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Ainsi meurt la Gauche Haïtienne
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- Publié le samedi 3 juin 2017 18:58
Il y en avait ceux qui rêvaient de séjourner à Moscou, d’autres qui souhaitaient demeurer à la Havane et la plupart qui songeaient à visiter le Mur de Berlin. L’idée n’était qu’à se procurer d’une biographie loyaliste. Ce profil fantasmé était souvent la méditation quotidienne des hommes de gauche d’Haïti qui avaient voulu confirmer leur appartenance à l’espace Marxiste.
Ils étaient évidemment les composants d’un cocktail imaginaire qui devrait leur léguer un pays sans inégalités, sans affamés et sans abus. À l’inverse, les gauchistes haïtiens avaient dû avaler un mélange honteux d’un pays le plus inégalitaire des Amériques, saturé de sous-alimentés et rassasié d’outrances.
La gauche haïtienne a ainsi vécu de ses regrets, détenant une histoire d’exil et d’ostracisme. Ses membres ont presque tous fait la prison; les moins chanceux ont connu les baïonnettes des dictateurs et les fusillades en plein air.
Néanmoins, une plateforme de cette gauche avait pris le pouvoir en 1990 pour s’autodétruire en peu de mois. D’ailleurs, au lendemain de la date victorieuse du 16 décembre 1990, la mutilation de la gauche a machinalement commencé. La concurrence du choix d’un Premier Ministre, les luttes intestines et les intérêts trop personnifiés sont les catalyseurs d’une implosion avilissante. Le jeune président Aristide se voit, plus tard, lâché par ceux qui l’ont promu en vivant ses jours politiques dans l’incertitude et la nuisance.
Dans l’intervalle, les idéologues du mouvement de gauche en Haïti n’arrêtent point de créer des particules politiques sans avenir, des alliances contre-nature et des plateformes électoralistes sans fondement. De 1990 à 2016, plus d’une vingtaine de coalitions politiques de foi gauchiste ont malencontreusement vu le jour. Or, le message socialiste et/ou communiste a été à peine écouté.
Les ans ont passé ; les apôtres du socialisme haïtien deviennent de moins en moins crédibles. Plus d’un se sont convertis à d’autres tendances qu’ils avaient censurées dans le temps; une pléiade d’entre eux ont fait des revirements dans des camps opposés.
C’est navrant que peu de gens restent fidèles à l’idéologie de gauche en Haïti. Les doigts de la main paraissent trop nombreux pour recenser ceux qui demeurent pieux. Turneb Delpé est l’un des rares personnages qui rêvaient d’une franche causerie entre tous les secteurs existant sous le ciel d’Haïti. Il a fait vainement campagne pour une « Conférence Nationale ». Il a dû mourir le 27 mai dernier à New York, loin de ses rêves et de son idéologie.
La mort de Turneb est l’annonce d’une fin taciturne de la Gauche. Détenteur d’une honnêteté inouïe, Dr Delpé a sauvé son nom d’entre tous les indignes.
Cette gauche, qui se vante souvent de porte-bonheur, n’a pas pu survivre toutes les turbulences post-dictatoriales. Des figures emblématiques sont emportées soit par la mort soit par des courants politiques très alluvionnaires. Et, la Gauche va décroissant ; il lui reste à peine les débris. Toute une culture d’idées socialistes s’évapore. Ainsi trépasse la Gauche Haïtienne !
Jean-Rony Monestime André
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Professeur à Seton Hall University, New Jersey
BA en Connaissances Générales; BS en Médecine Nucléaire
Maitrise-MHA en Healthcare ; Doctorant en Science de la Santé
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