Economie
Le capitalisme a gagné son pari, parce que le communisme n’a pas relevé son propre défi… ?
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« Quand un chef d’État traite ses sujets comme la mauvaise
herbe et la saleté, alors ses sujets doivent le traiter comme
un bandit et un ennemi. » (Mencius, philosophe chinois)
Par Robert Lodimus --- Le premier avait clairement pour objectifs, depuis ses origines qui, selon l’historien Fernand Braudel, remontent au Moyen Âge,d’asservir l’individu. Édenter sa conscience de classe. Vider son intelligence jusqu’à la dernière goutte. Boire son énergie physique, aspirer sa capacité intellectuelle et laper sa compétence professionnelle jusqu’à la lie. Le transformer en paria… Le réduire en esclave du partenariat privé et public pour l’enrichissement éhonté du patronat insatiable, allié traditionnel del’État bourgeois. D’exploiter sa force de travail jusqu’à l’épuisement pour une bouchée de pain et le paiement du loyer d’une mansarde au cœur d’un quartier miteux. Pour l’abandonner, au bout du compte, à 65 ans ou moins, sur le trottoir de la pauvreté impitoyable – avec une pitance de retraite,si possible – pour qu’il achève, le malheureux, de crever comme un chien vagabond. La philosophie politique plautéenne ou hobbesienne a déjà élaboré largement au sujet du phénomène de l’exploitation à outrance de l’individu par l’individu. Karl Marx en a aussi fait des objets d’études.
Le second – de son coté – avait fait le serment d’affranchir le prolétariat de l’impérialisme cupide qu’il a lui-même qualifié de « stade suprême du capitalisme ». De le « désasservir » des machines industrielles et manufacturières qui broient son sang comme l’alcoolique clochardisé vide sa bouteille de mauvais whisky. Il s’est effondré lui-même – comme une vieille passerelle jetée sur un ravin asséché – avec son grenier fantôme rempli d’espoir et d’utopie. Entraînant avec lui dans sa chute controversée tous les acquis sociaux, politiques et économiques des prolétaires. Sa « révolution », malheureusement pour la classe ouvrière, a « foiré ». Pour utiliser un terme quelque peu empirique. 1917 est tombé dans les oubliettes. Et Cuba, malgré tous ses efforts pour sortir du croc-en-jambe de l’embargo que lui imposent les États-Unis, peine encore à retrouver le bon équilibre socioéconomique. Nicaragua boitille. Mais bien avant, Deng Xiaoping avait finalement accepté – pour éviter l’implosion sociale – de tendre les entrailles de la Chine Rouge au bistouri des capitaux privés. Au grand dam de Mao…! Mais pour le bonheur d’une richissime oligarchie chinoise… Deux milliardaires de Hong Kong, les frères Ronnie et Gerald Chan, viennent d’octroyer un don de 350 millions de dollars à la grande université bostonienne, Harvard… Ce geste d’une générosité disproportionnée et douteuse serait inconcevable avant le décès du Grand Timonier de la « longue marche » survenu le 9 septembre 1976, à la suite d’une crise cardiaque foudroyante ?
Vladimir Ilitch Lénine est-il mort trop tôt ?
Les pauvres se sentent aujourd’hui orphelins de discours rationnels, véridiques et réconfortants. Et les plus âgés restent nostalgiques des temps forts, où le salariat conscientisé se battait fermement contre le patronat endurci pour revendiquer le respect de ses droits inaliénables. Faire aussi reconnaître l’importance et l’indispensabilité de ses contributions physique, intellectuelle et professionnelle pour que le monde parvienne à avancer et à s’installer dans l’hémicycle du développement social et le progrès économique solide et durable.
La pauvreté constitue un « aimant » pour le socialisme. Mais pas un terreau… Bien que certains se soient plu à marteler le contraire… Weber l’a souligné à Schumpeter : « Emprunter cette direction conduirait à une misère humaine sans équivalent et à une terrible catastrophe. »(Cf. J. F. Revel, La grande parade, p. 164)
Pot de terre contre pot de fer
Parfois, il nous arrive de penser ironiquement au « poète -voleur » Jean Genet. L’intellectuel a passé une bonne partie de sa vie pour avoir dérobé dans les librairies les livres qu’il voulait lire mais qu’il ne pouvait pas se payer. Des écrivains comme Jean Cocteau, André Breton, Marcel Achard, Jacques Prévert… sont intervenus auprès des autorités judiciaires en sa faveur et ils l’ont aidé finalement à se replacer sur le chemin de la réhabilitation sociale. Au cours d’une audience au tribunal, le juge demanda à Jean Genet s’il connaissait le prix des livres qu’il avait volés. L’accusé répondit qu’il en connaissait la valeur mais pas le prix. Jean Cocteau disait dans une lettre que « Genet volait pour se nourrir le corps et l’âme. » Et nous ajouterions nous-mêmes : contrairement à ceux qui le font pour assouvir leur soif d’enrichissement personnel avec toutes les conséquences désastreuses que l’on sait pour les populations sans cesse grandissantes qui végètent dans les bidonvilles ou les favelas.
Nous constatons que les tribunaux condamnent chaque jour sévèrement les misérables qui volent un pain pour soulager leur faim, comme Jean Valjean, des livres pour s’instruire, une paire de chaussures pour se protéger les pieds, une chemise pour se couvrir le dos… mais se révèlent incapables de sévir normalement contre les « barons voleurs (1) » qui commettent des crimes économiques graves, ruinent des milliers de familles en dilapidant les caisses de l’entreprise qu’ils dirigent, comme Vincent Lacroix, l’ex-PDG de Norbourg, Canada. Le hideux personnage a fraudé 9 200 petits investisseurs pour un montant total de 130 millions de dollars. La « Cour bourgeoise » l’a condamné à six ans de prison, dont trois qu’il a purgé dans la collectivité. L’argent n’a jamais été retrouvé. Aujourd’hui, Vincent Lacroix est libre de ses mouvements. Libre et riche. Jean-Guy Houle, une victime âgée à l’époque de 72 ans, n’en revenait. Avec une perte de 195 mille dollars, il acceptait mal le « verdict » du « système judiciaire » savamment élaboré par l’État des oligarques. « C’est à crever le cœur, qu’un gars qui a causé tant de dommages dans les familles, de déchéances et de malheurs soit déjà libre… Il n’y a pas de justice au Québec! (2)», constate-t-il.
Les « délinquants cravatés » qui œuvrent au sein des trusts, quand ils sont pris en défaut d’avoir détourné des millions de dollars à leurs avantages personnels, d’avoir falsifié les opérations comptables, ont les moyens de verser des cautions substantielles, et de se payer les services des meilleurs avocats pour ne pas attendre leur procès en prison. Ils bénéficient de la complicité de l’État bourgeois qui a institué un système d’« injustice » pour couvrir, protéger les « pourvoyeurs occultes » de l’assiette fiscale. Et quand ils séjournent dans le milieu carcéral, après avoir épuisé tous les recours, ils n’y restent pas longtemps. D’ailleurs, même à l’intérieur du centre pénitentiaire, ils continuent d’être traités en puissants « seigneurs ». En « parrains ».
Dans Le Devoir du 3 janvier 2004, un Quotidien montréalais, Gil Courtemanche dénonce :
« La société dans son ensemble, les gouvernements et les médias en particulier semblent considérer cette forme de criminalité comme une dérive malheureuse mais normale de notre système économique. Ainsi, le président de la Banque CIBC, lourdement impliquée dans le scandale Enron, est toujours considéré comme un homme honorable…
La société trouve parfaitement normal de condamner à cinq ans de prison ferme une bande de mafieux spécialisée dans la fraude des guichets automatiques ou des cartes de crédit et à dix ans un jeune drogué qui se fait trois dépanneurs à la pointe d'un couteau. »
La société capitaliste construit des pénitenciers et ce sont les « infortunés » qui remplissent les cellules. Sans emploi, sans revenu, ces gens-là ont fini par céder aux tentations de la « délinquance de subsistance ». Pourtant, le « pouvoir judiciaire » ne leur reconnaît pas de circonstance atténuante. Dans certains pays, les « juges » vont jusqu’à infliger la peine maximale à des accusés qui ont commis des larcins pour s’acheter quelques pincées de maïs, de farine et un peu d’huile de cuisson. Alors que des chefs d’État, des ministres, des dirigeants de grandes firmes multinationales qui détournent les taxes des contribuables et les fonds des actionnaires sont rarement soumis à des poursuites légales. Très souvent, le scandale est étouffé. Et classé.
Le monde contemporain est entraîné dans une spirale de violences. La guerre éclate en Afrique, au Moyen-Orient entre clans politiques rivaux. Le complexe militaro-industriel fait des affaires en or. Les familles s’expatrient pour échapper aux souffrances de la mort. Elles abandonnent tout. Sous des tentes chauffées par le soleil du désert, elles sont contraintes de vivre sans eau courante, sans électricité, sans nourriture adéquate : sinon que de maigres rations de vivres qu’ils reçoivent des « organismes internationaux de bienfaisance » et qui leur permettent de subsister. L’oligopolisme démoniste allume des foyers de conflits en Lybie, Irak, Égypte, Syrie, Ukraine, Mali, Soudan, pour assurer le cumul des surprofits sur le capital investi dans la fabrication des armes. Malgré toutes les épithètes diabolisantes que la presse occidentale a utilisées pour qualifier le pouvoir politique du colonel Kadhafi, les Lybiens paieraient cher aujourd’hui pour revenir à l’ancienne époque où le minimum social et économique était au moins garanti à la population. La liberté de parole est un signe évident de la « démocratie ». Mais ce n’est pas tout. Il en existe des corollaires. Le droit de parler mais en crevant de faim, dormant dans la rue, végétant dans le chômage chronique, n’ayant pas accès aux soins de santé, cela servirait-il à faire de nous des citoyennes et des citoyens libres? Et c’est la même rengaine qui vient des États occidentaux pour discréditer les dirigeants qui ont lutté bravement pour soustraire leur peuple à la dictature du capital ruineux. Ils claironnent sans arrêt que Fidel et Raoul Castro sont des monstres politiques. Qu’ils briment les « libertés » d’expression, d’association et de circulation des Cubains… Mais ils ne diront pas que depuis le 1er janvier 1959, date de l’entrée triomphale des « barbudos » à la Havane, les fils des ouvriers et paysans sont allés rejoindre les enfants de la bourgeoisie de Batista sur les bancs des universités havanaises. Actuellement, l’île compte plus de médecins au monde par habitants : 6 pour 1000 contre 3 pour 1000 en Europe. L’École latino-américaine de médecine de la Havane forme des milliers d’étudiants, près de 10 000, en provenance de 47 pays en voie de développement. L’OMS baptise Cuba « l’île de la santé ». Ses diplômés répondent à toutes les urgences des catastrophes naturelles qui frappent les régions malchanceuses de la planète. Ils totalisent le nombre de 50 000 sur les continents. 165 professionnels cubains de la santé sont actuellement en Sierra Leone pour aider à neutraliser le virus Ébola qui sème le deuil et la désolation en Afrique de l’Ouest.
Même les justes ne sont pas épargnés
Des millions d’enfants dans le monde n’accèdent pas à l’instruction primaire. Ils n’ont jamais connu le bonheur de dormir dans un vrai lit, à l’abri des intempéries, ni le plaisir de manger à leur faim et de boire à leur soif. Et pourtant, chaque soir ils se recroquevillent dans leur couche de latanier, caressant le rêve silencieux de se réveiller un matin à l’aube pour voir pointer dans le ciel nébuleux de leur existence chagrinante le soleil du désir de « changement » tant idolâtré. Comme les enfants de l’Occident, ils auraient pu finalement penser aux cadeaux qu’ils recevraient du « Père Noël » le 25 décembre, jour de la naissance d’ « Emmanuel », au lieu de prier vainement pour le pain, l’eau, l’électricité, le logement décent qui manquent – trop longtemps déjà – dans le bidonville où ils vagabondent et s’amusent journellement avec les spectres de la délinquance sociale : vol, prostitution, trafic de stupéfiants, assassinat… Avant d’aller remplir les « prisons » que la société bourgeoise a construites pour eux à la place des écoles dont ils ont besoin pour devenir des personnalités utiles, capables de participer de manière dynamique au processus de développement économique de leurs régions.
Chaque enfant pauvre qui naît dans un bidonville insalubre est une bombe à retardement pour la société elle-même. Rendu à l’âge adulte, si cet « engin humain » n’est pas désamorcé, il explosera et causera des dégâts importants, et parfois même irréparables, dans le corps sociétal. Les gosses défavorisés ont donc besoin d’être pris en charge, guidés et encadrés dès leur tout jeune âge. Seulement ainsi qu’ils pourront devenir des femmes et des hommes éduqués et formés, au service de leurs compatriotes et de leur patrie.
La globalisation économique ne s’intéresse qu’à la multiplication des dividendes. Elle n’a pas de scrupule.
De temps à autre un nouveau virus apparaît dans les zones périphériques et opère des ravages au sein des populations vulnérables. La fièvre Ebola défraie ces jours-ci les manchettes dans tous les grands Quotidiens. Pourtant, le virus Ebola a été détecté depuis 1976 en Afrique de l’Ouest et avait causé le décès de plus de 1500 personnes. C’est triste de le dire, mais malheureusement c’est une imparable vérité : les industries pharmaceutiques ne s’intéressent pas à financer et à se lancer dans les aventures des recherches médicales qui ne sont pas financièrement rentables. Lorsque l’épidémie Ebola portera le qualificatif de « mondiale », elles mettront tous les moyens à leur disposition pour découvrir et produire le vaccin miraculeux qui viendra arrêter la course de la maladie. Elles proposeront aussi des médicaments préventifs que des milliards d’individus s’empresseront de se procurer dans les pharmacies par crainte de pénurie, pour éviter contagion et décès. Ce n’est pas pour rien que l’on agite déjà la bannière du virus Ebola comme une grande menace pour l’humanité. Peut-être que le capital a déjà trouvé une autre voie de profit alléchant… !
Nous étions étonnés d’apprendre que des savants travaillent dans leurs laboratoires à créer et à reconstituer des virus dangereux, pour mieux parer au pire, disent-ils. Comme celui de la grippe espagnole qui a tué 21 millions d’individus en 1918. Plusieurs sources avancent même le nombre de 100 millions. Il s’agit de manipulation virale dangereuse qui puisse avoir des conséquences irréparables pour la santé des humains, au cas où l’imprévisible se serait produit…
Tous les moyens sont dans la nature pour gonfler les capitaux.
« Au train où nous allons, bientôt nous n’aurons même plus droit à l’air que nous respirons », avait prédit Fidel Castro. À la séance de clôture du Sommet du Sud, le 14 avril 2000, le Chef révolutionnaire cubain faisait référence aux sociétés de production des biens de consommation possédées par l’appât du gain, qui empoisonnent « l’habitat humain ».
La terre qui était à la genèse un paradis pour l’être humain est devenue un lieu terrible où se propagent les feux inextinguibles de l’enfer. Les systèmes de société actuelle « inhumanisent » les nantis et « déshumanisent » les misérables. Mais comment reloger les uns et les autres à l’enseigne des valeurs morales qui confèrent la dignité humaine ?
Les penseurs progressistes de la planète doivent trouver urgemment des réponses rationnelles – de l’ordre pascalien – à cette question lourde de sens et de responsabilité. Ils ont le devoir impérieux de conceptualiser – en se référant à l’axe typologique de Maurice Duverger ou de Raymond Aron – un nouveau système d’État mieux adapté au rêve des pauvres, dynamiser une nouvelle méthode de lutte contre le « capital monopolistique et avilissant » pour revaloriser les prolétaires.
Robert Lodimus
Graphic: michaeljournal.org
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Référence
1.- Termes désignant les hommes d’affaires américains, et repris par Paul A. Baran et Paul M. Sweezy dans leur ouvrage Le capitalisme monopoliste.
2- Camille Laurin-Desjardins, Agence QMI, TVA, 7 février 20014.
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