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Haiti : " Ceux qui partent dénoncent silencieusement l’échec de l’open for business " a écrit Frantz Duval

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 " Le mensonge a une date d'expiration " avait l'habitude de claironner l'ancien colonel putschiste Himmler Rebus quand il courtisait le régime Néo-Duvaliériste Martelly-Lamothe. Cette phrase bourrée de sens était avancée pour caractériser la campagne de propagande à outrance du régime qui frisait la démence. Tout est beau, tout est rose en Haiti ou il coulait le lait et le miel.

Cependant, le train train quotidien nous présente une réalité cruelle de peur, d'oppression politique, de misère et surtout de désespoir. Réalité tout à fait différente du monde féerique présenté par le régime pour la consommation étrangère et surtout pour leurrer la diaspora.

... Haiti is open for business avec 6 carnavals et Zero (0) élections plus tard.

Frantz Duval nous présente un éditorial (voir plus bas) qui, à notre humble avis, traduit un désarroi et met à nu la date d'expiration des mensonges du régime.  Les haïtiens reprennent le chemin de la mer (Boat people) avec des bateaux bourrés de refugiées économiques qui fuient la misère et la crasse. Ils utilisent également les avions (Jet people) pour l'inconnu du Brésil et L'Amazonie et fuir le pays open for business mais fermé pour la vie.

Tout Haiti,

Ceux qui partent jugent l'action du gouvernement

Il devient chaque jour évident que par tous les moyens, des Haïtiens cherchent à échapper au pays « open for business » clamé par le pouvoir en place.

Dans l'espoir de rejoindre la République dominicaine, les Bahamas, la Floride ou le lointain Brésil, par centaines, chaque jour, des compatriotes dessinent la carte de leur avenir ailleurs qu'ici.

Certains font la queue devant les ambassades, d'autres cherchent une embarcation ou se mettent en route. Une seule destination : des cieux plus cléments. N'importe où sur terre.

S'ils ne meurent pas pendant le périple, ce sont les garde-côtes américains ou bahamiens, ce sont les soldats dominicains qui rapatrient ceux qui se font prendre. D'autres passent ou entre les mailles de tous les filets tendus. Dans toute l'Amérique latine, de petites communautés d'Haïtiens prennent racine là où elles peuvent, pas toujours dans les pays d'accueil désirés.

Depuis toujours nous partons, quittons Haïti pour aller ailleurs. Depuis le séisme, l'exode s'est diversifié, laissant les chemins habituels de la diaspora, pour prendre la forme de l'errance.

Quatre ans après le tremblement de terre, la tendance, lourde, d'émigrer à n'importe quel prix doit interpeller sur les choix économiques mis en place. Car ce ne sont pas pour des causes politiques ou des persécutions que nous partons.

Avec leurs pieds, en mettant en danger leur vie, ceux qui partent dénoncent silencieusement l'échec de l'open for business.

Ceux qui partent disent qu'ils ne ressentent pas les retombées des options économiques claironnées. Ils affirment que ce qui est fait n'est pas pour eux. Que les emplois manquent toujours à l'appel. Qu'il n'y a pas de dignité à vivre de la charité et de l'assistanat.

En un mot comme en cent : où sont les emplois ? Où sont les investisseurs ? Que se passera-t-il quand les fonds PetroCaribe seront épuisés ?
Ce gouvernement, après avoir accumulé les retards pour toutes sortes de raisons, s'apprête à aller aux élections dans des perspectives économiques moroses. S'il gagne, mettre les indicateurs au rose sera ardu. Si l'opposition remporte la partie, la tâche ne sera pas plus facile.

En attendant que les politiques se mettent à marcher dans le droit chemin de la bonne gouvernance et des élections, les plus hardis partent. Vont voir ailleurs si l'avenir leur sourira.

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste
Photo: dominicanewsonline