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Ile a Vache: Martelly veut s’accaparer personnellement d’Abaka Bay Resort - Menace contre les investisseurs en Haiti (enquête suite)
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- Catégorie : Actualités
- Publié le jeudi 27 juin 2013 15:51
INVESTISSEMENT ÉTRANGER ET DÉVELOPPEMENT (SUITE )
Martelly découvre Abaka Bay
La station balnéaire «Abaka Bay » convoitée par Martelly et Laurent Lamothe (Enquête)
Haiti-Observateur --- Après une malheureuse expérience dans l'immobilier en Floride, à la faveur de laquelle Sweet Mickey avait mis fin à son séjour à Miami, laissant derrière lui les maisons dont il n'était plus en mesure de payer les mensualités sur ses prêts hypothécaires, il était retourné dans son pays natal, Haïti. Alors qu'il tentait de rendre sa musique rentable, l'opportunité frappa à la porte: il découvrit sa chance de se porter candidat à la présidence, et de se faire élire. De fait, il a été proclamé président de la République d'Haïti. Fini « la gène » ou les situations financières embarrassantes !
En effet, avant même de prêter serment, Michel Martelly, secondé par Laurent Lamothe, scrutaient l'horizon à la recherche d' - opportunités financières, surtout des deals et contrats occultes, dont des accords de gré à gré. Dans le cadre de telles démarches avait éclaté, peu après la prestation de serment du nouveau président, le 14 mai 2011, le scandale des pots de vin versés à M. Martelly par le sénateur dominicain Félix Bautista. Selon la journaliste dominicaine d'investigation, Nuria Pierra, les compagnies de construction du parlementaire dominicain avaient versé au moins USD 2,5 millions à Martelly, afin d'éviter qu'il dénonce les contrats illégalement paraphés par le Premier ministre du gouvernement du président sortant non réélu René Préval, en la personne de Jean Max Bellerive.
Déjà , la nouvelle équipe appelée à prendre logement au Palais national commençait à fouiner un peu partout à la recherche de deals juteux. La veille même de son investiture, Michel Martelly décida de faire un tour dans le sud du pays. Ainsi le 13 mai, son hélicoptère se posa sur la plage d'Abaka Bay, sur l'Île-à -vache.
Émerveillé par la spectaculaire beauté de cette plage, il comprit que cette station balnéaire avait de gros potentiels. Aussi a-t-il demandé que son nom soit ajouté à la liste des investisseurs. L'offre qu'il fit, ce jour-là , s'est exprimée ainsi : « Je propose de faire l'acquisition de 51 % des actions pour USD 1 million $ ». Il est recommandé aux lecteurs de ne pas oublier cette dernière phrase, car elle sera récurrente dans les futurs articles sur ce sujet.
Après cette visite initiale, le président haïtien est devenu un habitué d'Abaka Bay. Il y séjournait à plusieurs reprises en 2011 en compagnie de Laurent Lamothe. Rapidement, Michel Martelly et son futur Premier ministre ont flairé les opportunités et les potentialités touristiques qu'offrait cette petite île jusqu'alors méconnue des visiteurs locaux et étrangers, les quels convergent habituellement vers le Cap-Haitien, la Côte des Arcadins ou Jacmel.
Un arrêté présidentiel fait sur mesure pour l'Île-à -vache
Rapidement, le gouvernement haïtien a promulgué, en mai 2012, un arrêté présidentiel déclarant l' - Île-à -vache ainsi que d'autres îles du pays, zones de développement touristique. De plus, l'article 2 dudit arrêté proclame possessions de l'État toutes les propriétés et terrains de ces zones ayant fait l'objet de bail ou de transactions entre particuliers et ce, rétroactivement, soit cinq (5) années auparavant. Autrement dit, l'État haïtien y annule unilatéralement tout droit de propriété légal découlant soit de la vente, de l'affermage ou de legs entre particuliers.
Aux yeux de nombreux observateurs, ce décret ouvre la porte bien grande à des abus incalculables du régime Martelly-Lamothe envers les citoyens du pays ayant des biens meubles et immeubles dans ces territoires, notamment ceux qui sont limitrophes à des plages, ou qui présentent des vues panoramiques attrayantes. De plus, le développement touristique prévu pour ces zones ne peut pas être réalisé par l'État haïtien lui-même, qui ne dispose pas de budgets astronomiques, évalués à des dizaines de milliards de dollars, pour valoriser ces zones balnéaires.
Sur ces entrefaites, le tandem Martelly-Lamothe a conçu le projet de céder ces espaces de développement à de riches associés privés, américains, canadiens, français, espagnols, etc. qui les exploiteront à leurs profits, bien entendu, sans que la population haïtienne ne sache exactement les termes des accords convenus entre ces exploitants et le gouvernement haïtien. Car, sous le régime Martelly, l'opacité administrative règne souverainement.
Des propriétaires légitimes spoliés par l'État
Dans le cadre de ce projet mis sur pied par Martelly et Lamothe, l'État haïtien se convertit en spoliateurs des propriétaires terriens, livrant leurs biens ancestraux à des développeurs internationaux par le biais de transactions dont personne ne saura la nature exacte, ni les clauses légales. Au cas où ce gouvernement ne serait pas réélu, il n'est pas exagéré de croire que certains de ses membres en profi - teront grassement, à la fin de leur carrière politique. On comprend mieux la présence des puissantes entreprises canadiennes et américaines actuellement engagées avec le MPCE et le ministère du Tourisme dans le processus de développement de l'Île-à -vache. On comprend tout aussi bien l'intérêt de certains visiteurs notoires, tels que l'ex-président démocrate des États-Unis d'Amérique Bill Clinton, la Compagnie Kellog, l'acteur Sean Penn, le puissant homme d'affaires Holmes, pour n'en citer que ceux-ci.
Quant aux emplois mirobolants que fait miroiter comme toujours le gouvernement pour justifier ces spoliations, sous le couvert de développement touristique, les statistiques relatives au chômage et à la vie chère, depuis son accession au pouvoir, permettent de croire que de tels emplois s'avèrent, le moins qu'on puisse dire, utopiques.
Abaka Bay et Port- Morgan échappent au glaive du décret présidentiel de Martelly
La station balnéaire Abaka Bay, dont Robert Dietrich est associé, ainsi que Port-Morgan échappent au glaive du décret présidentiel de Martelly. Car ces deux stations balnéaires, ainsi que les transactions qui les ont créées, remontent à au moins neuf ans, dans le cas de la première; et à plus de 23 ans pour la seconde. Dès lors, il est facile de comprendre et d'expliquer les problèmes de Robert Dietrich, à titre de propriétaire-partenaire, vis-à -vis du gouvernement Martelly-Lamothe qui, selon ce qu'il croit comprendre, tente de l'évincer du développement futur de son hôtel, en dépit de ses nombreux investissements matériels personnels et de ses œuvres humanitaires à Abaka Bay et sur l'île entière. Signalons, à cet égard, que M. Dietrich a fondé une école à Ka Kòk à ses propres frais.
En effet, à travers son organisme humanitaire enregistré au nom de son ex-épouse et d'autres partenaires américains, il offre un support remarquable depuis huit ans aux élèves et à leurs familles. Ce soutien consiste, notamment, en l'approvisionnement régulier en matériels scolaires, en nourriture et en vêtements qui facilitent énormément les parents abandonnés à leur sort.
Après le séisme du 12 janvier 2010, Dietrich fut, avec son autre partenaire Édouard Sajous, qui est aussi son beau-père, le premier lui-même, à partir de Fort Lauderdale, un cargo qu'il remplit d'équipements, de kits sanitaires, d'aliments secs et de vêtements qu'il a distribués à la population, d'abord, aux Cayes et à l'Île-à -vache, puis dans la région métropolitaine de Port-au-Prince.
Qu'en est-il du concepteur originel du projet Abaka Bay et de l'île-à - vache ?
Le premier expert en urbanisme et en aménagement qui élabora le projet de développement touristique d'Abaka Bay et de l'Île-à - vache est un professionnel canadien d'origine haïtienne demeurant à Montréal depuis 35 ans, et qui s'appelle Olthène Tanisma.
En effet, il a été contacté par les partenaires de la station balnéaire en 2008 pour préparer un plan de développement qu'il termina en 2011. Le projet élaboré par M. Tanisma comprend un ensemble de volets relatifs à l'aménagement d'Abaka Bay ainsi que des recommandations spécifiques pour le secteur ouest de l'Île-à -vache. Selon nos enquêtes, l'expert a produit trois remarquables documents qui ont été remis à l'administration d'Abaka Bay Resort et à la Banque interaméricaine de développement (BID). L'enquête sur le développement de l'Île-à -vache révèle que Olthène Tanisma n'a pas touché un sous pour son ouvrage.
Dans le cadre du développement de l'Île-à - vache, le gouvernement Martelly encourt un procès
Nos tentatives de le contacter, à Montréal, pour en savoir davantage, n'ont pas donné les résultats souhaités. Tanisma a refusé de faire de révélations sur ce projet, surtout en ce qui le concerne, nous ayant référé plutôt à ses avocats. Nous avons compris que ce professionnel a travaillé avec ardeur pendant trois années, durant le séisme, pour contribuer à l'essor du tourisme sur l'île. En guise de reconnaissance, il a été, lui aussi, évincé des projets du gouvernement et de ses partenaires étrangers. Toutefois, Olthène Tanisma nous a laconiquement informé que ses procureurs déposeront une plainte en bonne et due forme devant les tribunaux québécois pour défendre ses droits d'auteur qu'il prétend ont été violés sans autre forme de procès. Il promet de livrer une lutte farouche à cet égard et qu'il ne craint personne lorsqu'il s'agit de défendre ses droits et privilèges.
Ces exemples de spoliations déguisées et d'injustice, qui sont légions, sous le gouvernement Martelly-Lamothe, nous montrent clairement que ce tandem affiche un manque flagrant, sinon d'un déni total, de reconnaissance en - vers ceux qui piochent par leurs propres ressources pour reconstruire ce pays. Ce gouvernement semble plus enclin à nager dans les eaux tumultueuses de l'illégalité, des transactions occultes et de la confrontation, plutôt que de s'ouvrir aux portes du respect, de la solidarité citoyenne et de la convivialité, qui doivent guider la barque nationale. (À suivre)
Haiti-Observateur
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