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Martelly, le ton change
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- Catégorie : Opinions
- Publié le jeudi 27 novembre 2014 17:53
Qualifiée « d'exécrable », de « pathétique », de « honteuse » ou de « passable »...,la performance du président Michel Martelly sur le plateau de TV5 avait fait couler beaucoup de salive. Peu de gens ont compris qu'un tournant venait d'être franchi ce jour-là , que le ton de la presse internationale envers le chef de l'Etat haïtien allait changer. Que son parcours atypique de chanteur populaire fricotant avec l'extrême droite, d'anciens putschistes, de duvaliéristes..., ne passionnait plus les rédactions.
Quelques mois avant d'entamer la dernière année de son quinquennat, le 15 mai 2015, on s'intéresse plutôt à son bilan d'étape. Au risque de déplaire à Michel Martelly, ses « réalisations louables » sont susceptibles d'être occultées par le « bourbier construit », le fiasco politique dont le seuil encore plus critique sera atteint après le 12 janvier 2015, à moins d'une solution politique pour la Noël.
Sans forcer sur les traits de l'échec politique de l'ère Martelly, on évoque, comme Foreign Policy (FP), le dysfonctionnement en vue du Parlement, les trois ans sans élections, les manifestations d'opposants de Martelly réprimées par la police ces dernières semaines et l'intention de celui de diriger le pays par décret. Pour FP, ces indicateurs ne mentent pas. Haïti s'approche de nouvelles convulsions politiques.
Sans être encore dans le « Martelly bashing », des papiers de la presse allemande et française ont évoqué les « tôles rouges », cette expression de lassitude populaire, de dénonciation de l'immobilisme, titre de l'article « Haïti : derrière les tôles rouges, l'immobilisme » du journaliste Samuel Chalom, publié en octobre dernier. "Tôles rouges", expression retrouvée également dans un papier de Eckart Lohse et Jochen Stahnke du Franlfurter Allegemeine qui souligne que depuis 2010, malgré la campagne de charme du président Martelly, "peu de chose ont changé pour le meilleur".
Pour Miami Herald, Jacqueline Charles, spécialiste d'Haïti, retourne sur l'île de La Tortue, 11 mois après son premier article. Les progrès, lents, ne dissuadent en rien les candidats à de nouveaux voyages sur de frêles esquifs avec la mort parfois au bout, en guise des côtes de la Floride. Les projets démarrés dans le cadre du plan d'urgence gouvernemental (Plan spécial) ne sont pas finis et les promesses d'emplois non encore matérialisées, souligne Jacqueline Charles.
D'autres médias américains, comme l'avait fait Wall Street Journal, parleront d'Haïti. Le 12 janvier 2015, cinq ans après le séisme, la responsabilité de nos tuteurs, comme les Clinton, sera probablement évoquée. Pourtant, Michel Martelly et l'opposition seront les seuls à blâmer si Haïti glisse dans le chaos. A Michel Martelly, poulain des Américains, personne n'avait demandé des miracles. Personne n'a cru, qu'après ce séisme dévastateur qu'Haïti aurait une croissance économique à deux chiffres.
La mission pour l'ex-chanteur était de rester sur les rails de l'Etat de droit. Pour que les institutions fonctionnent. Pour éviter les querelles stupides aux conséquences souvent regrettables, stupides qui s'accompagnent, comme l'avait écrit Frantz Duval en octobre 2011, des « si je savais ». « Si nos chefs savaient que les portes qui s'ouvrent devant eux avec déférence se ferment aussi vite quand ils deviennent des pestiférés, ils feraient du vrai respect de l'Etat de droit un objectif primordial de leur mandat. Un dirigeant peut échouer dans tous les aspects de son mandat, mais pas sur le seul qui ne relève que de sa bonne foi : le respect des lois », avait écrit l'éditorialiste.
Roberson Alphonse
Source: Le Nouvelliste
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