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Lamothe investit son nouveau cabinet

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La chaise musicale est terminée. La publication la veille au soir de l'arrêté présidentiel consacrant le second remaniement ministériel en six mois de l'ère Lamothe a mis fin aux folles rumeurs qui enflaient depuis des semaines. En mode rapide, le Premier ministre a déjà mis le cap sur l'investiture du nouveau cabinet, mercredi, à la Primature. Ses services ont rameuté tout le monde, à l'exception du président Michel J. Martelly, en voyage à l'étranger. Lamothe, guetté par les caméras, se fait attendre. Sourires crispés, plis d'incertitude sur certains visages, chuchotements,...on tue le temps. Des éconduits, sans leur superbe d'antan, sont assis à côté des « chanceux » encore en poste et des petits nouveaux au gouvernement. Certains, d'illustres inconnus pour des photographes qui épuisent leurs batteries. « Les rédactions m'achèteront peut-être des photos de ces nouveaux ministres », confie un free-lance à un reporter d'une radio de la capitale, un peu grincheux à cause du retard accusé sur l'heure annoncée pour la tenue de la cérémonie.

Le soleil, un peu après 11 heures 12, grignote peu à peu l'ombre sur la galerie où sont assis près d'une centaine d'invités. Des maquillages sont défaits et de hauts fonctionnaires en surpoids sortent leur mouchoir. On sue. Le nouveau président de la Chambre des députés et leader du PSP, Tolbert Alexis, s'installe après les salutations d'un homme trapu au teint clair. Les minutes filent. Soudain, la tête de Michèle Oriol apparaît et met un terme à l'attente. Le PM suit sur les talons de son directeur de cabinet, le troisième en six mois.

Laurent Lamothe entre en scène à l'entrée de la Primature installée dans les locaux désaffectée de l'ambassade des Etats-Unis, au Bicentenaire. Aux ministres sortants, il exprime de la « reconnaissance pour le travail fourni ». « Ils ont servi l'Etat de leur mieux.» Mais pas au point de conserver leur portefeuille. « Le sens profond de changement de gouvernement, c'est que le président de la République et moi avons pris acte du fait que le peuple haïtien souhaite que le gouvernement aille plus vite, mais aussi qu'il fasse mieux », confie le Premier ministre, coach d'une équipe replâtrée, « dans un contexte international et interne fait d'incertitudes ». Aux partenaires internationaux pantois face à « l'usage kleenex » fait des ministres, Laurent S. Lamothe joue la carte de l'assurance. « Le gouvernement ne changera pas les dynamiques enclenchées », indique le Premier ministre, qui cadre les nouveaux ministres et secrétaires d'Etat, en attendant « d'ajuster » la feuille de route. « Fok pèp la jwen n », lance Lamothe, plus avec la même conviction de ses débuts. Cependant, le même chef obligé de changer les tortues ou « improductifs » du gouvernement au nom de la « culture du résultat » clame «que le pays est en chantier ».

Laurent Salvador Lamothe et Michel Joseph Martelly ne convainquent pas. Ce remaniement est de la poudre aux yeux. « Le véhicule a été repeint mais le moteur est le même », caricature Dieuseul Desras Simon, président du Sénat de la République. Sceptique, il souligne dans la presse que ce sont des membres du « clan au pouvoir » qui sont entrés au gouvernement. Il n'y a pas eu d'ouverture et les espoirs de résultats sont minces, soutient le sénateur du Centre. Celui du Sud, Francky Exius, croit lui aussi que ce remaniement ne donnera pas de résultats. « Quand une équipe ne donne pas de résultats, on change le coach, pas les joueurs », explique le sénateur Exius, qui dépeint Lamothe comme un « instable ». « Il a eu trois chefs de cabinet en 6 mois », illustre le parlementaire. Il révèle « une bataille d'influence » entre le président Martelly et son Premier ministre.

Plus politique, le sénateur Jean- Baptiste Bien-Aimé estime que le remaniement marque un peu plus l'ancrage duvaliériste du gouvernement. « Le président confirme qu'il appartient à l'extrême droite », indique le sénateur à un reporter de Radio Kiskeya. L'arrivée au gouvernement de Magalie Racine, fille de Mme Max Adolphe, une figure de proue du duvaliérisme, et du major David Bazile, ex-candidat du PUN, parti de Jean-Claude Duvalier, est avancée par le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé, qui souligne aussi le renvoi de certaines personnalités d'obédience lavalassienne dont Ronsard St-Cyr et Mario Dupuy. Ces personnalités, « des lavalas déraillés », ont été humiliées, affirme le sénateur.

Turneb Delpé du PNDPH souligne que ce remaniement ne donnera aucun résultat. « Les multiples remaniements effectués par le pouvoir indiquent qu'il n'y a pas de vision et de cohérence dans l'action gouvernementale », analyse Delpé. « Le gouvernement, ajoute-t-il, en agissant ainsi crée lui-même sa propre instabilité. » Comme Delpé, Evans Paul soutient « qu'il y a une absence de vision et de cohésion au sein du régime ». « Il n'y aura pas de résultats dans ces conditions », croit Evans Paul, déçu du maintien de Ralph Ricardo Théano au poste de ministre Chargé des relations avec le Parlement. Ce Théano qui a insulté tous les enfants issus de familles monoparentales. Son maintien indique qu'il est soutenu par le président Michel Joseph Martelly et le Premier ministre Laurent Salvador Lamothe.

La toile aussi est enflammée par les commentaires. Ce remaniement, pour Marie Raphaelle Pierre, journaliste, responsable de la salle des nouvelles de Radio Ibo, « n'apportera rien de nouveau ». « L'administration Martelly, malheureusement, deux ans après, n'arrive pas à mettre un terme à cette politique de tâtonnement pour résoudre les vrais problèmes auxquels est confronté le pays. L'exécutif se cherche encore mon ami », estime Marie Raphaëlle Pierre.

«Le remaniement est « un très beau spectacle en pleine période carnavalesque. Rien que pour amuser la galerie! Rien de plus!», ironise Roberto Dorneval.

Toutefois, le député de Kenscoff, Gustave André Louis, croit que ce remaniement est fait par le Premier ministre Lamothe afin d'avoir des résultats. « La réussite du gouvernement sera profitable pour le pays », soutient le parlementaire. Le remaniement répond à la nécessité de donner des résultats. Le président Martelly et le Premier ministre Lamothe travaillent afin de concrétiser les promesses électorales, soutient Me Lucien Jura, porte-parole de la présidence. Ce nouveau cabinet compte 40% de femmes.

Roberson Alphonse
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Source: Le Nouvelliste

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