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Nouvelle ambassadrice, même politique

ambassadrice-americaineLa  nouvelle ambassadrice américaine en Haïti, Pamela Ann White, a remis hier matin ses lettres de créance au président de la République, Michel Joseph Martelly. La diplomate, qui connaît bien Haïti pour avoir occupé le poste de directrice de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), de 1985 à 1990, revient en territoire connu. Après une vingtaine d’années de mission  dans plusieurs pays d’Afrique, Mme White est dans nos murs pour une période de trois ans. Comme tous les autres diplomates américains en poste à Port-au-Prince, elle a promis l’aide de son pays à Haïti et se déclare prête à appuyer les efforts de tous les secteurs concernés dans le développement économique et social du pays de Dessalines.

L’arrivée de la nouvelle ambassadrice américaine en Haïti semble coïncider avec une éventuelle révision de la politique américaine vis-à-vis d’Haïti. La remise en question de la gestion de l’aide américaine à Haïti à travers l'USAID par les puissants médias américains, les promesses d’investissements américains dans notre pays, l’engagement pris par l'administration Obama d’améliorer l’image d’Haïti à travers le monde représentent les dossiers brûlants auxquels la nouvelle ambassadrice va devoir s’attaquer à la loupe de la conjoncture politique haïtienne.  Ordinairement, les différents rapports de la mission diplomatique en poste dans un pays sont pour la plupart déterminants dans le développement des relations entre les Etats-Unis et les autres pays. Souvent les rapports de l’ambassade américaine à Port-au-Prince encouragent le Département d’Etat à demander aux citoyens américains d’éviter de se rendre en Haïti pour le moindre incident enregistré dans le pays. A l’occasion des différentes élections organisées en Haïti,  la position adoptée par le gouvernement américain est fondée a priori sur des rapports de l’ambassade américaine. Les rapports annuels du gouvernement américain sur la drogue, sur les droits humains et sur la corruption dépendent également de l’ambassade américaine.

En général, la position de l’ambassade américaine varie d’un pays à un autre en fonction des investissements américains dans ces pays.

Si l’homme de la rue n’accorde aucune importance au changement d’un ambassadeur américain en poste à Port-au-Prince, il en est autrement de la classe politique haïtienne depuis 1989 sous le gouvernement du général Prosper Avril.

La désignation de Alvin P. Adams comme ambassadeur américain en Haïti, en 1989,  a été révélatrice du poids des Etats-Unis dans la politique haïtienne et du rôle de l’ambassadeur sur le terrain. En foulant le sol d’Haïti à cette époque, le diplomate a eu à dire en créole: « Bourik chaje pa kanpe » (l’âne chargé ne s’arrête pas en chemin). Il faisait référence au gouvernement militaire du général Prosper Avril. Moins d’un an après cette déclaration, ce dernier a été contraint à la démission après une vague de contestations. Pourtant, le nom de l’ambassadeur n’avait été cité dans aucune manifestation antigouvernementale ni aucun soulèvement contre le général Avril.

Lemoine Bonneau
Source: Le Nouvelliste