d'organiser les élections à la fin de l'année 2013, pour garantir la stabilité politique, prévenir un dysfonctionnement des institutions républicaines et maintenir à la tête de l'Etat des élus légitimes. Il a en outre indiqué que l'avant-projet de loi soumis à l'exécutif sera transmis au Parlement après son examen et son appropriation par le Conseil des ministres. »
Le communiqué conclut en disant que le chef de l'Etat a mis l'emphase sur l'obligation de partage des responsabilités entre le CTCEP et la direction générale de l'institution.

Sept des neuf membres du CTCEP assistaient à cette rencontre. Etaient également présents, la directrice générale de l'institution électorale et un représentant de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti.

Robenson Geffrard,
Source:Le Nouvelliste

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