Analyses & Opinions
Les impossibles ententes
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- Catégorie : Opinions
- Publié le samedi 12 septembre 2015 16:25
La population haïtienne a suivi, presque blasée, la saga Clarence Renois – Chavannes Jeune, dans un chassé-croisé qui a abouti à ce que l’on sait. Le pouvoir à tous les niveaux est considéré comme une chasse gardée. Pour s’y maintenir il faut savoir se garder des amitiés et surtout être dans la tête de ses amis une valeur sûre. Quelqu’un sur lequel on peut compter s’il arrive à gagner le gros lot : le fauteuil présidentiel.
On a toujours assisté à cette même représentation. Des citoyens et des citoyennes qui au départ devraient se réunir pour s’entendre dans l’intérêt de la nation, mais qui finalement arrivent à ne rien décider de concret, car chez nous les intérêts individuels priment toujours, n’arrivant jamais à s’articuler même dans leur propre intérêt.
La comédie atteint toujours son paroxysme quand tous les membres du panel décident ensuite d’aller aux élections comme si ces rencontres devant aboutir au choix d’un candidat unique n’étaient qu’une vaste fumisterie, chacun ayant participé aux discussions avec la certitude que l’élu serait lui ou… personne.
Est-ce qu’à certains moments de notre vie nationale, certains de nos concitoyens ne seraient pas atteints d’une étrange maladie ? Une sorte d’autisme, où ils seraient enfermés dans un rêve dont ils auraient déterminé, un scénario régissant tous leurs actes et toutes leurs pensées ?
En termes de bizarreries, on est toujours gâté pendant ces moments où ambitions, folies, ignorances font si tellement bon ménage qu’on se demande comment la barque nationale a pu rester à flots avec de tels équipages. On apprend ainsi qu’une plate-forme abandonne la scène électorale. Cette plate-forme avertit les instances compétentes, mais ce n’est seulement qu’après, que cette même plate-forme annonce qu’elle va se concerter avec ses candidats. Comment s’étonner alors si ces candidats décident de faire chemin seuls ?
Si avant les législatives dont on attend encore la publication des résultats, on avançait en plein brouillard, les présidentielles qui suscitent traditionnellement toujours plus de passions s’enveloppent dans une terrifiante nébuleuse. C’est vraiment la première fois en Haïti qu’à moins de huit semaines des élections, qu’aucuns candidats phares ne se dégagent de l’important lot de prétendants. Les discussions ne trouvent aucun discours, aucune proposition pour se déployer. Les secteurs faiseurs de présidents placent leurs pions dans plusieurs assiettes. La population aux abois avec une situation économique toujours plus précaire ne sait plus à quel saint se vouer. Avec sa tendance unanimiste dans la dernière ligne droite, à quel candidat va-t-elle donner son appui pour, peut-être, fausser tous les calculs et rendre caduques toutes les stratégies d’officine ?
Le pays dans tout ce désordre, dans cette méchanceté et cette sécheresse qui le consument, attend sa pluie. Sa pluie d’intelligence. Sa pluie de bonne volonté. Sa pluie d’humanité.
Y a-t-il de bons nuages annonciateurs de cette bonne pluie à l’horizon ?
Source: LeNational