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Haiti - Histoire: Dessalines voulaient libérer la Guadeloupe et la Martinique, selon des documents coloniaux

jeanjacquesdessalines

"Mwen resi konprann sans pawòl ki di: Nou pa konn ki mò ki touye Lanperè"  (Norluck Dorange)

Rapport de la conduite qu'a tenue M. Roberjot LARTIGUE, au sujet de l'entreprise formée par Dessalines pour soulever la Martinique, la Guadeloupe et Marie-Galante.

Pendant que M. Roberjot Lartigue a fait le service à St-Thomas, en qualité d'Agent et en qualité de Commissaire du Gouvernement français, il a fait dissoudre et déporter de St-Thomas un club de nègres et de gens de couleur qui étaient envoyés par Dessalines , chef des révoltés de St-Domingue, afin de parvenir à passer dans les colonies françaises pour soulever la Martinique et la Guadeloupe , et au mois de Décembre 1805, Dessalines expédia de St-Domingue des émissaires pour exécuter le projet monstrueux de descendre à la Martinique et à la Guadedeloupe, d'y assassiner tous les habitants, de brûler les villes, de soulever les nègres et les gens de couleur, libres ou esclaves , et d'y former 14 régiments s'en rendre maître et établir l'indépendance de ces deux colonies.

M. Roberjot Lartigue, agent à St-Thomas, prévenu des projets destructeurs de Dessalines, s'empressa de prévenir le Général et le Juge de St-Thomas; il leur demanda de défendre (interdire) les relations commerciales de St-Thomas avec les nègres révoltés de St-Domingue. Le Gouvernement danois rendit alors un arrêté, le 15 Octobre 1805, qui défendait à tous négoçiants et capitaines de navires de commercer et communiquer avec lès révoltés de St-Domingue, sous peine de la confiscation du navire , de sa cargaison et de 10,00o francs d'amende, mesure qui fut nécessaire pour couper toute communication avec les esclaves et gens de couleur révoltés de St-Domingue. M. Roberjot Lartigue demanda encore au Gouverneur des îles Danoises de lui fournir les moyens de déporter tous les nègres de St Domingue qui étaient à St-Thomas. Il s'y trouva même plusieurs autres personnes qui se prêtaient aux projets de Dessalines qui furent déportées.

M. Roberjot Lartigue n'a eu qu'à se louer du Gouverneur, du Commandant et chef de la police danoise, par l'empressement qu'ils ont mis à être utiles aux intérêts et au salut des colonies françaises.

M. Roberjot Lartigue prévint M. l'Amiral Villaret, Gouverneur de la Martinique, M. Ernouf, Gouverneur de la Guadeloupe , le Général Ferrand, à St. Domingo, le Commandant de St-Martin, et les instruisit tous des projets de Dessalines de soulever toutes les colonies françaises, de s'en rendre maître par les moyens les plus audacieux et les plus criminels. Le Général Ernouf envoya de suite un Aide-de-camp, pour aviser avec M. Roberjot Lartigue aux mesures que les circonstances exigeaient. Tous les autres Gouverneurs firent aussi prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir leurs rivages de l'approche de Dessalines et des émissaires qu'il avait expédiés pour soulever les colonies, et particulièrement la Martinique et la Guadeloupe.

Le plan de Dessalines était de descendre aux fêtes de Noël 1805, pour exécuter cette horrible entreprise. Pendant la nuit des fêtes de Noël, cette troupe d'émissaires chercha en vain à descendre à la Martinique et à la Guadeloupe. Ils n'abandonnèrent pas pour cela leur entreprise désastreuse et criminelle. Ils furent (sic) alors descendre à la Trinité espagnole, au mois de Décembre 1805, la veille des fêtes de Noël, mais leur dessein fut aussitôt découvert, parce que plusieurs négresses marchandes qui étaient en nombre dans les chemins, pour soulever les nègres et les mulâtres , chantaient : le sang des blancs est bon pour boire ; la chair des blancs est bonne pour manger; ( vive Dessalines ). Le Général Isloop , gouverneur de la Trinité, fut prévenu. Il envoya de suite des troupes pour arrêter les marchandes, les nègres, les mulâtres, les étrangers et ceux qui étaient réunis. Beaucoup de tout sexe furent pris et mis en prison. Le lendemain on procéda à faire des informations et à juger les coupables. 30 chefs de couleur eurent la tête tranchée; il y eut plusieurs autres peines prononcées ; quantité furent déportés, et, pendant longtemps, on resta armé pour remettre l'ordre. Les témoins qui déposèrent, et un des accusés , déclarèrent que l'ordre de Dessalines était d'assassiner, la nuit de Noël, tous les habitants, de brûler la ville, de soulever les esclaves et d'y nommer un Roi.

M. Roberjot Lartigue fit prendre, à la Trinité, copie du Jugement et l'envoya à M. Moreau de St-Méry, Conseiller d'Etat, pour lui donner la publicité qu'il jugerait convenable.

Certifié véritable, à St-Thomas, Ile Danoise , le 20 Mai 1806

Signé ROBERJOT LARTIGUE.

Source: Roberjot Lartigue, Bibliothèque Nationale de France

Soumis à Tout Haiti par Norluck Dorange

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