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Le clash: forces populaires contre les forces de police (Espagne vs Haiti)

manifestation 30 sept 2017 10 touthaiti

Les victimes de  violence au cours des manifestations: Quel en est le  traitement? Comment en arriver à des démonstrations des rues “non-violents”?

Le 8 Octobre 2017  ---- Michelle Mevs:   Que ce soit en Espagne ou  en Haïti,  les populations veulent faire entendre leur voix en masse  quand les autorités restent  sourdes à leur besoins.  Actuellement en Haiti: On descend dans la rue parce qu'on est en colère et pour forcer le recul des décisions fiscales abusives des autorités. C'est une forme  de pression politique toujours contrecarrée par sa contrepartie:   la force policière sous férule gouvernementale.  Tout dérapage, toute violence sous-entend  victimes qu'ils soient -manifestants et même policiers -  inévitable conséquence  à bilan variable.  Sans ignorer la casse!  Violence, victimes, casse, ce  qui  obligerait  à réparation.  En Espagne un juge s'y intéresse. Les AUTORITÉS JUDICIAIRES  ont certes leur partition à jouer sinon le principe démocratique vacille. Quelques éléments pour expliquer comment cela se passe ou   les failles éventuel  du système.

Commençons par le principe  de “proportionnalité” concernant  l´armements à disposition de la force de police comparé à celui aux mains des manifestants. A vrai dire,  cela ne rappelle-t-il pas le  “fistibal” de David contre la force colossale d'un  Goliath? Décrivons-le: la violence  des forces de police “armées”, bien communiquées, bien entraînées,  bien nourris, en habits adaptés et  boucliers de protection,  en possession d´armes dissuasives efficaces soit:  balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes,  jets  d'eau puissants -- dont l'objectif  est de contrôler les dérives mais en Haiti plus récemment de  disperser les manifestations.

Tout citoyen  du plus ordinaire au plus sophistiqué  s'inquiète de la violence  et donc évitera de participer aux manifestations des rues -sauf contre paiement pour les plus démunis-,  car les armes --abondamment utilisées par les forces de police nationales haïtiennes--- ne correspondent nullement par leur puissance ou efficacité  à ceux des manifestants qui sont tout de même assez menaçants, il faut l´admettre . Mais il y a pire:   les arrestations arbitraires sans obligation de documentation légales  ou sans suivi. Rappelons le mécanisme psychologique de la police: Le bon ordre est de leur côté! Malgré  leur crainte de passer pour des pourfendeurs de peuple.  La PRESSE VISUELLE  leur faisant  particulièrement offense.     

En comparaison les armes populaires des manifestants en haillon, sans job, affamés et sans recours,  -poussés par un fort sentiment d'abandon et d'injustice  justice-, consistent en  jets de pierre, en fumée intoxicante des pneus, en arrêts de la circulation,  blocage des activités de tous  secteurs,  recours  à la casse assez souvent.  Psychologiquement: la peur au ventre,  des blessures, contusions graves ou moins graves  qui ne trouveront aucun traitement hospitaliers gratuits, arrestations, et au-dessus d'eux la mort qui plane. Néanmoins,   loin de  décourager les participants, toute  contre-attaque policière   ne fait  que  radicaliser une  population sous pression de  l'urgence, avide d'un changement.  La PRESSE lui servant de moyen  de transmission à un plus large publique.

QUESTIONNEMENT: La charge de la force  policière contre les manifestants  est-elle condamnable par la justice?  Quand les policiers  suivent les ordres venus d'en haut en vue de -- disperser la foule des manifestants ou de stopper leur parcours--, quelles devraient-être  leur limite d´intervention? Les officiers de police pourraient-ils  être individuellement responsables des dérapages, des excès ou agressions brutales,  lésions, blessures graves ou légères subies par  les manifestants?  Et les arrestations? Quand sont-elles justifiées et  qui s'en préoccupe, qui en fait le suivi? Autant de questions d'intérêt public.  En retour, quand c'est les  policiers qui subissent  des agressions due aux attaques voulues ou accidentelles des manifestants, serait-il  permis de croire que des polices d'assurances les protègent?

En Haïti,  ON S'ATTEND AU SCHÉMA HABITUEL LORS DES MANIFESTATIONS: des  manifestants subissant  des agressions corporelles et eux pour riposter  s'activant  à la casse. L´assurance internationale omniprésente pourra récompenser les propriétaires  victimes, ceux qui ont les moyens de se payer des polices d'assurance à prix d'or. Mais qu'en est-il des  autres?  Qui en profite? Dans ce cas,  les grandes compagnies internationales d´assurance.

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PRENONS EN EXEMPLE CE QUI S'EST PASSÉ EN ESPAGNE.

Sur le même sujet, la violence exercée par  la Police Nationale lors  du référendum en Catalogue du 1er Octobre courant nous interpelle. Les policiers se sont donc déployés  avec détermination pour mettre fin à l'activité des bureaux de vote en interdisant l'accès au public,  en barricadant  les portes.  Par la suite,  on dénombre plus d'une centaine de blessés. De nombreuses  plaintes sont portés par devant la  justice contre la police  pour utilisation de violence et un juge accepte de les recevoir. Il est intéressant  de sonder  le point de vue du  juge catalan sur la question.

Si pour Madrid siège du gouvernement central espagnol,  il s'agissait de restaurer l'ordre constitutionnel à tout prix, par contre, pour la Generalitat de la Catalogne c'était  essentiel  de confirmer la  détermination de la majorité catalane à réclamer leur 'indépendance. Ceci,  explique  les positions des partis.

PLAINTES DE LA POPULATION ET DE LA POLICE AUPRÈS DE LA JUSTICE:

Au cours de cette opération de police du 1er Octobre à Barcelone des échauffourées ont eu lieux de sorte que de nombreuses plaintes ont aboutis aux main de la justice. Un magistrat a décidé de statuer sur 130 rapports médicaux de “blessures mineures, ecchymoses et écorchures” y compris 2 blessés graves, conséquence de la fermeture imposée  par la police de 23 bureaux de vote.  A noter d'entre ces plaintes, ceux  de 20 agents de police souffrant de  lésions et 36 attestations médicales imprécis sur les lieux des faits ou autre inconsistance.

QUE DIT LE JUGE ESPAGNOL  sur la question de  violence contre manifestants? 

1.Le juge ordonne une investigation des faits pour situer les responsabilités lors de la manifestation: L’investigation ou l'enquête est clé dit le juge. A cet effet les enregistrements sur place effectués par le public et les professionnels de la presse  seront examinés. Motivation: Le droit  sacré qu'ont les  citoyens à exprimer leur opinion. 

2.Puis, le juge cherche à  décider si ces lésions sont intentionnelles ou accidentelles. Pour cela il  lui est nécessaire de faire dans le détail,  le lieu précis  òu a eu lieu l'incident  et comment il s'est produit... 

3.De plus, le juge cherche à décider  s'il y eût réponse dite “proportionnelle” aux actes des  manifestants ou ceux de  la police. 

4.Le juge ne condamne pas les manifestants au nom du droit demais questionne le  critère légal qui sous-tend  la  convocation à manifestation.  "Lo que era ilegal y constitutivo de un presunto delito de desobediencia" era la "convocatoria, organización y promoción del referéndum", razona el juez. 

5.Toutefois, il soulignebloquer de manière violente l'action policière et leur créer des tors est condamnable. 

6. Finalement, Le juge veut déterminer l'esprit qui domine la démonstration: Démonstration pacifique ou violente?  résistance pacifique ou active ou même engagé dans la provocation? ou le contraire: la violence.

En Haïti.

L'IMPASSE: Aucune démonstration n'est vraiment pacifique. La peur de dérapage  prend la tête et  décourage le citoyens  alors qu'ils sont nombreux qui souhaitent participer de manière plus active  à la politique du pays. Aussi,  toute une partie  de la société évite la mobilisation sans le vouloir.  Attitude qui est nullement  inclusive dans cette  société  en déliquescence  et  franchement  préjudiciable à la majorité   démocratique.  Quand il y a eu violence, le judiciaire ne  devrait-il pas  s´impliquer, comme le fait le juge en Espagne, devenir   parti-prenante du changement en  s'appliquant  à recevoir les plaintes des victimes,  à l'obtention des bilans ou résultats d´enquête sur les abus  adevnus au cours de chaque démonstration  et finalement  délibérer sur  l'attribution  des fautes et fustiger l´irresponsabilité.

UNE QUESTION BRÛLANTE ET ACTUELLE: Quelle alternative trouver quand la norme  démocratique  ordonne  d'accepter  la perdurance  d'un gouvernement dont la  mauvaise gestion, la  corruption, ne laisse rien à espérer?  Après d'innombrables  démonstrations, le déchaînement populaire généralisé  fait place à une violence accrue qui ne fait que s'intensifier dans la colère.  L'extrême violence ne va-t-elle par faire feu de tout bois au pays?

LISONS DONC  L'ARTICLE  DU 30 SEPTEMBRE 2017 DU  MAGAZINE ON LINE LOOP NEWS PARU SOUS LE TITRE: MANIFESTATION DE CE 30 SEPT. VIGOUREUSEMENT DISPERSÉE. “...Des militants qui chantent : « Jovenel doit partir » dénoncent une certaine violence des policiers qui auraient tiré sur des manifestants, généralement, au niveau des membres inferieures. La PNH a effectué plusieurs arrestations, vigoureusement lancé des bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants dont certains se sont attaqués à des magasins, lancés des pierres, enflammés des pneus et cassés des vitres de voitures. A noter des infiltrations pro-gouvernementales promouvant la violence. Des personnages politiques comme le sénateur Antonio Cheramy, Assad Volcy ou l’ancien candidat à la présidence Moise Jean Charles ont accompagné la marche. Mais aussi des responsables de syndicats comme Josué Merilien”.   “...et toute atteinte à leur personne aurait provoqué le drame.

 MAIS ENCORE LISONS CE QUE HAITI REPORT  A POUR SA PART ANNONCÉ CONCERNANT LE BILAN DE MANIFESTATION DU 5 OCTOBRE 2017 : DÉJÀ DEUX BLESSÉS PAR BALLE. Attention: Les blessés n'ont pas été signalés. Au moins deux manifestants sont blessés par balle au niveau de Bel-Air. Des témoins affirment que des « hommes en noir » ont pris la foule à partie alors qu’elle sillonne les quartiers populaires afin de se renforcer.  Pris de peur, la plupart des protestataires sont présentement dispersés malgré la présence des forces de l’ordre. La « manifestation suivra le même parcours » promet un militant.  Les manifestations contre le budget lancées par la COD -Coalition des Organisations Démocratiques-  doivent avoir lieu  les jeudi 5, samedi 7, mardi 10, jeudi 12, samedi 14 et le mardi 17 octobre 2017. Dans les villes en de province, des manifestations doivent avoir lieu à Petit-Goâve, Saint Marc, aux Cayes, Jacmel, Cap Haïtien et à Ouanaminthe.

RESPONSABILITÉES PARTAGÉES:

 Mobilisation, marche, manifestation à répétition...Attendons-nous à des pertes en vie humaine ou à des blessures graves, à des véhicules incendiés, des devantures endommagées. Mais à quoi cela mène-t-il dans le moyen terme? Les institutions de l'état ne comptent-elles pas? Sont-elles tout seulement inadaptées à résoudre nos problèmes?   LE JUDICIAIRE  ordonnera-t-il  enfin  des investigations ponctuelles sérieuses à ces excès de violence et prendra-t- il  charge d´un tel dossier?  Faudrait peut-être  que la PRESSE  à défaut d'autres entités,  s'engage elle-aussi à la tâche  fastidieuse mais utile  du dénombrement exhaustif des victimes que ce soient du côté des manifestants ou de la police ou en biens meubles et  véhicules endommagés.

APPEL À PARTICIPATION DE MICHEL-ANGE GEDEÓN, LE DIRECTEUR DE LA POLICE NATIONALE PNH. Lui  qui   déclarait en 2016 lors de sa nomination:

« La politique a déjà fait du mal à notre institution. Sous mon leadership, je veux une police neutre, loin des clivages politiques, professionnelle,  qui assure la sécurité du citoyen, quelle que soit la couleur de sa peau... »

 Si en hébreu le mot Gédéon signifie “puissant guerrier”, espérons que l'esprit de ce  “Gédéon” qui fut à la fois  - juge et guerrier- de l'Israël historique,  influe  suffisamment de souffle à Michel-Ange pour que -fort de ses propres paroles-,  il puisse aider à propulser un nouveau mode de manifestations. Contrairement à ce qui pourrait paraître,  sa participation, étant donné sa position  d'importance au pays,  devient  nécessaire au dossier rétablissement de l'ordre d'autant plus qu'il n'est pas chef de police d'un gouvernement mais celui de l´Etat haïtien.  A cette fin, une plus forte collaboration avec le judiciaire --qui réglerait les problèmes d´abus  en aval--,  avec la presse --dont le  reportage servirait à  produire   les évaluations  factuels des violences pour  permette  d'y apporter des rectificatifs--. L'objectif: permettre à tous  les citoyens de faire dans  la contestation qu'ils soient nantis ou prolétaires,   pour manifester --ensemble ou séparément--  sans aucune crainte de menace physique  et sans crainte d'agression de la part de la police. Une concertation plus soutenue mais surtout une conscientisation plus citoyenne chez les  organisateurs de manifestations liée à une approche plus modérée dans l'utilisation des armes de  la police,  servirait la non-violence.  Le nombre de manifestants importe puisque la  démocratie parle de majorité  or actuellement seuls le plus hardis ou révoltés  et  les infiltrés   s'y mettent!  La violence des  manifestations  est un outrage d'autodestruction  des  haïtiens entre-eux, elle devrait sinon cesser du moins être contrôlée pour faire à la baisse..     

Fin

Bref:    Pour en arriver à  un mode de démonstration non-violent au pays sans toutefois baisser les bras et bien au-delà...L'engagement de différents secteurs dans cet objectif  fédérateur est souhaitable.

Les Organisateurs de démonstrations et contestation divers: Ne devraient-ils pas comprendre que les démonstrations ne doivent pas faire dans la violence mais plutôt dans le nombre. En plus, il est déterminant que ceux-là  se trouvent  des instruments légaux pour forcer les institutions gouvernementales à agir pour le pays.  Qu'ils s'entendent  avec les   forces de police, les associations,  collectifs, et institutions de défense publiques, pour exercer plus efficacement leurs droits de protestation non-violentes, de mobilisation pacifique, de grève concertés.     Ne devront-ils pas également travailler aux éventuels recours que sont la révocation de privilèges, les actes d’accusations publiques et les sanctions à renforcer dans un cadre légal et constitutionnel, sans omettre des propositions de réformes?

La Police ne devrait-elle pas questionner  la proportionnalité de ses grands moyens  de dissuasion par rapport aux outils des  dissidents. Mais également  maintenir un contact plus serré avec les organisateurs de manifestations qui devront se responsabiliser eux-aussi,   de  la sécurité des adhérents à leurs mouvements des rues. En ce sens, il ne sera plus nécessaire aux forces policières de chercher à disperser une manifestation si elle est non-violente.   

Le Judiciaire Ne devrait-il pas se charger des plaintes suite aux manifestations, ordonner des enquêtes sur les violences encourues par la population?  Et justement  porter jugement et  soumettre des lignes rectificatives selon son bon jugement? Enfin se mettre au travail pour promouvoir l'application des lois.

La Presse ne devrait-elle pas se mettre à  encourager la non-violence, produire des bilans exhaustifs post-manifestation, s'engager davantage dans une meilleure  compréhension du public quant aux  objectifs divergents des protagonistes par des analyses en profondeur  tout en  esquissant  des propositions sérieuses?

Pour avoir  un pays d´ordre et de progrès  faudra le vouloir, faudra l'organiser.  C'est ainsi qu'on aime Haiti et qu'on la souhaite non-violente.

 Michelle Mevs

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