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Ces Micros Dérangeurs

micro-journaliste

Les analystes politiques se gardent ordinairement de critiquer la presse. Cette entité socio-politique bénéficie d’une immunité naturelle concédée par une notoriété acquise au cours des décennies lointaines dans des croisades contres des dictatures et des monarchies autoritaires.

En Haïti, la presse en générale se mêle dans la politique et influe sur le quotidien des citoyens. L’haïtien s’attache ardemment à ses infos. Les analyses, opinions, critiques et commentaires des journalistes sont écoutés et lus par la majorité des populations urbaines et un nombre non-négligeable des populations paysannes. Par contre, cet attachement ne reste pas sans effet.

Certes, la crise post-électorale que vit le pays peut hériter ses racines d’une affluence d’arbustes sociaux et politiques: l’école haïtienne en crise d’éducateurs, les familles d’Haïti qui ne cessent de léguer des hommes incomplets, l’ingérence révoltante des étrangers, l’impunité chronique qui sévit dans le pays, l’amateurisme de bien des politiques, l’anti-nationalité, l’inexistence d’un vrai état. Cependant, des analystes refusent d’innocenter la presse parlée dans cet imbroglio. Selon eux, cette presse, étant l’une des plus influentes entités socio-politiques dans cette crise, ne remplit pas constamment sa fonction.

Évidemment, la presse aide beaucoup Haïti dans sa conquête démocratique. Les dérives dictatoriales de plus d’un sont souvent blâmées quand elle n’accompagne directement le peuple à se défaire d’un régime au comportement déplacé. Nonobstant, des membres de cette presse parlée ne répondent pas toujours à toutes les exigences nationalistes; ils oscillent entre les asservissements de quelques gouvernements nationaux et les intérêts de l’oligarchie rétrograde au service de certaines ambassades étrangères. Ce constat peut s’illustrer dans le manque de positionnement clair de certains medias et hommes de micro dans la capitale. On s’attendait en vain à une condamnation ferme de la visite humiliante de l’autre jour de Kenneth H. Merten dans le pays. Des figures stellaires de cette presse optent sans gêne pour un second tour dans cette atmosphère d’ébullition, alors qu’ils savent que tout serait dans l’intérêt du blanc et de l’élite corrompue d’Haïti. Ainsi, on a droit à s’interroger sur l’éthique de bien des membres de cette presse. Il semble que la plupart n’œuvrent que pour des accointances. Et pour cause, les blâmes des observateurs indépendants et les vivats des protégés de la presse se choquent. Les labeurs de cette presse sont loin d’être estimés avec cognition.

En réalité, ils sont nombreux les membres de ce patrimoine d’information qui détiennent une renommée légendaire. Ces illustres ont vécu l’hiver et le printemps à l’œuvre. D’ailleurs, outre un duo d’un confrère et d’une consœur journalistes débattus et épilogués, les autres restent à l’abri des lourdes censures en cette ère des Tet Kale. Ces deux figures de la presse parlée se nomment Jean-Monard Metélus et Liliane Pierre-Paul. Quand des admirateurs leur sèment de roses, des détracteurs leur tirent des épines.

Jean-Monard Metélus

Jean-Monard demeure très critique. Il condamne sans réserve cette bêtise du 25 octobre. Il est un journaliste de carrière qui a greffé quelques branches de son nationalisme sur le mapou de Felix Lamy. Ses admirateurs le louent au quotidien. Son émission hebdomadaire, « Ramase Â», fait de lui une vedette. À l’inverse, des détracteurs l’accusent de porte–parole de l’opposition. Il a été attaqué verbalement dans son fief par un Rudy Hériveaux enrôlé pour nuire.

Liliane Pierre-Paul

Figure emblématique de cette presse parlée. Elle a été l’objet de persécutions plusieurs fois dans sa vie. La plus virulente a été la moquerie de Sweet Micky qui la traitait de Tilili. Question de la rabaisser. Ce gouvernement ne l’aime pas. Ses verbes francs et ses critiques dans son style direct n’arrangent pas les Tet Kale. Sa station de radio vient juste d’être profanée par des lâches inconnus. Liliane est pourtant courtisée par plus d’un. Elle est le symbole de la lutte des femmes pour la démocratie en Haïti.

Toutefois, il est navrant de constater un amas des nuages ténébreux dans le firmament médiatique haïtien. Des hommes de micro d’une compétence louable se prostituent. On comprend, à peine, leur flirt avec cette infamie du 25 octobre. Des critiques ne leur pardonnent pas les mots d’apaisement et de résignation du type évangéliste et/ou Shalomiste*. Et comme corollaire, ils ont essuyé pas mal de satires féroces sur les réseaux sociaux.  

À coup sûr, la foudre de l’histoire tombera sur ceux-là et/ou celles-là qui divaguent sur le futur de la nation. Celui ou celle qui encourage la validation de l’incongru. La presse doit cesser d’accompagner l’élite économique du pays dans ses démarches para-coloniales. Ce statu quo est à rejeter. Au cours des ans, il nous alloue pas mal de séquelles et conspire dans l’émigration de bien des nationaux vers des terres d’aventures. Il nous génère des «trabajadores azucareros Â» à Camaguey, Cuba, des braceros en Dominicanie et des subalternes d’hôtels aux Bahamas. Cette classe d’affaires nous lègue 33 turbulences politiques. Autrement dit, tout bon journaliste doit s’arranger à côté du peuple pour la conquête d’un nouveau pays.

En dehors de tout, le journalisme en Haïti reste une tache assez difficile à être comprise dans l’immédiat. Une simple observation ne suffit pas pour la juger. La presse parlée demeure jusqu’ici le pivot d’information dans le pays. Les censures trop hâtives n’arrangent toujours pas. Un quatuor d’émissions radiophoniques méritent la louange de plus d’un: « Moman Vérité Â» de Péguy Jean & de Tamara Orion, « Invité (e) du Jour Â» de Valery Numa, « Ramase Â» de Jean-Monard et « Di’m Ma Di’w Â» de Marvel Dandin.  

Le journaliste haïtien est celui qui reporte dans des conditions moyenâgeuses, sous un salaire souvent méprisable. Quand il n’est pas sous-traité, le bâton, la bousculade et la prison lui sont parfois réservés. Voilà la réalité du journalisme verbalisé dans le pays de Dessalines en ce temps moderne. Le micro peut être bien déplaisant, mais sa mission est pluridimensionnelle.

Shalom*= un mouvement évangélique/protestant d’immatriculation populiste comparable à un placebo qui réunit les croyants pour écouter des oracles.    

Jean-Rony Monestime
Secrétaire général Adj. de L’INFINI
BA en Connaissances Générales,
BS en Médecine Nucléaire,
Maitrise en Administration de Sante, MHA

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