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Namphy et Avril devraient être questionnés par la Justice
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- Publié le vendredi 15 mars 2013 12:07
L'administration en place fait de l'État de Droit l'une de ses principales priorités. Au cours de ces dernières semaines, plusieurs anciens chefs d'État sont dans les collimateurs de la Justice haïtienne. Le président de la République affirme à tort et à travers qu'il ne s'immisce pas dans les dossiers judiciaires. Une bonne chose, dit-on, pour la Justice. Cependant, tout semble indiquer qu'il s'agit d'un leurre. Ceux qui sont pointés du doigt, pour la grande majorité, sont plutôt des opposants au régime. S'agit-il, de persécution politique ? Certains observateurs réclament des poursuites judiciaires à l'encontre des anciens chefs de l'État qui ont causé du tort au peuple haïtien. Font partie de cette triste liste, Henry Namphy et Prosper Avril.
De 1986 à 1990, le chaos régnait en maître dans le pays. L'ère démocratique n'a pas vu le jour après le 7 février 1986. Le peuple haïtien a été foudroyé dans son élan. Son rêve démocratique s'était vite envolé. Les atrocités des militaires et des macoutes, avec le support des chefs d'État, Henry Namphy et Prosper Avril, se multipliaient. Le Conseil national de gouvernement (CNG) était composé essentiellement de militaires. Le seul civil présent dans ce corps a été contraint de démission tant que les atrocités de ce régime ont été flagrantes. Les droits fondamentaux de la population n'étaient pas garantis.
Tous les symboles de la résistance furent réduits à néant. Les macoutes dictaient encore leurs lois. Des coups d'État se succèdent et occasionnaient la mort de plusieurs centaines de nos compatriotes. Au cours de cette sombre période, les libertés d'expression et d'association n'existaient pas. La persécution des opposants politiques et idéologiques étaient alors monnaie courante. Un simple chef de section détenait le pouvoir de vie et de mort sur les résidents de sa section. Ils se chargent des arrestations, détiennent les prisonniers, dirigent les jugements et règlent les conflits.
L'un des Symboles de la résistance, l'église Saint Jean Bosco était la cible permanente des agresseurs. Le 11 septembre 1988, la messe du père Jean-Bertrand Aristide, a été interrompue par une attaque à main armée dirigée par l'ancien maire de Port-au-Prince, Franck Romain. Un massacre. Au cours de l'irruption, au moins treize personnes ont été assassinées et plus d'une cinquantaine d'autres gravement blessées. Les criminels ont incendié l'Église avant de s'en aller. Le père célébrant s'en est sorti vivant grâce aux secours inconditionnels des hommes du lieutenant-colonel Qualo. Le pourvoir central se faisait complice de ces exactions.
Les élections de novembre 1988 en disent long. Au cours de ces dernières, les bureaux de vote constituaient le point de mire des assassins-militaires. Des dizaines de victimes sont tombées à chaque coin de rue. Personne n'a été épargné. Pas même les journalistes et les observateurs étrangers. Les voitures de presse étaient systématiquement visées.
Il y a lieu de poursuites
Fort de ces cruautés inqualifiables, Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits-humains (POHDH) affirment qu'il y a lieu de poursuivre ces anciens présidents du pays. cependant, croit-il, la Justice haïtienne devient plus en plus faible depuis l'accession au pouvoir du président Michel Martelly. Aussi questionne-t-il la capacité du pouvoir en place à juger un ancien haut fonctionnaire de l'État et encore moins un ancien président de la République. Le responsable de la POHDH croit que l'équipe en place n'est pas prête à juger des anciens barrons appartenant au régime dictatorial instauré par les Duvalier.
L'État de droit tant prôné par l'administration en place n'est que pure conjecture. La Justice, selon le défenseur des droits humains, est prise d'assaut par l'Exécutif. « Le système judiciaire est accaparé », a-t-il fait savoir. Il affirme toutefois, avoir confiance dans certains éléments de ce système. L'ancien président de la Chambre des députés, Levaillant Louis-Jeune, de son côté, croit que la Justice ne saurait être indépendante avec Anel Alexis Joseph à la tête du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire.
Jose Flécher
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Source: Le Matin
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