Culture & Société
Video: Shassy, it girl, chanteuse, vedette d'un sextape
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- Publié le jeudi 6 décembre 2012 15:02
Le 1er septembre 2012, Ticket la place sur la liste des dix filles les plus sexys du pays. L'It girl est belle et provocante. Le 11 septembre, le Wall Street Journal parle d'elle dans un article pour sa chanson « M ap chat ». Elle y brosse un portrait cru et entraînant du phénomène que sont devenus les réseaux sociaux en Haïti. Le 1er décembre, l'animatrice de télévision Shassy se retrouve actrice d'un sextape. Enfant perdue ou prototype de la nouvelle jeune femme haïtienne? Portrait de celle qui chante « telefòn mwen se sekrè m ».
C'est une première dans l'histoire du star-système haïtien. Une artiste connue est la vedette d'un vidéoclip où elle est actrice et metteuse en scène de ses moments très intimes. Malgré elle, dit-elle.
Je n'ai rien fait de mal
Chasmaille Odéra, dite Shassy, 20 ans, la chanteuse de « M ap chat », chanson vidéoclippée qui connaît des heures de gloire depuis quelques mois, y apparaît nue et dans une position sans équivoque. Le fichier a été dérobé de son téléphone ou de son laptop. Elle ne sait pas trop.
Depuis le week-end dernier, le sextape se partage d'email en email, se visionne sur les très petits écrans des téléphones portables, dans les bureaux publics et privés en groupe. Comme on est de plus en plus nombreux, sans distinction d'âge, à avoir un téléphone intelligent, sur les réseaux sociaux comme sur les cours d'école, on disserte et dissèque le fameux clip.
Ceux qui ne l'ont pas vu connaissent quelqu'un qui a les quarante-cinq secondes ou un indélicat qui paierait cher pour l'avoir. Le miniclip fait l'objet d'une vraie chasse au trésor.
Les rumeurs se sont vite mises de la partie. « Le clip était destiné à un rappeur célèbre, c'est la femme de ce dernier qui l'a rendu public ; Shassy, indignée, a tenté de se donner la mort »...
Contactée mardi par Ticket, Shassy a tout démenti. Cette mésaventure ne semble cependant pas déranger la jeune fille outre mesure, selon Ticket.
« D'abord, j'ai été étonnée, et je cherche encore à savoir qui est-ce qui l'a partagée. Mais sinon, ça ne me dit rien. Après tout, je n'ai rien fait de mal. Je dirais plutôt que je me faisais du bien ! », a-t-elle répondu d'un ton moqueur à l'une des questions du magazine sur la fameuse vidéo réalisée par son fiancé qui la soutient dans l'épreuve.
Reine du Rap-bòday
Il faut une certaine assurance pour prendre la question avec autant d'aplomb. Et Shassy en a. La jeune chanteuse n'est pas née de la dernière pluie. A seize ans déjà , elle prête sa voix à la réplique à l'une des plus célèbres chansons grivoises de ses dernières années, « Souke li », autre nom du tube « Rigwaz ».
Pour Shassy, qui ne porte pas encore ce pseudo et fait partie d'un groupe, le succès d'estime qu'elle recueille pour "Nèg la tou chèch", chantée avec Thug Angel, remix d'une chanson interdite aux oreilles chastes, est grand. Elle squatte sur les platines des DJ, dans les cercles des fêtards, les programmes Ti Sourit et autres pool parties. Ces musiques osées ne passent pas sur les ondes des radios.
Les premiers beats du genre naissent au tournant de l'an 2000 pour donner lentement naissance au rap-bòday, un rythme nouveau et, lentement, à un style de vie. Ceux qui composent sont des enfants de bonne famille, issus de nos meilleures écoles. Ils disposent des premières boîtes à rythmes, d'ordinateurs et d'une imagination débordante. La verdeur de leur vocabulaire n'a rien à voir avec le nombre de leurs années. Les nouveaux « chante betiz » sont frais et bien faits, flirtent avec l'interdit. Le succès suit. Faites un tour sur Youtube pour comprendre l'ampleur du phénomène.
Un des DJ, aujourd'hui marié et père de famille, à la base de ce qui deviendra l'expérience rap-bòday, confesse qu'il ne s'attendait pas à tant de succès ni à tant de dérives. « Tout a commencé entre amis. Nous nous amusions. Les premières voix féminines qui chantent les textes osés, personne ne peut les identifier, et elles sont aujourd'hui rangées de toute activité musicale. »
Trop de gros mots crus
Shassy s'inscrit dans ce courant. Elle s'affirme. Si elle n'est pas la première voix féminine à mettre son timbre au service du rap-bòday, elle en est une des figures marquantes. Parce qu'elle aime cette musique « chaude, sensuelle, qui fait danser ». Parce que « j'aime ce qui est hot », lâche-t-elle dans un sourire.
Elle se voit en combattante. Comme Barikad Crew et Rokfam se sont donnés pour le rap, elle, elle l'a fait pour le rap-bòday, clame-t-elle. Pour ce rythme qui rime avec plaisir, avec funny, avec rapidité, avec la vie vive.
Pourtant, elle aussi déplore le tournant betiz nèt ale du rap-bòday qui a porté le commissaire du gouvernement à interdire le dernier titre-phare « Fè Wanna mache ».
« Il faut des textes imagés, faire comme Coupé Cloué. Des betiz pwòp », recommande celle qui attire les téléspectateurs sur la chaîne 28 où elle anime le show 2888.
Une femme totale
Shassy, quand on la voit de loin, on peut se dire : Oh non !!! Pas elle. Pas cette enfant. A cinq pas d'elle, ce sont les scintillements de ses piercings qui vous attrapent. Sa langue, sa lèvre inférieur, son nez, ses oreilles : elle est percée de petits points qui brillent et se laissent voir. Sans répulsion. A quelques centimètres, le sourire de bienvenue qu'elle décroche est désarmant. C'est une charmeuse. Pas de doute.
Ses premiers mots, simples et clairs, ne laissent flotter aucun doute : l'enfant de 20 ans est une femme de tête. Elle est dans son trip de plain-pied. Shassy a des idées bien arrêtées et les arguments pour expliquer ses choix.
Le rendez-vous pour l'interview a été convenu en un appel auprès de son manager, Herby Azor. Aussi son ami, son homme. Tout se passe au local de Tripp TV, la chaîne 28, dédiée aux jeunes, aux genres musicaux à la mode. Sur la route de Frères, Shassy vit entre le studio, la table de montage et la salle de repos. Elle est graphiste, animatrice de l'émission 2888 et vedette maison.
Quand elle ne tchatte pas, elle compose de la musique ou s'occupe de son fan base, prépare son émission tout en tchattant avec ses 2000 et quelques contacts sur bbm et ses plus de douze mille fans sur Facebook. Son travail est reconnu aussi bien par ceux qui critiquent cette fille qui ose trop que par le Wall Street Journal.
« J'étais à la télé quand une dame demande à me rencontrer. Elle s'est présentée comme journaliste et m'a posé un tas de questions. Je fus agréablement surprise quand l'article est sorti», résume-t-elle.
La carrière de Shassy prit un tournant ce jour-là . Sa chanson décrivant des gestes communs à plus de 4 millions d'Haïtiens qui possèdent un téléphone entrait par une autre porte dans la liste des hits. C'est une chanson qui marque une période dans l'histoire de la vie du peuple haïtien. Musicalement, qu'en restera-t-il dans un an ? C'est une autre histoire.
Belle et un peu vulgaire
Pour ceux qui y voient une chanson indécente, Shassy chasse le reproche. De l'indécence? Elle n'en trouve pas du tout dans sa chanson. Elle parle de choses courantes, de cet engouement pour les messageries instantanées qui se développe maintenant chez les jeunes, écrit par Winnie Hugot Gabriel dans Ticket en juillet 2012.
« C'est un fait, on tchatte partout, dans toutes les postures. Et qu'y a-t-il de mal à le dire? », explique Shassy, candide perverse.
« Comme quoi, les choses un peu saugrenues, c'est le public qui les imagine, elle les sous-entend peut-être, mais elle ne les a pas dites. », rapporte Ticket dans ce premier article qui lui est consacré.
Pour ou contre. Fan acquis ou critique farouche. Ça ne l'intéresse guère. "Au moins ma chanson ne vous laisse pas indifférents. Et voilà pourquoi vous en parlez justement», avance celle qui a compris qu'il n'y a pas de mauvaise publicité.
Plus tard, Ticket, dans son numéro 694 du 1er septembre 2012, présente ainsi Shassy : « Impossible pour celle-ci de passer inaperçue ! En effet, son style tape-à -l'œil, ses vêtements qui ne cachent presque rien et son langage coloré, à la limite du vulgaire, font de Shassy une personnalité autant aimée que détestée.
Présentatrice de 2888 sur Tripp TV, Chasmaille Odéra, 20 ans, a également un vidéoclip très controversé à son actif. Mais tout cela mis à part, il faut reconnaître que celle qui chante ''M ap chat'' avec Izolan est bien cute et possède une physionomie intéressante, quoique dépourvue des courbes affriolantes de la star Nicky Minaj, son modèle. Sans tous ces accoutrements dont elle est friande et qui détournent l'attention de sa belle plastique, il y a de fortes chances que Shassy passerait pour charmante ! ».
Combien de Shassy ici ?
Le compliment est tordu et mi-figue, mi-raisin. Mais Shassy est bien sur la liste des filles les plus en vue, les plus désirables du pays.
Et c'est là que son histoire prend tout son sens. Quelles jeunes filles refuseraient de se laisser filmer dans des postures affolantes de nos jours en pleine dictature du portable ?
Qui ne rêve pas de devenir, à tout prix, une star ?
Quelles sont les portes de sortie honorable que la société offre aux jeunes des deux sexes ?
Les conseils de la victime
"Sachez protéger vos secrets, mettez des mots de passe sur tous vos équipements électroniques, ne laissez pas vos téléphones et ordinateurs à la portée de n'importe qui", tels sont les conseils de Shassy pour se protéger des curieux.
Infatigable amante de la vie et fidèle à son style de vie, Shassy conclut qu'il ne faut pas cesser de vivre pour autant. "Fè dézòd, men fè atansyon, save sekrè nou".
Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste
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