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Le président Martelly trompe qui, se trompe –t-il ou est il trompé ?
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- Catégorie : Opinions
- Publié le vendredi 22 novembre 2013 04:50
Par Agr Michel William --- Le président Martelly vient de prononcer au Cap Haïtien, le 18 novembre 2013, á l'occasion de la commémoration de la célèbre bataille des Vertières , un discours dans lequel il a une nouvelle fois fait appel á l'UNITE. Il a mis en relief l'évidence de ses programmes sociaux et a insisté sur la célérité dans l'urgence de continuer le dialogue pour calmer la colère sauvage de la frange visible et politisée de la rue qui se montre de plus en plus réceptive aux appels de l'opposition.
Pour montrer sa bonne foi dans le dialogue et sa disposition á initialiser le processus d'unification politique de la population haitienne il a nommément désigné á la TELE Mario Dupuy un lavalassien pur sang et un prévalien du parti de l'INITE, mr Clerier qu'il présente comme candidat au sénat pour la Grand Anse.
Il a souligné que le développement d'Haïti n'est pas un travail de deux « grenn zan » mais un travail des ans qui demande la compréhension et la volonté de tous les haïtiens de vivre ensemble avec la creation d'un climat de paix et de stabilité qui ne fait pas peur aux investisseurs. .C'est du baratin disent les politiciens..Ma compréhension du discours présidentiel est qu'il parlerait le même langage de l'opposition tout en véhiculant un message politiquement correcte qui n'a fait qu'apporter de l'eau au moulin de cette opposition composée justement de « INITE, de Lavalas, des mikistes déçus et de quatrevingtsixards exclus des affaires .Cette faune ne lui pardonne pas le retour des duvaliéristes aux affaires et une trop forte concentration dans son entourage des « mounn wouj » pour rafler la mise économique du pays. C'est de cela qu'il s'agit.
L'opposition même en constatant que le pays est en chantier veut faire remarquer que cette politique ne profite qu'aux partisans du président qui raflent les contrats d'exécution. Elle critique la transparence et l'objectivité des programmes sociaux parce que toute la faune politique aux affaires comme á l'opposition sait que politiquement parlant la taille économique du programme EDEPEP n'est pas proportionnelle ni á la dimension du nombre des démunis qui attendent ces politiques publics , ni á l'intensité de la machine propagandiste déployée..De plus la structure économique de ces programmes sociaux analysée par certains économistes laisserait plutôt voir une disparition lente mais sure de certaines PME á l'instar de la disparition des petits métiers au temps de la dictature des duvaliers. .On peut citer en exemple , l'arrivée d'une méga boulangerie qui a causé l'extinction de toutes les boulangeries artisanales de Port-au-Prince. On peut citer encore, son programme de distribution de bétail et de cantine populaire qui ont fait monter le cout du cabrit et des produits alimentaires sur le marché local sans augmenter la production locale. Il n'y a aucune indice qui démontre dans sa politique de programmes sociaux une disposition de son pouvoir á soutenir la production locale..Il ne peut aucunement montrer á la télévision l'existence de PME appelées á promouvoir l'emploi et les revenus dans les dix départements. En d'autres termes la machine de la propagande martellyenne est mal faite et ne peut montrer aucun aménagement structurant susceptible d'encourager la production absente ou de neutraliser la contre propagande de l'opposition qui trouve dans la dégradation de la misère du peuple un terroir fertile pour ses idées populistes., Le FAES excepté á la limite, les ministères comme l'agriculture, les affaires sociales , le commerce ne reçoivent pas de budgets substantiels pour encourager la naissance de PME capable d'alimenter ces programmes sociaux dans le milieu rural. Lorsque budget il y en a ,la stratégie politique développée pour exécuter le programme n'est pas construite sur le durable..
Sur le plan politique, le président Martelly a affiné au pire la politique de destruction des partis politiques héritée de Préval .Il a recruté dans les partis politiques des individualités qui n'ont pas été négociées avec les organes de ces partis politiques. Il en résulte que la contribution de celles-ci á sa politique ne reflète pas les motivations de leurs partis politiques d'origine .En outre, ces individualités qui tiraient leur efficacité politique dans l'approvisionnement régulier des « BAZ » en armes et en argent se sont vues coupées de leurs moyens politiques..Le pouvoir MIKI les a privées des moyens de leurs politiques justement parce que leur loyalisme á la cause du pouvoir n'est pas avéré. On ne peut jamais servir á la fois deux maitres. Mr Martelly peine á comprendre que la répétition des artifices politiques du président Préval est révolue avec la présence d'Aristide en Haïti. Le président Préval pouvait s'adonner á cet exercice périlleux parce que le Président Aristide qui jouit encore de la confiance populaire était absent du pays. Avec le retour du président Aristide, en Haïti, l'organisation de chaque manifestation a démontré que les partisans d'Aristide forment les 90% des manifestants et que les leaders du MOPOD ne sont que des autruches avec une capacité politique de nuisance certaine..
Le parti Tet Kale
Le Parti Tet kale de Marttelly qui rallie les enfants des duvaliéristes et une frange de INITE est le plus faible des maillons de la chaine politique qui se dispute le pouvoir. Ce parti est trop miné par les media pour espérer gagner une légitimité politique quelconque sans rien offrir en retour...Il a contre lui tous les quatrevingt sixards et la presse. Les conditions de sa prise du pouvoir le rendent prisonnier du parlement INITE rejeté par le peuple et maintenu par l'international grâce aux élections de novembre 2010 dont il en est le grand bénéficiaire.. Son rapprochement avec PSP/INITE participe de sa stratégie de survie á très court terme. Son alliance avec Joseph Lambert du coumbite Sud Est et avec Youri Latortue d'Haiti en Action est pour lui un moyen d'esquiver temporairement les flots houleux et dévastateurs de la nébuleuse MOPOD qui lui-même prend ce ralliement comme un raccourcis dans l'éventualité d'une élection plus ou moins honnête, d'avoir une certain nombre de parlementaires avoisinant le tiers de la prochaine assemblée nationale...L'opposition croit mordicus que toute tentative de faire main basse sur les prochaines élections débouchera sur un 2004 avec l'international qui n'est jamais un allié sûr..
Le président Martelly trompe qui ?
Le peuple de la campagne ,difficilement mobilisable, ne se sent pas trompé. Il apprécie tous les programmes sociaux du gouvernement Il attend impatiemment sur son téléphone portable l'arrivée miraculeuse du programme « symbolique » EDEPEP . Il répète á qui veut l'entendre qu'il ne voit pas pourquoi on persécute tant le président á Port-au-Prince. Ce peuple est plutôt conduit á croire que la persécution de Martelly est plus á mettre au compte des méga media qui manipulent l'information au gré de leurs intérêts politiques inavoués. Par contre la différence est énorme avec le peuple politisé des ghettos des grandes villes qui est immédiatement mobilisable et qui a une structure d'accueil déjà organisée pour le faire. Ce peuple des ghettos est plus réceptif au discours de l'opposition qui accuse le président de récupérer les forces économiques qui reproduisent le cycle infernal du système « peze souse » au profit de son club de copin d'enfance. Le ghetto accuse le président Martelly de ne pas gérer la « BAZ » á l'égal du président Aristide .Sur la base de conseillers á diplômes venus de l'étranger et de son cercle d'amis intimes le président aura opté pour les programmes sociaux dont les retombées profiteraient á un nombre plus significatif que celui des « BAZ »..Il pourrait avoir eu raison mais le ghetto mobilisable des grandes villes qui donne de la visibilité politique au mouvement de l'opposition questionne les retombées politiques á court terme de ce choix économique..
Le président Martelly se trompe –t-il ?
Avec certitude on peut affirmer qu'il se trompe lui-même..Il se trompe lui-même en pensant tromper les forces politiques de l'opposition qui ne croient pas un seul geste de lui...Le président mise sur sa grande capacité musicale d'électrification de la foule. Il refuse par contre de comprendre que cette capacité a sa limite en politique ,qu'elle n'a qu'un effet d'euphorie qui finit avec la minute de la cérémonie du jour. Le président feint d'oublier que tous les politiciens haïtiens y compris ses partisans sont des endurcis du pouvoir et que le pouvoir en Haïti c'est l'opportunité de faire de l'argent. Le président Martelly ne pense pas en ce moment á offrir cette opportunité á l'opposition qui crève de faim.
Est il trompé et qui trompe le président ?
De toute façon il est trompé et ce sont tous les conseillers qui tournent autour du pouvoir exécutif qui le trompent en refusant de bien poser le mal problème de sa gouvernance .Le problème de sa gouvernance sera bien posé lorsqu'il accepte de faire la bonne ouverture. Cette ouverture pour être fiable doit avoir les deux branches d'une alternative qui doivent se compléter l'une l'autre
Une branche est l'intégration dans le gouvernement des partis politiques majoritaires avec possibilité de s'inviter dans la signature des gros contrats de chantiers .L'autre branche est le but de cette intégration savoir, une « tête ansanm » pour la rédaction d'une autre constitution qui est la source de tous les déboires qu'a connus Haïti depuis sa promulgation. Ces deux alternatives sont le « banm ma bo'w » entre son pouvoir et l'opposition..Le pouvoir de Martelly,au péril de sa vie ne peut pas présider aux destinées de la nation sans se libérer des entraves de la constitution de 1987qui a été étudiée contre le régime des duvalier dont il est le nouvel héritier .En 2013. l'opposition ne lui fera pas aucun cadeau s'il prétend laisser les avantages économiques de son pouvoir á ses seuls partisans .L'opposition dans un langage politiquement correcte réclame sa part du gâteau pour l'aider á sortir des étreintes létales de la dite constitution. Il doit transcender pour trouver cette passerelle .Le partage de son pouvoir exécutif contre la liquidation de la constitution de 1987 est le prix á payer par son équipe pour sauver le pays et la fin de son mandat. « Jwet pou Lambert , Latortue, Laurent Lamothe , Bellerive,les Mayard ak madanm li »...
Agr Michel William
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20 novembre 2013
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