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Haïti sort de plus en plus de sa Constitution

commission consultative de MartellyCommission consultative de Martelly

En donnant l'investiture à la commission consultative ce lundi, le président Michel Martelly avoue à la face du monde qu'il n'a pu rien résoudre à l'issue des consultations qu'il a initiées et tenues du 22 septembre au 24 novembre.

Le président donne aussi le signal qu'il sort de la voie tracée par la version amendée du texte de la Constitution de 1987 qu'il a lui-même promulguée.

Le président Martelly instaure, comme si nous étions sous le règne d'Ertha Pascal Trouillot ou pendant la transition Alexandre-Latortue, un organe hybride placé pour faire des propositions à l'exécutif. Pas sur un aspect précis, mais sur la marche du pays.

L'avenir démocratique du pays dépend dorénavant de la bonne foi et du doigté des hommes qui prennent charge ce lundi. Ils ont huit jours pour faire leur preuve.

Dans la tradition haïtienne, l'exécutif est rarement heureux de partager son pouvoir avec les conseils. Il ne suit pas ou suit peu leurs recommandations. En sera-t-il de même, cette fois-ci ?

Bien entendu, Michel Martelly a choisi lui-même cette nouvelle entrave et trié de ses mains les membres du cénacle, cela laisse croire qu'il se courbera à leur prescription.

Ce que nous ne savons pas, c'est dans quelle mesure les travaux de la consultative engageront ceux que Martelly avait lui-même déjà consultés ou ceux qui avaient refusé de le rencontrer.
Mais, attendons voir.

Le choix du président de la République de participer directement aux consultations de ces derniers mois, qui faisaient suite aux négociations avortées des hôtels El Rancho et Best Western, avait déjà surpris les observateurs. Avec cette consultative, le président Martelly se livre au destin qui l'entraîne.

Une nouvelle fois.

Pourquoi le président fait-il autant confiance aux aléas de la dérive douce ?
Ce lundi, alors que les membres de la consultative entrent en fonction, l'opposition radicale annonce que l'ambassade américaine lui a demandé une rencontre, sur son terrain. Comment comprendre un tel glissement ?

Les Américains nous concoctent-ils une sortie de crise consensuelle ou cherchent-ils, comme Michel Martelly, à gagner du temps ?

Quelle que soit l'option retenue par les uns ou les autres, personne ne doit se tromper: il faut que les parties trouvent un consensus pour gouverner. Une ligne médiane où le ballon pourra être placé et à partir duquel le jeu démocratique reprendra son cours.

Il faut des perdants dans tous les camps, si nous voulons gagner un tant soit peu.
Michel Martelly et l'opposition le savent très bien. Même sortir de la Constitution de 1987 ne suffira à rétablir le ''gouverner-ensemble''.

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste