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Le président Martelly s’oublie
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- Publié le jeudi 12 juin 2014 15:41
Michel Martelly fait du Sweet Micky. De plus en plus. L'irascible polémiste, le casse-pied, en mode « de guerre de guerre », ne manque plus une occasion pour flinguer l'opposition politique. Celle-ci, pour Martelly, n'a fait que lui mettre des bâtons dans les roues en ce qui concerne ses projets au bénéficie du peuple. Etre contre Tèt Kale, c'est être contre le peuple, avance le chef de l'Etat, dédaigneux à l'égard de cette opposition dont il annonce l'échec aux prochaines élections.
Les opposants, a dit Martelly aux Cayes à l'inauguration d'un hôpital, « partiront ». Parce qu'ils n'ont rien fait. Parce que la critique vide, les casses pendant les manifestations constituent l'essence de leur proposition à la nation. En mode « ti jezi nan po krab », il gomme la mise à sac à son profit de nombreux édifices publics dans cette ville entre les deux tours de la dernière présidentielle. Le chef de l'Etat, Tet dwat vers des élections le 26 octobre et le 28 décembre 2014, avec toutes les difficultés du monde, s'octroie le bon rôle, fait campagne avant la lettre pour son dauphin Laurent Lamothe, pour son camp.
Par moments, il réchauffe le discours « d'outsider » de la dernière campagne présidentielle de 2011 fait de critiques tous azimuts et de slogans parfois creux. La relative virginité politique du « vagabond adoré », la soif de rupture avec Inite de René Préval avaient fait de lui le champion de moins d'un million d'électeurs, malgré la mainmise de l'exécutif d'alors sur la machine électorale.
Les circonstances, aujourd'hui, ne sont pas les mêmes. Michel Martelly le sait-il ? Sait-il que sur certains points, il est perçu exactement comme d'autres présidents qu'il a jadis critiqués ? Lui, comme certains de ses opposants, des « démocrates d'apparat, krizokal », qui ne jurent que par le contrôle du CEP, au détriment de la démocratie, de la stabilité politique.
Par ces temps où le pays devra passer par l'étape des élections, cette année, en 2015 ou en 2016, selon les hypothèses que l'avenir permettra de vérifier, le moins que l'on puisse dire c'est que Michel Martelly, le président de la République, obligé d'être au-dessus de la mêlée, d'être pondéré, d'inspirer confiance, s'oublie. Il hypothèque, centime par centime, la possibilité d'une transition politique plus ou moins douce, d'une alternance relativement tranquille en donnant le ton à un avenir au cours duquel les inévitables confrontations risquent d'être encore plus viriles, plus dures. Pas de pitié, pas de quartier sera, paraît-il, la règle entre « Mache pran yo » et « Grenadye alaso ». On connaît le reste ici où les morts, les biens saccagés sont considérés comme de négligeables dommages collatéraux dans la conquête du pouvoir.
Entre-temps, au moment où Martelly muscle son discours, à quelques jours d'intervalle, à Port-au-Prince, des opposants, par milliers, ont foulé le béton pour réclamer son départ et des élections. Et dans certains quartiers populeux, comme Fort-National, des « baz » ont craché leur refus en s'opposant à une visite présidentielle qui devait donner lieu à la distribution de maillots des sélections brésilienne et argentine de football en prélude à la Coupe du monde. Le non se met en place. On alimente le feu de la mobilisation.
Pourtant, ce président qui s'oublie n'est jusqu'ici pas le pire qu'Haïti ait connu depuis 1986. Même si le régime a commis de graves écarts. Même s'il y a des ayants droit, des intouchables comme le cowboy de Fonds-Parisien aujourd'hui en liberté, comme le nouveau Ti Bobo, ami personnel du chef de l'Etat qui a la main légère.
A ce stade, après avoir goûté au nectar du pouvoir, le camp rose, qui mise beaucoup sur la propagande, gagnerait à mettre encore plus en avant ses réalisations en lieu et place des attaques du président Michel Martelly. S'il est évident que les actions de l'administration ne rentrent pas nécessairement dans un schéma cohérent susceptible d'avoir un impact réel sur la croissance économique (3,6 % pour l'exercice en cours), des chantiers ont été ouverts. Des initiatives ont été prises. Au nom de tout cela et dans l'espoir d'une certaine continuité, Michel Joseph Martelly devrait apprendre à retenir ses effusions, à voler un peu plus haut. Le temps de ses polémiques avec Mizik Mizik,T-Vice, Djakout... appartient au passé. Il est au pied du mur avec une mission : celle d'assurer une transition politique tranquille et acceptable. Cela, Martelly et ses opposants (loin d'être des saints) l'oublient.
Roberson Alphonse
Source: Le Nouvelliste
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