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Mgr Guire Poulard demande des comptes

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La population mérite beaucoup mieux que ce qu'elle a aujourd'hui comme conditions de vie. Monseigneur Guire Poulard n'est pas satisfait de la gestion de nos dirigeants. L'archevêque métropolitain de Port-au-Prince a appelé les autorités du pays à rendre des comptes et à faire une gestion saine de la chose publique.

Un rare franc-parler. Un ton à la fois doux, sévère et dénonciateur. Monseigneur Guire Poulard a demandé des comptes aux autorités du pays. Le prélat a appelé les responsables à être transparents dans la gestion des chose publique. « Quand, par exemple, vous avez reçu 200, 250, 300 millions de dollars des fonds PetroCaribe, vous devez dire ce que vous en avez fait », a exigé l'archevêque métropolitain de Port-au-Prince qui était l'invité spécial, vendredi, à l'émission Panel Magik sur Radio Magik 9.

L'homme qui a consacré sa vie au service de l'Eglise et des plus faibles est formel là-dessus. Il est impératif que 2013 soit meilleure que 2012. Pour ce, les dirigeants du pays doivent couper le pont avec certaines pratiques peu orthodoxes. Des changements à tous les niveaux. « Je crois que nous devons travailler afin d'avoir une justice indépendante. Elle ne doit pas être tributaire des caprices de l'Etat, d'un président ou utilisée comme une arme contre une personne », a-t-il dit soulignant, cependant, que tout le monde doit rendre compte sans distinction aucune ni demi-mesure devant la justice. Mgr Poulard a fait ces déclarations après avoir été interrogé sur le dossier de l'ancien président Jean-Bertrand Aristide.

Toujours dans le même registre de changement, réagissant sur les nombreux voyages du président Martelly, Mgr Poulard a indiqué que les chefs d'Etat, français, canadiens américains ou autres, quand ils doivent effectuer des déplacements vers un autre pays, ils ne traînent pas derrière eux tous les membres de leurs familles et leurs amis pour ensuite soutirer de l'argent des caisses de l'Etat pour leurs voyages.

Sans citer de nom, le prélat a dit constater qu'il y a des chefs d'Etat qui sont des opportunistes. « Quand ils sont avec les catholiques ils se disent catholiques, vodouisants avec les vodouisants, francs-maçons avec les francs-maçons, shaloms avec les shaloms...Il faut prendre position. Il ne faut pas être un caméléon », a-t-il dit avec un rare rire un peu ironique.

S'il y a une chose que Mgr Guire Poulard redoute, c'est la tentation d'un homme au pouvoir de vouloir toujours garder le pouvoir. « Une chose qui très souvent me fait mal, c'est quand arrivé au pouvoir, quelqu'un prend goût et a le vertige. Il ne respecte personne et veut conserver ce pouvoir par tous les moyens en essayant d'acheter les gens... je crains beaucoup cela», a-t-il dit cette fois sur un ton inquiet.

Toujours dans le registre de demande des comptes, le prélat a indiqué que la communauté internationale n'existe que dans la tête des gens. Ces pays n'ont que des intérêts, a-t-il dit. Et chaque fois l'occasion se présente pour tirer profit sur les plus faibles, ils le feront. «...les ONG, les pays et même malheureusement l'Eglise catholique, à travers nos Caritas, perçoivent beaucoup d'argent. L'argent retourne là d'où il est venu... », a-t-il dénoncé sans peur de critiquer les siens.

Le responsable de l'Eglise catholique à Port-au-Prince a salué le courage et la détermination du peuple haïtien pour avoir pu se relever après la catastrophe du 12 janvier 2010. Mais, a-t-il dit, les gens méritent mieux que ce qu'on leur offre. La plupart des marchands ambulants dans les rues de la capitale ne font que tromper la misère avec ce qu'ils font, se désole l'archevêque.

Si le président Martelly n'a jamais raté une occasion de se vanter d'avoir envoyé à l'école plus d'un million d'enfants, Mgr Poulard se questionne sur bien des points concernant ce programme : « Dans quelles conditions ils ont été envoyés à l'école et dans quels établissements ? Qui sont les professeurs qui les forment ? Est-ce que apprendre à lire, écrire ou compter, c'est suffisant ? »

L'archevêque métropolitain de Port-au-Prince est pour la réussite du président Martelly. « Sa réussite est aussi la mienne et celle d'Haïti. Haïti a beaucoup fait pour moi... », a-t-il dit.

Trois ans après le séisme qui a mis le pays à genoux, Mgr Poulard indique qu'il y a quand même des signes encourageants. Selon le prélat, sans le SMCRS, la capitale serait beaucoup plus sale. Le recyclage de certains déchets en plastique ou en aluminium a permis d'avoir une certaine amélioration, a-t-il ajouté.

Il a souligné que la plupart des travaux en phase de finition actuellement ont été initiés par l'ancien président Préval. L'administration de Martelly/Lamothe les a achevé comme l'université de Limonade, entre autres.

Tout en ne voulant pas être naïf, Mgr Guire Poulard croit que chaque année est une occasion de se fixer de nouveaux objectifs pour aller de l'avant. C'est en ce sens qu'il espère que 2013 sera bien meilleure que 2012.

Robenson Geffrard
Le Nouvelliste

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