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Le « Messie » de la banane et les complices de la République bananière

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Quand Jovenel a oublié de remercier certains....

En moins de 3 mois, Haïti a connu  l'effervescence d'une montée propagandiste d'un choix calculé dont le véritable motif réside dans l'ultime finalité de pérennisation du pouvoir TET KALE : L'Homme à banane. Tout (propagande, ressources superadéquates, infrastructures non ordinaires, etc.) est orchestré pour créer une perception d'adhésion et créer une diversion empêchant de comprendre le refus de l'oligarchie quant aux tentatives de recapitalisation de la classe moyenne dévastée par une bourgeoisie affairiste. Celle-ci  qui veut, en tout cas, maintenir un paradoxe réel : l'existence de deux classes- celles de la bourgeoise et  de la masse. Mais paradoxe intéressant pour une République bananière !

La vieille tendance mettant en scène le fameux concept de « politicien traditionnel » comme  entité politique  jugée  rhétorique demeure bien évidemment le prétexte courant pour porter une disqualification à l'égard de la « classe politique ». La construction de Jovenel Moïse répond non seulement à cette démarche, mais également devient selon eux l'instrument  le plus adéquat pour dévier l'attention collective et faire semblant d'un effet de surprise. Effet de surprise  traduisant le mépris et le désaccord de la grande majorité vis-à-vis de cette classe politique. Quelle anticipation ! La batterie regroupée et mobilisée.  Des acteurs rançonnés. Conviction hypothéquée. Répression en répétition. Des alliances contre nature. Système électoral contrôlé. Les serviteurs maitrisent bien leur attribution pour la réussite de l'opération. La machine est opérationnelle. Il ne reste que la parution du 25 octobre. Et finalement le jour J.

Au terme de cette journée électorale préparée, des félicitations se déversent de manière abondante. Mauvaises nouvelles, les fraudes démasquées. Mais malgré tout, nul ne peut modifier l'objectif qui a été fixé. Donner de la banane à cette République bananière. Des protestations, des contestations, des remords, des frustrations. Dès lors, le goût de la banane nous fait sortir de la bouche de jolis concepts : EPURATION, EPURER. Wawww !  Il faut épurer le processus de son état brut. Très bonne proposition. D'ailleurs même encouragée par le RNDDH (instance qui n'a pas caché sa satisfaction quant à la réussite de la journée du 25).

Mais qui est responsable de la raffinerie d'épuration des déchets électoraux ? Le CEP est conscient de la situation, mais il faut une réflexion en profondeur. Donc, pas de garantie. Les potentielles victimes de cet état de fait connaissent le danger. Des mises en garde ont donc été lancées à l'encontre des manipulateurs de la machine. Mais la belle blague, leur conformisme reste intact parce qu'au fait, elles espèrent  du même coup l'arrivée de la pureté. Donc, elles cajolent l'espérance d'une victoire de second tour à la banane.  Martelly, Aupont, Mathador, Georges et les agents du coup monté n'ont pas trouvé de l'essence pour faire fonctionner la machine d'épuration.  On ne peut rien faire. Il faut accoucher les résultats à l'état brut.  L'évanouissement de la confiance restreinte des victimes réelles. Durant tout ce trajet, il y a eu un silence de certitude et de sérénité assez suspect de la part  du candidat PHTK confiant du succès du plan d'opération de la machine. Et boom ! Le résultat... Mécontentement des victimes. Réjouissance des « vainqueurs vaincus ». Bon boulot !  La rue a été le lieu d'expression des victimes, mais l'hôtel de Pétion-Ville (conférence de presse) a été le lieu de réjouissances et de félicitations pour le travail accompli par les sujets. Malheureusement en conférence de presse, le « Messie » de la banane- savourant du champagne de très bonne qualité- a oublié de façon délibérée de féliciter les véritables accoucheurs et complices du succès de cette  élection dénaturée. Dénaturée certes,  mais normale uniquement en  République bananière.

Entre autres, il a oublié de remercier :

1-    Le CTV. On a mis à l'écart les recommandations (Baker, RNDDH, le Groupe des 8 et autres) qui devraient influencer  de façon équitable et rationnelle les résultats du scrutin. Au moment (5 novembre) de procéder à la signature du document présenté par Widmark Mathador aux membres du Conseil, le conseiller Jaccéus Joseph –avant d'apposer sa signature- demande au dernier le rapport des travaux d'épuration devant écarter les fraudes électorales. Widmark lui a répondu : « Pa gen tan pou bagay konsa ». Et donc, la tabulation a été effectuée avec toutes les irrégularités identifiées. Et en conséquence, M. Jaccéus Joseph a refusé de signer en affirmant qu'il ne va pas cautionner des résultats frauduleux (réf. Jean Monard Métellus, émission intersection 6 novembre 2015).

2-    Le CEP. Sans aucun doute, après avoir affirmé devant la nation que l'élection présidentielle de 2010 (alors qu'il était à cette époque Directeur exécutif du CEP) n'a  été en aucun cas le reflet de la tabulation du CTV, Pierre Louis Opont, une fois de plus confirme les suspicions autour de la fiabilité et la légitimité des résultats. Et de fait, sa déclaration aurait dû être interprété comme l'annonce d'une éventuelle malversation. Sola le concepteur.

3-    Michel Martelly. Copie conforme du président Elie Lescot qui fait du népotisme social et économique ses principales manÅ“uvres. Du coup, il se sert d'un innocent (Jovenel Moïse) de la classe moyenne pour augmenter la confusion et continuer à faire triompher la suprématie de l'oligarchie au détriment de ses semblables.

4-    Certains éléments de la classe moyenne. A l'instar de Jovenel, ces derniers subissent le poids  des manipulations bourgeoises afin de contribuer à l'amplification des inégalités sociales de la République.  Bénéficiant d'un ensemble de privilèges bidon, ils ont réussi à enlever leur conscience de classe. La sociologie seule peut expliquer cette crise interne des éléments de cette classe sociale convoitée par l'utopie d'appartenance et de ressentiments erronés d'une autre classe qui n'est pas la leur.

5-    Les partis et les candidats du régime dominant. On ne cesse de critiquer l'exagération quantitative des partis politiques présentés aux élections de 2015. Et on ne cesse du même coup de critiquer la classe politique pour son avidité. Encore de la confusion. Pourtant le constat nous a démontré qu'une forte portion de ces partis était sous l'obédience du régime en vue d'opérer ses manÅ“uvres électoralistes - clandestines. Environ une vingtaine. Ce qui fait que le candidat de la banane bénéficie de façon irrégulière d'une quantité de mandats (supposons, 13725 x 20) totalement supérieure au regard dudit décret   (normalement  environ 13 725 par candidat selon le présent décret).

6-    Les mandataires achetés. Ceux qui ont vendu la confiance de leur candidat contre un billet de 1000 gourdes. La crise de conviction et de citoyenneté est bien réelle dans l'ordre social.

7-    Les milliers d'observateurs-votants achetés.  Leur  rôle devrait être l'observation intégrale du processus et celui d'être de véritables témoins surveillant la pleine protection du vote de la population. Ils ont été infectés par le virus de la corruption électorale.

8-    Une bonne partie de la presse.  Avant les élections, elle était l'organe de référence relatant  la cupidité et les pratiques néfastes du régime. Elle était la première à monter au créneau pour dénoncer l'émergence insolite de Jovenel comme produit d'une  génération spontanée. A la surprise générale, (au lendemain des élections, avant et après  la publication des résultats) cette catégorie a effectué un tournant remarquable et surprenant. Elle opère donc un travail de manipulation et de préparation de l'opinion pour faire accepter l'élection de la banane comme un fait social normal  en se moquant des contestataires des résultats falsifiés.  Ce travail consiste également à déconseiller toute riposte légitime de la population  au regard de toute insatisfaction des résultats.

9-    La machine de propagande composée de soi-disant intellectuels. Ces derniers, ne voulant pas être victimes de la (Pénurie, condition sociale, niveau de vie, dégradation salariale, absence d'emplois, de confort, etc.) chasse aux sorcières déclarée contre la classe moyenne, essaient de sauver leur peau et deviennent  en fin de compte le cerveau d'un tel phénomène.  À ce titre, ils ont effectué (avant et après la publication des résultats)  un travail de propagande et d'intoxication au-dessus de toute attente en éjaculant des slogans (you sèl kout kle, si w pa vle w'ap pran bannann nan nan papita, Nèg bannann, nan etc.) et discours portant la marque de la machination. Que ce soit à travers les médias comme au niveau des réseaux sociaux.

10-    Les économistes au rabais, mais rançonnés. Ils ont l'audace de faire croire au pays tout entier qu'un Messie de l'extraordinaire défie les principes de la géographie économique  ou de l'économie - tout court- comme discipline scientifique par le biais de la production de la banane. Avec un prêt à l'investissement de 6 millions de dollars, ce dernier arrive à obtenir un chiffre d'affaires de 150 millions en termes de profit en moins de 6 mois. Pour tous ceux qui ne ferment pas les yeux pour avaler n'importe quoi ; des questions ont été automatiquement posées :   Répartition spatiale, localisation des activités économiques, marché, infrastructures préalables, contraintes du marché, l'effet de la production, concurrence, etc.

11-    Le système de répression. Malgré les chiffres faramineux de l'électorat banane du CEP, on a vu un déploiement (notamment dans la capitale et au niveau du Cap-Haïtien) sans précédent pour museler la population qui ne cache pas son désaccord profond avec les résultats. Des couvre-feux à la place des manifestations de réjouissance pour «  un vainqueur » qui se dit satisfait de sa fameuse « popularité ».

12-    Les électeurs d'Hyppolite. Pour  un billet de mille (1000) gourdes, les intentions cohérentes et prometteuses ont été liquidées. La notion de citoyenneté vide de son contenu et le pays hypothéqué par l'impatience du bas-ventre.

13-    Les membres de BV à double contrat. La population croyait pourtant à travers ses taxes et impôts accorder une prime à ces derniers pour assurer la gestion d'un processus impartial au niveau des centres de vote. Malheureusement, ils ont commis des violations flagrantes au regard de leur civisme en échange des pots-de-vin du puissant régime pour accoucher ce résultat bananier, mais aussi mafieux.

14-    Les sous-contractés de UNOPS. Contrôlé par les proches fidèles du régime, le transport des procès-verbaux (et bulletins) a été le théâtre d'une vaste opération de falsification et de remplacement du faux à la place du vrai.  (si l'on croit les déclarations du sénateur Desras dans l'émission RAMASE et bien d'autres acteurs).

15-    Quelques éléments innocents de la masse. L'effet  inconscient de « l'impérialisme bourgeois » sur le conditionnement de leur existence n'est aucunement négligeable. En effet, l'illusion de ressemblance et l'espoir utopique de pouvoir obtenir une place au soleil de la richesse contrôlée par TET KALE  constituent les arguments de leur complicité innocente.

16-    Les moniteurs du programme TI MANMAN CHERI collectant les NIN des bénéficiaires  à des fins électoralistes. Profitant de la situation misérable de la population, ils ont fourni des informations permettant de créer une base de données récapitulant les préparations du montage des fraudes électorales. Et de fait, « ou vote TET KALE menm si w pa al nan sant vòt ».

17-    SOLA. Cette fameuse firme de promotion d'image, sorte de relations publiques. Déclarée persona non grata au Chili, celle-ci a été rappelée pour remplir le sale boulot à titre de concepteur de fraudes électorales massives.

18-    Le cadre du PN retrouvé mort à Canapé-Vert.  Ce dernier malheureusement a été victime d'un accident de voiture (Nous déplorons humainement son sort) à Canapé-Vert alors qu'il transportait avec lui des bulletins croisés à la banane.

19-    Les personnalités déloyales des partis (politiques) commerciaux. Elles n'ont pas hésité à commettre le délit de refus face à leur engagement au regard de leurs semblables pour se rallier à la cause bananière sous l'égide des avantages financiers et administratifs crapuleux.

20-    L'oligarchie affairiste. Cette dernière qui voit en Jovenel - parmi les autres tenants électoraux-  un gentilhomme (inoffensif) de la paysannerie ou de la campagne et dont la malléabilité va être utilisée comme instrument  pour miner davantage la classe moyenne et garantir davantage leur plein confort dans l'exploitation constante des ressources du pays.

21-    Aux gens irresponsables, dépourvus de convictions. Ces derniers cherchent toujours à fuir leur choix. Ne pouvant  assumer leur décision, ils essayent toujours de dissimuler leur responsabilité pour taxer  les politiciens surnommés «  traditionnels » des dérives de leur propre option.

22-    Certaines institutions académiques.  Sans aucune vocation intellectuelle ni aucun cadre réel de transformation positive et cohérente de l'individu, elles ne cessent de mettre en circulation une quantité exponentielle de gens avec des diplômes ou des certificats. Ces derniers souffrent  d'une pauvreté intellectuelle tellement avérée que leur réflexion crapuleuse tue l'esprit et la bienveillance collective. Conséquence, elle empoisonne la notion de citoyenneté, de civisme, de patriotisme, de probité et représente désormais un danger pour la structuration effective et le format exact du système politique et de l'ordre social.

23-    Les croyants de l'évangile de la banane selon le régime TET KALE qui, sans aucune retenue ni prudence et décence acceptent  l'idée d'une République bananière, modèle instauré par les vraies oligarchies traditionnelles.

24-    Les 85% des votants qui ont fait le choix d'abstention quant aux élections présidentielles laissant aux plus audacieux le soin de rendre confortable les fraudes du 25 octobre et de décider de l'avenir TET KALE de la République.

25-    Les ennemis des intérêts collectifs frustrés par le ton de cet article.
Somme toute, Jovenel aurait dû sincèrement adresser  ses plus vifs remerciements à tous ceux  qui ont  validé  cette conspiration électorale flagrante qui constitue malheureusement une atteinte au verdict réel de la majorité. Mais également un laisser-passer permettant aux ennemis des intérêts des plus vulnérables de continuer à exercer leurs pratiques hostiles au développement réel de la société. C'est en ajoutant les éléments ci-dessous à la liste des remerciements de l'insolite vainqueur TET KALE qu'on va cesser de porter  des accusations diverses et cette perception de culpabilisation de certains acteurs (politiciens traditionnels comme on dit souvent) de la structure politique problématique d'Haïti. Et c'est ainsi qu'on va pouvoir enlever cette barrière spirituelle  et cerner les véritables explications du drame du 25 octobre. Tout comme certaines élections des 3 dernières décennies d'ailleurs...

Pour une contribution à l'éducation citoyenne...

Erlain GERMAIN
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