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Elections en 2013 ou démission du Président Martelly - Position politique de l’opposition démocratique (MOPOD)
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- Publié le mercredi 24 juillet 2013 17:00
Position politique du Mouvement patriotique de l'opposition démocratique (MOPOD) dans la conjoncture
Qu'il nous soit tout d'abord permis de présenter à la famille et aux parents du juge Jean Serge Joseph l'expression de nos sincères condoléances en cette circonstance pénible que la république ne va pas oublier de sitôt. Nos condoléances s'adressent également aux familles et parents des autres victimes de la répression qui s'est abattue sur l'Estère, communauté d'origine du juge, à la suite d'une manifestation de solidarité de la population.
Nous saisissons l'occasion pour étendre nos sympathies à la corporation des magistrats et juges de la république ainsi qu'au Conseil supérieur de la magistrature qui d'ailleurs s'est empressé de diligenter une enquête autour de la disparition tragique du juge Joseph. Nous présentons aussi nos condoléances aux parents, amis et collègues du policier Duffaut Jacques Jr. de l'USGPN ainsi qu'aux membres de l'institution policière décédé à l'hôpital Justinien du Cap-haitien à l'occasion d'un déplacement du Président dans le Nord du pays. Nous adressons également notre profonde gratitude aux représentants et délégués des regroupements et partis politiques suivants : PNDPH, RDNP, KID, PLH, PDCH, PLB, MOCHRENA, MRN , PROP, VEYE YO , Plate-forme Libération, KOMBIT, INITE et Ansanm nou fo . Ce sont ces quinze entités politiques qui ont décidé d'adresser le présent texte de positionnement politique au peuple haïtien tout entier pour lui dire que nous sommes conscients des souffrances et des privations que connaissent actuellement les différents membres de la collectivité nationale.
Nous sommes particulièrement sensible au sort des sans-abris, des victimes de la famine chronique, des sans-travail et des sans-terre, lesquels n'ont pas d'autre choix que d'exposer leur vie pour survivre dans l'indignité la plus totale. C'est pour cela que nous nous faisons le devoir de dénoncer les dérives actuelles de l'administration Martelly-Lamothe et les conséquences déplorables qu'elles engendrent pour le plus grand malheur de la république actuellement sous tutelle étrangère. Nous rappelons pour cela le positionnement du MOPOD suite à la résolution adoptée aux Gonaives en avril dernier, les manipulations de l'Exécutif pour le contrôle des trois pouvoirs et les grands scandales qui ont jalonné le cheminement de l'administration Martelly-Lamothe, laquelle administration risque d'entrainer la nation sur la pente de la pauvreté chronique et de l'indignité la plus totale.
L'Assemblée du MOPOD tenue au Gonaïves a entériné les résolutions du premier forum du Cap-Haitien, de celui l'Arcahaie et de celui de Léogane, lesquelles résolutions avaient jeté les bases pour la mise en œuvre d'une stratégie partagée de l'opposition démocratique. En addition à ces résolutions, l'Assemblée des Gonaïves a consacré l'option historique qui pourrait se résumer dans les termes suivants : élections en 2013 ou démission du Président en exercice.
Nous constatons malheureusement que les événements politiques qui ont suivi l'Assemblée des Gonaïves ont révélé la mauvaise foi des autorités politiques en place au regard du respect des échéances constitutionnelles pour l'organisation des élections avant la fin de l'année 2013. Ceci a entrainé et entraine encore un climat de confusion institutionnelle et d'instabilité politique défavorables à toutes les velléités par la sus-dite administration de sortir le peuple de la misère. Il n'est pas alors étonnant que dans l'opinion publique, le projet politique de l'administration Martelly-Lamothe soit perçu comme une manœuvre destinée à provoquer la caducité du Parlement et à entamer une révision constitutionnelle pour établir une nouvelle forme de dictature dans le pays.
En vue de parvenir à ces fins, l'administration Martelly-Lamothe a tenté par tous les moyens de concentrer tous les pouvoirs entre les mains de l'Exécutif. La constitution réalisée de manière expéditive et irrégulière d'un bloc politique à la chambre des députés a montré les limites de cette approche qui fort heureusement est en train de perdre du terrain devant la conscience patriotique des députés concernés.
La nomination en dehors des procédures régulières du Président de la Cour de Cassation a miné les bases institutionnelles du CSPJ étant donné que le nom du juge en question ne figurait pas sur la liste arrêtée par le Sénat de la république en plus du fait que l'âge requis pour l'éligibilité du magistrat était dépassé. Il convient aussi d'ajouter que la répression sanglante des manifestations pacifiques et démocratiques à Jérémie, l'Estère et à Plaisance du Nord a mis en relief, s'il en était encore besoin, la volonté de l'Exécutif de sombrer dans l'arbitraire et l'illégalité.
A ce stade de l'exposé, il est opportun de rappeler, ne serait-ce que brièvement, les grands scandales qui ont émaillé l'administration Martelly-Lamothe durant ces dernières semaines :
· Il s'agit tout d'abord des dénonciations accablantes du citoyen Shelson Sanon à l'encontre de l'un des conseillers spéciaux du Président de la république et d'un sénateur actuellement en fonction réputé comme un des proches du Chef de l'Etat.
· Le deuxième scandale qui a défrayé la chronique est la création d'une administration informelle pouvant délivrer des autorisations officielles aux fins de dédouaner toutes sortes de marchandises au profit de certains membres du pouvoir exécutif et de ses acolytes. Ce qui correspond en définitive à une perception parallèle des recettes publiques.
· Le troisième scandale et non des moindres est celui provoqué par les obstacles échelonnés par l'exécutif sur la voie qui mène à la distribution d'une saine et impartiale justice. En effet, l'action introduite devant les tribunaux concernant l'accusation portée contre l'épouse du Président et de son fils pour usurpation de titre et détournement de fonds publics a tourné finalement en tragédie. Le juge d'instruction Jean Serge joseph en charge du dossier, après avoir sollicité de l'Exécutif qu'il autorise la comparution de grands commis de l'Etat à la salle d'audience, a trouvé la mort dans des circonstances non encore élucidées. Somme toute, ce dernier scandale à rebondissement qui a porté l'Exécutif à nier le fait qu'il ait fait pression sur le juge à l'occasion d'une rencontre controversée, a conduit le CSPJ d'une part et le Parlement d'autre part, à lancer trois enquêtes parallèles afin de faire le jour sur cette question.
Il appert de tout ce qui précède que la république s'approche à grand pas de l'effondrement institutionnel. La volonté manifestée par l'exécutif de violer systématiquement la constitution et de déstabiliser toutes les institutions étatiques en les rendant dysfonctionnelles révèle le caractère antidémocratique du projet politique de l'administration Martelly-Lamothe. Compte tenu des dérives multiples perpétrées par l'Exécutif : corruption systématisée, scandales et bruits de scandales qui défraient la chronique depuis son arrivée au pouvoir, le chef de l'Etat a violé systématiquement l'article 136 de la constitution qui lui fait obligation de veiller au bon fonctionnement des institutions républicaines. Etant donné que le chef de l'Etat a ainsi manqué à ses obligations constitutionnelles, il est donc passible de la Haute Cour de Justice. On comprend alors pourquoi la Chambre des députés aurait l'intention de choisir cette voie légale en vue de trouver une issue constitutionnelle à la crise politique. Néanmoins, nous croyons également en la haute conscience politique et citoyenne du peuple haïtien afin d'obtenir par la pression ce qui pourrait être refusé aux députés par contraintes politiques.
Nous du Mouvement patriotique de l'opposition démocratique (MOPOD), renforçons les concertations entamées depuis le Cap-Haitien en passant par les rencontres de l'Arcahaie, de Léogane et des Gonaïves, en vue de la grande mobilisation citoyenne dont l'objectif est de stopper l'effondrement institutionnel et de rétablir les vraies valeurs morales, démocratiques et républicaines.
Fait à Port-au- Prince, le 24 juillet 2013
Pour le MOPOD, le comité de pilotage : Jean-André Victor (PLH), Evans Beaubrun (RDNP), Turnep Delpé (PNDPH), Serge Jean-Louis (Plate-forme Libération)
KONAKOM: Le parti politique moderne pour le renouveau d'Haiti
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