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Par-delà la crise électorale :Le conflit débridé des intérêts et l'impunité en Haïti

caricature - arnel Alexis cspj

Rose Nesmy Saint-Louis  ---  Je dormais. Le téléphone a sonné. Samedi, 6:11 a.m. Un nom a apparu à l'écran. Mon ami. Un juriste. J'ai répondu. Il a poussé un très long soupir. C'est sorti de ses entrailles. J'ai ressenti l'atrocité de l'indignation. Il ne décolérait pas. De sa voix rageuse sortaient des propos infâmes. J'ai peur de les reprendre ici. Les guédés se reposent. Toutes ces insultes s'adressaient à une seule institution : le Conseil Électoral Provisoire (CEP). Par je ne sais quel miracle, le volcan s'est éteint. Le juriste ne crachait plus d'injures. Il s'est exorcisé, désintoxiqué. "On n'expose pas sa pensée au soufre politique d'une institution aussi nauséeuse ; ça corrode l'âme," m'a-t-il dit. Et on s'est plongé dans le vrai drame : le conflit débridé des intérêts et l'impunité en Haïti.

 Nous avons parlé de la dialectique spirituelle et matérialiste traitée dans quelques beaux livres : le Diable et le bon Dieu, la non violence et la colère de Jésus Christ dans le Temple de Jérusalem (La Bible), l'égoïsme productif du boucher, du boulanger et du marchand de bière (Richesse des nations, Adam Smith, 1776), la force et la faiblesse du capitalisme (Le Capital, Karl Marx, 1867), la rationalité et la légitimation de la déraison politique et économique (Raison et légitimité, Jürgen Habermas, 1973), la violence des institutions et la possible révolution institutionnelle (Violence et ordres sociaux, Douglass North, 2009), la surconcentration des richesses et les inégalités économiques (Le Capital au XXIe siècle, Thomas Piketty, 2013).

Après un long flottement à travers la splendeur d'une cathédrale d'idées, la conversation s'est dressée. Nous avons trouvé notre solide point d'appui dans le dieu mortel de la liberté dont le visage luisait au soleil de la justice pendant la seule, la première et la dernière révolution des esclaves : Jean-Jacques Dessalines. Aussi ai-je murmuré dans mon cœur cette pensée ô combien révolutionnaire : la justice n'est la justice qu'en action.

Nous nous sommes extasiés devant le spectacle de la vérité. C'est en observant la force agissante de la justice dans le conflit débridé des intérêts qu'on voit si la légalité revêt toute son utilité en Haïti. Nous avons évité de nous méprendre sur la croisée des pensées, des actions et des inactions : les tyranneaux œuvrent pour le maintien du statu quo ; les victimes se font justice eux-mêmes ; les nantis indomptés et heureux de la civilisation dansent avec le sous-développement ; les romantiques révolutionnaires rêvent de la fin de la lutte des classes ; les casseurs de principes moraux sondent les abîmes de la morale civique ; les croyants se remettent à Dieu ; les bambocheurs-idolâtres de l'argent piaffent de joie sur le cadavre de la République.

Le juriste a enfin compris que le drame du conflit débridé des intérêts était trop profond et trop immense pour être l'affaire d'une seule institution, aussi sulfureuse soit-elle. Il a pu désindividualiser les causes d'une crise haïtiano-haïtienne systémique qui ne saurait être résolue que par les Haïtiens résolument engagés dans la lutte pour le Changement réel. Nous avons clos la conversation dans un ton et un esprit patriotiques.

 Puis, drapé dans le confort du silence, une fraicheur se dégageait de mon être. Un calme rassurant m'envahissait. Des fresques de l'histoire du pays se sont rapidement reproduites dans ma tête. La possibilité d'une autre révolution se profilait sous mes yeux rivés à l'avenir. Et j'ai marmonné ces mots : "tout n'est pas du tout fini pour mon pays". Je me sentais libéré, vivifié, exalté, métamorphosé. J'ai sauté du lit. Je me suis regardé dans le miroir. Le masque nègre semblait être sorti d'un tableau Saint-Soleil de Tiga. Comblé d'une haïtianité dure, tranchante, juste et rebelle, j'ai fermé doucement les paupières. Un large sourire illuminait mon visage. J'ai allumé l'ordinateur. J'ai dénombré et développé mes arguments avancés dans la conversation :

 1.Le conflit naturel des intérêts, un moteur de progrès, devient le conflit débridé des intérêts en dehors de la justice dans "L'Homo homini lupus", (Léviathan, Thomas Hobbes, 1651). Le conflit débridé des intérêts en dehors de la justice se transforme en un conflit d'intérêts antisociaux, antinationaux, antipatriotiques, antiéconomiques et anti-progrès. Nous le vivons en Haïti. De cette logique sort une autre logique encore plus désastreuse et ardue : l'issue de la crise de tout conflit naturel d'intérêts individuels aux grands enjeux nationaux a toujours été le résultat du conflit débridé des intérêts engendré par la raison du plus fort. C'est l'essence de la culture politique "fè koupe fè". Dans ce "jeu de poker de crises", les crises conjoncturelles ne sont que les symptômes d'une Crise structurelle, celle de la légitimation de la raison politique et économique du plus

 2.En attendant le domptage spirituel, moral et civique des dirigeants et dirigés, la fermeture des cicatrices sociales, le développement de l'égoïsme intelligent dans l'élite économique, le triomphe de la raison et la fin des inégalités socioéconomiques, les assassins tirent en plein jour sur la justice, la liberté, l'égalité et le vivre-ensemble en Haïti. Ainsi, mes réflexions se libèrent du charme de la justice idéelle pour accéder à la jouissance de la justice juridico-pénale, à la possible transformation des réalités d'un pays pris dans l'étau de la dialectique, au règlement du conflit des contraires en nous et autour de nous : l'animal et l'humain, le sauvage et le social, l'égoïsme et l'altruisme, l'amour du passé et la peur de l'avenir, le courage et la lâcheté, la vérité et le mensonge, l'être et le paraître, la survie et la vie, la quête du bonheur individuel et la poursuite du malheur national.

3.La gestion du conflit débridé des intérêts en Haïti se résume à un seul mot : Impunité. Du lynchage de la candidature à la présidence de Jacky Lumarque — en passant par la vente de postes électoraux et administratifs, la répression populaire, la "privatisation" du Trésor public, les détournements de fonds publics, la mafia municipale, les manquements aux droits et devoirs fiscaux des citoyens, la contrefaçon de titres de propriété, le trafic d'organes humains, la fin du "monopole de la violence légitime de l'État wébérien" (Le Savant et le Politique, Max Weber, 1919) — jusqu'aux crimes de haute trahison nationale et contre l'humanité, tout coule de la même coupe d'amertume à laquelle nous buvons tous : Impunité, le plus capital de nos péchés capitaux, la main invisible qui meut tout dans la société, l'économie et la politique haïtiennes, le Malheur de nos malheurs.

Pour bien bétonner mes arguments, prenons les trois exemples les plus cités dans les débats sur la crise structurelle et les crises conjoncturelles du pays.

❶ La sécurité ou l'insécurité civile et la criminalité

 Bien qu'il y ait une corrélation étroite entre la criminalité et l'insécurité, il ne faut pas les confondre. La criminalité est réelle et quantifiable. Elle est la somme des actes illégaux (meurtres, vols, kidnappings, corruption, etc.) commis dans une société. L'insécurité est le sentiment d'être hanté par le danger. Elle est l'état d'esprit d'une personne, d'un groupe de personnes ou de toute une nation ne se sentant pas à l'abri du danger ou de la criminalité socio-politico-économique. La sécurité, relevant aussi de la psychologie, est un vécu mental, un sentiment incommensurable. Il n'y a pas de sécurité sans la lutte contre la criminalité. Il est impossible de combattre la criminalité sans la justice, laquelle ne fonctionne pas dans le "fè koupe fè", la partialité, la marchandisation et l'impunité. Celle-ci, la plus macabre manifestation de l'injustice, rend impossible la résolution du conflit débridé des intérêts dans notre société.

De ce point de vue, l'insécurité est un état d'esprit provoqué principalement par le manque de confiance des citoyens dans leurs dirigeants et leurs institutions. On comprend alors pourquoi le taux moyen de la criminalité en République Dominicaine est plus élevé que celui d'Haïti tandis que l'insécurité est plus grave en Haïti. L'instinct sauvage en nous n'est retenu que par quelques fils ténus de grandes valeurs ancestrales et culturelles.

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  Le système social, politique et économique injuste nous met dans une violence qui nous pétrit, tarabuste, torture et avilit en tant que nation. L'injustice et l'impunité tétanisent les forces productives de la nation. Le "Cogito ergo sum" cartésien, "Je pense, donc je suis", est violemment défié par le "Je triche, donc je suis" de la vie politique, sociale et économique. C'est pourquoi l'Haïtien réussit facilement partout, sauf en Haïti.

❷ La paix sociale

 Les puissants ont toujours tort. Mais ils ne sont jamais coupables. On est en tort au regard de la conscience humaine et coupable par-devant la justice. Celle-ci repose strictement sur la loi. La conscience humaine, face à l'injustice, est aléatoire et capable de nous conduire jusqu'au questionnement de la conscience de l'inconscient. La sauvegarde et l'amélioration de l'intérêt commun — indispensables à la stabilité politique, sociale et économique et au progrès national — ne doivent pas être livrées à la seule conscience citoyenne. La justice vit et respire à travers l'application de la loi. La conscience citoyenne, utile au ciment national, est loin d'être adéquate pour régler le conflit des intérêts dans un pays où règne une culture administrative de l'impunité et de la corruption depuis deux siècles. Les politiciens haïtiens refusent de donner Haïti à la justice et aux citoyens parce que l'injustice est le ressort de leur ascenseur socio-économique.

 La loi n'est utile au vivre-ensemble que si elle exige, défend, innocente et punit. C'est l'a-b-c de la philosophie juridico-pénale de Montesquieu, la seule force protectrice du bien et du bien-être communs. La loi, mollement appliquée en Haïti, est piégée dans des corrélations perverses : faiblesse institutionnelle = impunité = criminalité = insécurité = instabilité politique = instabilité socioéconomique = aggravation de la pauvreté.

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 Dans ce contexte, les conditions ne sont pas réunies pour la paix sociale dans le pays. Notons toutefois que j'ai évalué la situation de la sécurité civile, sans pénétrer la grande et dense forêt de la sécurité nationale, de nature militaire, cybernétique, institutionnelle, alimentaire, sanitaire (...). Elle englobe la sécurité physique et économique du pays. La protection des intérêts nationaux, principale mission de toute politique de sécurité nationale, est le prolongement de la protection des biens et des citoyens, principale mission de toute institution de sécurité civile. Les deux missions devraient être animées par un objectif ultime : la gestion efficace et efficiente du conflit naturel des intérêts individuels. Ceux-ci ne peuvent être réglés, dans toute "société civilisée", que par la justice, laquelle est incompatible avec l'impunité, la pire ennemie de la paix, de la stabilité socioéconomique, du vivre-ensemble et du progrès en Haïti.

❸ Le délabrement économique : régime politique et ordre économique de l'impunité

Tout régime politique a son ordre économique. Un régime politique économicide a un ordre antiéconomique qui se manifeste à travers la régulation, laquelle, avec les forces du marché, assure le bon fonctionnement de l'économie. Le pouvoir est foncièrement antiéconomique en Haïti. Les principales institutions régulant l'économie haïtienne sont soumises à la dictature de facto du pouvoir exécutif. Elles sont :

  • la Direction Générale des Impôts (DGI), le bras de régulation fiscale du Ministère de l'économie et des Finances, où règnent la prédation, la malfaisance, l'injustice et l'impunité fiscales et la pratique la plus irrationnelle de la fiscalité ;

 

  • la Banque de la République d'Haïti (BRH), pour la régulation monétaire, dont les interventions n'influent pas sur la santé économique du pays à cause de, sans faire le panégyrique de l'institution : (i) la faiblesse de la production et la productivité, (ii) la dégradation de l'appareil de production, (iii) la surdolarisation de l'économie, incontrôlable par le seul gouverneur de la Banque, (iv) la crise de confiance dans la gourde, une monnaie-zombie dans la tête des nantis et réelle dans la croyance et les maigres transactions des démunis, et (v) la violence politique anticonstitutionnelle perpétrée par le pouvoir exécutif contre la BRH en toute impunité ; et

 

  • l'Administration Portuaire Nationale (APN), l'instrument régulatoire du Ministère du Commerce et de l'Industrie — pour la régulation des conditions de production, de stockage, de circulation et de consommation des biens et des services — faisant des recettes douanières la fin et les moyens de la politique commerciale et la vache à lait des régimes politiques plongés jusqu'aux aisselles dans la corruption et l'impunité.    

L'impunité entrave la circulation de l'argent, des services, des marchandises et des marchands. Elle ralentit les activités économico-marchandes, appauvrit l'État, aggrave le chômage, bloque la croissance, et intensifie la paupérisation de la nation. On mesure la performance de la régulation économique en Haïti à l'aune de la corruption et de l'impunité. On ne parle que de régimes corrompus, moins corrompus et plus corrompus. Le superlatif revient à celui qui se baigne le plus dans le conflit débridé des intérêts, le plus hors la loi des hors-la-loi. Le régime le moins corrompu devient le régime le plus idéal. Le lexique politique même se développe dans et avec la corruption et l'impunité. Les expressions malodorantes fleurissent dans le parler administratif : "leve atè a", "ap mennen", "bandit légal", "grand mangeur", "sélection" (au lieu d'élection), "centre de tribulation" (au lieu de centre de tabulation), "gwo nèg se leta".

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Sans analyser les causes du chômage, aux alentours de 70% (du sous-emploi, des emplois fictifs et improductifs), de la situation de 6,2 millions d'Haïtiens avec moins d'un dollar par jour, de la zombification de la gourde et de la mort lente de l'agriculture, l'économie de la corruption et de l'impunité en Haïti est supportée par deux chiffres : le Produit Intérieur Brut du pays (basé sur la Parité de pouvoir d'achat) s'élève à $18,4 milliards et celui de la République Dominicaine à $138,5 milliards. Pour atteindre le niveau du PIB dominicain, Haïti a besoin d'un taux de croissance économique moyenne de 22,08% pour une période de dix ans, de 14,23% pendant quinze ans, de 10,49% pendant vingt ans et de 8,31% pendant vingt-cinq ans. Encore pire :

  • l'économie est incapable de répondre aux investissements initiaux dans les infrastructures et les ressources humaines ;
  • les investissements étrangers et haïtiens sont rares ;
  • la sous-consommation d'une population majoritairement pauvre reporte toute bonne nouvelle de l'épargne nationale ;
  • l'État prédateur n'est en mesure ni d'emprunter directement ni d'émettre des obligations ;
  • Les dirigeants n'ont pas la créativité nécessaire à la mobilisation de l'épargne de la Diaspora.

            Pour améliorer l'économie de ces points de croissance, nous devons aller au-delà de la récitation régulière de statistiques des institutions politiques, économiques et sociales du monde ou de la région. Pour y arriver, la classe dirigeante doit avoir la volonté, le courage, la débrouillardise, la rigueur, la discipline et la créativité politique, technique et intellectuelle. Mais Ils doivent oser. Pourquoi ? Comment ? Pour qui ? Avec qui ?

Réflexion finale : Quoi faire ?

 J'ai appris une belle leçon de l'histoire du pays et de l'Histoire. Lorsqu'une nation se trouve dans une telle tragédie, elle a quatre choix : le consensus social, la guerre civile, la révolution et la résignation. Le choix salutaire dépend toujours de l'état de pourrissement de la situation politique, économique, sociale et institutionnelle du pays. Le tableau suivant illustre les quatre choix, avec leurs avantages et inconvénients.

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Pour enfin régler le conflit débridé des intérêts, il faut changer les mauvaises habitudes entretenues par la culture administrative de la corruption et de l'impunité, changer la société pour le meilleur. La seule route menant à ce Changement passe par le rond-point le plus effroyable aux conducteurs du statu quo : le carrefour de la Révolution. C'est le seul choix salutaire, le plus difficile. Le consensus social est le moins mauvais des trois autres choix. La frayeur provoquée par le mot "révolution" est normale. C'est une entreprise pleine de risques. Premièrement, aux révolutionnaires nostalgiques je dirai que la merveilleuse révolution dessalinienne est, contrairement à son idéal, impensable, inconcevable et impossible au vingt-et-unième siècle. Autre temps, autre monde, autres défis à relever. Deuxièmement, tout révolutionnaire rationnel et responsable doit pouvoir répondre clairement à une importante question : Quelle révolution ?

Je capsule la réponse dans une chaîne logique de douze maillons de raisonnements et de mesures. La chaîne relie les réalités sociales, politiques et économiques du pays :

① tout changera en Haïti lorsque nous aurons appliqué la loi pour la paix, la sécurité, la stabilité et le progrès ;

② cet ordre politique et social, indispensable à l'économie, attend la fin du règne de la raison du plus fort, laquelle requiert l'arrestation, le jugement et l'incarcération des coupables ;

③ pour y arriver, le pays a besoin d'une Révolution institutionnelle, laquelle est possiblement pacifique ;

④ pour ce faire, nous devons nous défaire de la politicaillerie messianique et corrompue, et faire la politique patriotique ;

⑤ cela n'est possible qu'avec un régime politique doté d'un pouvoir progressiste, populaire, patriotique et pragmatique ;

⑥ un tel pouvoir ne peut être que le produit de la mobilisation et de l'organisation des forces révolutionnaires ;

⑦ cette synergie révolutionnaire doit transcender les clivages traditionnels noirs-mulâtres-arabes-citadins-paysans-riches-pauvres ;

⑧ cette transcendance a besoin d'une "Feuille de route nationale pour la justice politique, sociale et économique" sortie de la tête, du cœur et de l'âme d'un groupe de citoyens engagés dans la lutte pour le Changement réel (en créole, français, anglais et espagnol) et adressée à tous les Haïtiens, du plus petit village du pays jusqu'à la Grande Diaspora ;

⑨ ce document, aussi magnifique qu'il puisse être, ne vaut que s'il se matérialise dans des actions révolutionnaires guidées par le leadership par l'exemple ;

⑩ ces actions ne sont utiles que si elles sont intelligentes ;

⑪ elles ne sont intelligentes que si elles sont raisonnables ; et

⑫ elles ne sont raisonnables que si elles sont pragmatiques, c'est-à-dire dénuées de toute passion idéologique aveugle et posées dans l'intérêt national.

 En dépit de l'immensité, de la complexité, de la fragilité, de la dureté et de la dangerosité de la tâche à accomplir, la possibilité n'a jamais été aussi palpable et saisissable. Le pouvoir n'est désormais légitime en Haïti que s'il est révolutionnaire, que s'il est au service de tous les citoyens, particulièrement les masses populaires. Nul n'en est digne sans avoir le courage de braver le péril intrinsèque au règlement du conflit débridé des intérêts, et de dynamiter le principal obstacle sur la route du progrès : l'impunité. Pour ne pas patauger dans un éternel "bouc-émissairisme", selon le philosophe et l'historien franco-américain René Girard, reconnaissons que l'Impunité est le premier bouc à sacrifier sur l'autel de la libération nationale.

 Patriotes et progressistes révolutionnaires HAȈTIENNES et HAȈTIENS, Noirs, "Mulâtres", Blancs, Arabes, levons-nous ! Mobilisons-nous ! Unissons-nous ! Organisons-nous ! Luttons pour une Haïti libre, juste, stable et prospère !

  Rose Nesmy Saint-Louis
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