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Peter Pan ou Peter Mulrean? - Le cas de l’ambassadeur américain en Haiti

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 Le premier est un personnage imaginaire, un petit garçon qui refuse de grandir. Le second, un diplomate américain accrédité en Haïti qui, à l'image de son pays, refuse de voir Haïti grandir. Le premier a beaucoup amusé les enfants et certains adultes. Le second semble déterminé à humilier tout un peuple et son histoire.

De Kenneth Merten à Pamela White, l'on espérait, au nom de la convention de Vienne, un sursis ou du moins un sentiment de honte de la diplomatie américaine vis-à-vis d'Haïti. Ce n'est toujours pas le cas. Le nouvel ambassadeur américain, Peter Mulrean, vient de prouver qu'il nous est interdit de rêver, en déclarant par anticipation dans une interview accordée au quotidien Le Nouvelliste: « On n'a pas encore vu de preuves des fraudes massives. »

En passant, il a oublié de présenter au Nouvelliste et aux autres médias visités un exemplaire d'une preuve de « fraudes massives » parmi celles découvertes par son prédécesseur et actuel chargé du dossier d'Haïti au département d'État, Merten, lors des élections de 2010-2011.

Comment est-ce possible qu'une commission présidentielle d'évaluation électorale dite « indépendante » ait annoncé une visite de reconnaissance au CTV le dimanche 27 décembre 2015, et que Peter Mulrean (n'étant ni membre, encore moins porte-parole de ladite commission) ait pu déjà annoncer les résultats de l'évaluation? Oui, le diplomate américain, pour nuancer, a dit « pas encore ». Il en sait déjà trop. Kenneth Merten aussi. Ils (Core-Group) sont définitivement dans un pays conquis. Haïti à leurs yeux n'est même pas un pays imaginaire. Car, dans l'imaginaire, il y a un peu de merveilleux. Et, peut-être, ils n'ont pas totalement tort.

Faisons quelques considérations:

Comment est-ce faisable que des individus, parfois inconnus, vivant dans une certaine opacité, parfois patrons de leur propre ONG (Société civile à visages multiples et ne pratiquant aucune démocratie ni transparence à l'intérieur de leur boutique), décident de proposer des membres du CEP, observent et valident ou pas, à un certain niveau, les élections,

intègrent ou délèguent des membres d'une commission décriée ou discréditée par une large frange de la société? Le G8 n'a-t-il pas décliné l'invitation à une rencontre avec la Commission d'évaluation électorale indépendante?

La prolifération de ces organisations de droits humains et de la société civile pour mettre le pied dans le plat politique, à qui la faute? Aux partis politiques incapables d'assumer leur responsabilité ou de se structurer. Ils ont choisi pendant des années d'aliéner leur droit d'ainesse au profit de personnalités qui deviennent les plus grands « adversaires » des partis politiques car elles ont toujours tendance à se substituer à eux par leurs critiques parfois acerbes.

Comment est-ce possible dans une situation de crise aussi grave qu'il n'y ait pas d'institutions républicaines jouissant d'une réelle légitimité et de moralité impeccable pour trancher ou placer le mot du droit?

Si la solution ne peut venir de la rue, elle viendra nécessairement des petites ONG locales, des satellites de quelques ambassades. Le vide institutionnel durera combien de temps encore? Mais en attendant et si en cette fin d'année on chantait tous le psaume 144:7-8: "Etends tes mains d'en haut; délivre-nous et sauve-nous des grandes eaux, de la main des fils de l'étranger, dont la bouche profère la fausseté, et dont la droite est une droite mensongère."

 Dieudonne Saincy
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Photo credit: @HaitiInfoProject