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Je nomine, tu nomines...À force de nommer sans y faire trop attention, le gouvernement Martelly-Lamothe a dû revenir sur des décisions prises
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- Catégorie : Opinions
- Publié le samedi 18 août 2012 17:00
À force de nommer sans y faire trop attention, le gouvernement Martelly-Lamothe a dû revenir sur des décisions prises. Bill Clinton aura un nouvel homologue. En moins de trois jours, l’exécutif a dû remplacer un coprésident fraîchement désigné au Conseil consultatif présidentiel pour le développement économique et l'investissement.
Pire, l’arrêté du premier n’a jamais été publié, mais existe bel et bien. Signé et plié. « Un arrêté chasse un autre », confirme une source haut placée de la présidence, qui parle « de gros grain de sable dans la machine » pour qualifier ce couac.
Dans un autre cas, le directeur général de la Caisse d’assistance sociale, lui, a eu le temps d’être installé avant que le gouvernement ne fasse machine arrière toute.
Pour le moment, personne n’est encore nommé à la tête de la CAS, structure d’assistance du ministère des Affaires sociales. Le communiqué officiel annonçant le retrait du dernier installé n’a désigné aucun nouveau directeur général. Cela en fera le troisième depuis que Michel Martelly est président de la République.
Le directeur du Centre de facilitation des investissements, choisi cette semaine, sera lui aussi le troisième en quinze mois de cet organisme duquel le gouvernement Martelly Lamothe attend des miracles.
Même scénario pour certains ministères clés comme celui de l’Éducation nationale. Entre le dernier ministre de René Préval et celui en poste aujourd’hui, en moins d’un an, le secteur a été piloté par un super conseiller qui n’a pas eu le temps d’être ministre, par un ministre débarqué par SMS, et, depuis peu, par un directeur général qui vient de passer un mois en poste avant d’accéder au rang de ministre.
Pas étonnant que pour ses deux rentrées des classes, le gouvernement Martelly-Lamothe ait décidé de demander un sursis au profit des parents et d’allonger les vacances des élèves. Rien ne peut être prêt à temps dans de telles conditions d’instabilité au ministère de l’Éducation nationale.
Ministres sans ministère, directeur général adjoint sans bureau ni affectation, conseillers, membres de cabinet, salaires, frais, consultations, cortèges, per diem, privilèges et titres sont plus faciles à distribuer que ne l’est la récolte des résultats.
L’impatience gronde. Plus dans le rang des maîtres du gouvernement qu’au sein de la population qui lit bien que l’impréparation et la précipitation sont naturelles et excusables.
Je nomine, tu nomines, ils nominent… à la recherche de la bonne formule au risque d’étourdir le frêle esquif de l’État et d’anéantir, une à une, les ambitions des embarqués des premiers jours déjà renvoyés à leur rêve de longue carrière toute sirène hurlante.
Frantz Duval
Le Nouvelliste