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Martelly et Desras presque sur la même longueur d’onde

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Face à face sur une même table, le chef de l'Etat et le président du Sénat ont passé plus de huit heures à discuter. A l'hôtel El Rancho, jeudi, Michel Martelly et Dieuseul Simon Desras ont fait un grand pas dans le sens de la signature de l'accord politique. Ravi, le cardinal Chibly Langlois convie tous les acteurs politiques ce vendredi au quartier général du dialogue pour une « probable » signature du document. Retour sur une longue journée de travail.

Tôt jeudi matin, le cardinal Chibly Langlois et les sénateurs Dieuseul Simon Desras, Steven Benoît et Andris Riché prennent déjà place à la grande salle à l'hôtel El Rancho qui sert de quartier général au dialogue politique. Salutations d'usage et petites blagues de convivialité, ils font passer le temps en attendant l'arrivée du président de la République. Dehors, les journalistes commentent la présence de M. Desras qui ne devrait pas être là, selon ce qu'ont laissé croire d'autres sénateurs.

Une vingtaine de minutes plus tard, pantalon bleu marine, chemise blanche, tout souriant, l'air heureux, Michel Martelly fait son apparition et salue tout le monde de la main avant d'aller retrouver les autres personnalités qui l'attendaient. Le dialogue institutionnel entre le Parlement et l'exécutif peut enfin commencer. Pour ne pas être dérangés, on a mis tout à leur disposition dans la salle de conférence : café, eau, nourriture...Le cardinal, le chef de l'Etat et les sénateurs sont comme en « conclave ». Rien sur ce qui se passe à l'intérieur. Avec eux dans la salle, les conseillers du président, monseigneur Patrick Aris, le père Jean Désinor et deux membres de la société civile : Rosny Desroches et Edouard Paultre.

La journée est longue. Les heures passent difficilement pour les journalistes qui sont en attente dehors. A travers les vitres de la salle on pouvait voir, par moments, Michel Martelly mettre les deux mains sur la tête. Des decisions doivent être prises pour l'avancement du dialogue. Entre-temps, le temps passe...

Il est maintenant 6h25 du soir. Les journalistes ont finalement accès à la salle de conférence. « Nous sommes contents d'annoncer à tout le monde que la journée a donné des fruits sur l'accord trouvé entre l'exécutif et les partis politiques. Donc, entre le Sénat et l'exécutif, nous avons passé en revue ce texte que nous allons continuer à travailler pour arriver à sa signature », a déclaré au micro des journalistes le président de la Conférence épiscopale d'Haïti (CEH), Son Eminence, le cardinal Chibly Langlois.

Selon le chef de l'Eglise catholique en Haïti, les sénateurs comme le président Martelly ont fait valoir leurs positions sur plusieurs points de l'accord. « Ils ont émis des réserves sur d'autres points et nous les avons travaillés », a ajouté le prélat sans vouloir donner plus de détails sur ce qui a été effectivement discuté. «... nous sommes prêts à aborder la journée du vendredi et nous invitons tous les partis politiques, l'exécutif, le Sénat et la Chambre des députés à réagir sur le texte que nous avons travaillé et, s'il le faut, arriver à une conclusion à la fin de la journée », a conclu le cardinal Langlois qui, pour une fois, était en mode langue de bois.

A sa sortie, escorté par ses nombreux agents de sécurité, le président Martelly n'a pas voulu faire de déclaration. Dans la foulée, un journaliste lui demande : « Est-ce qu'il y a de l'espoir Monsieur le président ?» Les mains levées vers le ciel, Michel Martelly déclare : « Il y a toujours de l'espoir ! ». Sa seule déclaration avant de laisser l'espace.

Le président du Sénat, qui se trouve entre l'enclume et le marteau, dans la mesure où il était obligé de participer à cette journée de dialogue alors que des sénateurs lui avaient demandé la veille de renvoyer la rencontre, a fait remarquer qu'il n'était pas seul à cette phase du dialogue. « Vous avez vu trois membres du bureau ici », a-t-il dit, faisant référence aux sénateurs Benoît et Riché. Le Sénat a parlé avec l'exécutif aujourd'hui et il a fait valoir ce que les sénateurs ont comme réserves. Je serai là demain, a-t-il ajouté. »

Dieuseul Simon Desras n'a pas voulu faire d'autres déclarations dans la presse pas avant que « j'en parle à l'assemblée qui m'a mandaté, a-t-il dit. L'accord sera signé si toutes les réserves formulées par le Sénat sont retenues..., a soutenu le parlementaire. »

Le directeur exécutif de l'Initiative de la société civile (ISC), Rosny Desroches, s'est dit, pour sa part, satisfait du bon déroulement du dialogue et croit que la journée de travail a été positive. Lui aussi, en mode langue de bois, a indiqué. « Nous avons discuté sur l'amendement de la loi électorale, nous avons discuté sur le texte de l'accord, le type de gouvernement. »

Il a fait savoir que les résolutions adoptées par le Sénat et le groupe des six sénateurs avaient mentionné comme préalables au dialogue vont être publiées. Cependant, M. Desroches a souligné que les résolutions n'ont aucun caractère contraignant, mais au moins, elles seront publiées, a-t-il dit, tout en précisant que la révocation des directeurs généraux de l'ONA et du CONATEL exigée par des sénateurs n'a pas été abordée.

Les partis politiques, qui ont participé aux deux premières phases du dialogue, sont attendus ce vendredi à l'hôtel El Rancho pour donner leurs avis et leur consentement sur les modifications apportées dans l'accord. Si tout se passe bien, les acteurs politiques, à savoir le Parlement, l'exécutif et les partis politiques, devraient signer le document. Une autre longue journée de travail qui s'annonce.

Robenson Geffrard
Source: Le Nouvelliste

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