Tout Haiti

Le Trait d'Union Entre Les Haitiens

Culture & Société

Mario Andresol à cœur ouvert

mario-andresol-t-shirt-bleuJe m'appelle Mario Andresol. Je suis l'aîné d'une famille de 4 enfants 3 garcons et une fille. Je suis haïtien "natif-natal". Je n'entends pas renoncer a ma nationalité. Je ne suis pas détenteur de carte de résidence dans aucun autre pays du monde, non plus. Je suis né dans les années de dictature. Mais je n'ai rien d'un dictateur. Autrement dit, je suis de la vieille école. Je suis orphelin de père depuis 15 ans et de mère depuis bientôt 25 ans. Mon père faisait dans l'ébénisterie et ne gagnait pas assez pour subvenir a nos besoins. Ma mère était toujours a la maison et prenait soin de nous avec tendresse comme seules les femmes savent le faire.

Mes parents avaient toujours cru en moi. ils étaient certains que je ferais mieux qu'eux. Ils avaient misé sur moi. J'etais leur "boul borlett" comme ils se plaisaient a m'appeler. Et pour ça, ils ont tout fait jusqu'à négliger mes autres frères et soeurs pour que je puisse terminer mes études, apprendre un métier et aider, par la suite, le reste de la famille. Dommage, qu'ils ne soient plus la pour me dire s'ils sont fiers de moi ou pas. Cependant, je pense avoir tout fait pour ne pas les décevoir. Comme je leur avais promis, j'ai fait de mon mieux pour garder ma charrue accrocher aux étoiles.

Je suis de la vieille école, disais-je plus haut. Et je tiens a élever mes enfants dans la pure et stricte tradition qui a fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui. Je ne me départirai jamais de ce que m'avaient inculqué parents, censeurs et professeurs que je remercie en passant.

A mes âges, il est pour moi trop tard voire inconcevable pour emprunter d'autres chemins au nom d'une certaine libéralisation des moeurs qui se prône dans des sociétés plus avancées que la notre. Je n'en ai jamais eu l'intention et ce ne sera pas demain la veille, non plus.

Force est de constater qu'une certaine fièvre s'est emparée des partisans du "Mariage pour tous" depuis sa légalisation par les leaders politiques des grands pays occidentaux. Dans les sociétés du monde entier les pour et les contre s'affrontent dans une sorte de bataille rangée. Elle (cette bataille) étend son champ particulièrement sur les réseaux sociaux ou tous les coups sont permis, l'anonymat aidant, dans la majeure partie des cas.

Dans le respect des autres, tout un chacun a le droit de faire ce qu'il veut de sa vie, de sa sexualité. Cela dit, je prendrai toujours très mal le fait qu'un ami virtuel qui après avoir sollicité mon aide pour son entreprise me souhaite a la fin de la conversation "Bonne nuit "honey" ! Carrément tendancieux, vraiment suspect, vu que c'était l'une des rares fois qu'on conversait. Le "bonne nuit chéri" n'était sans doute pas loin, si j'avais pas, ipso facto, mis fin a la conversation.

Dans la réalité on dit n'importe quoi, n'importe quand, sur n'importe qui a tort ou a raison. Il nous est beaucoup plus facile de vilipender de dénigrer les autres que d'en dire du bien. Les bonnets se taillent facilement a la mesure des têtes selon que l'on soit puissants ou misérables. C'est un pays ou on apprend bien des choses sur soi-même a partir de simples rumeurs. Il faut vivre avec quelqu'un pour le connaitre. En Haiti, la vérité sur quelqu'un n'est jamais dans les rumeurs que l'on fait courir sur lui.

Dans ma famille, les hommes ne sont pas nombreux. Ils sont élevés dans la pure et stricte tradition pour aimer exclusivement les femmes. Contre vents et marées nous mettons un point d'honneur a faire respecter cette tradition dans ce monde sauvage et menteur. Nos parents et grands parents nous en voudraient de ne pas voir leurs progénitures se multiplier de génération en génération.

Au soir de ma vie, quand je passerai l'arme a gauche, je suis sûr que je vais être entouré d'une multitude de " vrais petits Andresol" qui seront tous la pour, fièrement, saluer ma dépouille mortelle. Il en sera de même pour mes enfants, les enfants de mes enfants, et ainsi de suite.

Mario Andresol
Ex Directeur General de la Police Nationale

A Lire Aussi: