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Les cow-boys du Best Western échouent à s’entendre

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Ce n'est pas le titre d'un film du début des années 70 que vous avez raté. Ce n'est pas non plus le titre d'un livre en signature à la 20e édition de Livres en folie. C'est le raccourci le plus simple pour camper l'échec des protagonistes de deux jours de pourparlers qui se sont achevés ce mercredi sans signature d'entente ni nouveau rendez-vous.

Le président de la République, son Premier ministre et ses conseillers ont rencontré pendant des heures les représentants de toutes les tendances représentées au Sénat de la République. A un certain moment, les députés se sont joints aux discussions. L'idée était de trouver des passerelles pour résoudre les divergences et aller aux élections.

Le premier jour, l'exécutif et les parlementaires se sont entendus sur l'agenda. La composition du Conseil électoral et le vote de l'amendement de la loi électorale étaient les deux points litigieux à retenir toute leur attention. Le deuxième jour, ils ont constaté leur total désaccord sur tous les sujets.

Les cow-boys du Best Western n'ont accouché d'aucun consensus.
Ce n'est pas la première fois que l'exécutif et le Parlement tentent d'arrondir les angles de leurs divergences. C'est la première fois que toutes les attentes restent sans suite après un conclave de cette portée.

Mercredi matin, l'ambassadeur américain en Haïti, Pamela A. White, avait dans deux tweets, plein d'espoir, souhaité que le nom de l'hôtel Best Western, institution qui a accueilli les échanges, passe à l'histoire. Elle se réjouissait déjà que les Haïtiens résolvent (seuls) les problèmes d'Haïti. Elle doit être déçue.

Les diplomates, personnalités américaines et de l'ONU qui font la navette depuis des semaines pour inviter et inciter les parties haïtiennes à rapprocher leurs points de vue pour permettre la réalisation des élections cette année n'ont pas eu d'impact sur les réflexes de méfiance des deux camps.

Les associations patronales et les acteurs de la société civile qui, tous, ont appelé de leurs vœux la reprise du dialogue entre l'exécutif et l'opposition, particulièrement les sénateurs, pour arriver à un Conseil électoral de consensus, doivent aussi se dire que les politiques, s'ils les entendent, ne les écoutent pas.

Quant à l'Eglise catholique, le cardinal comme certains évêques, ils doivent redoubler d'ardeur dans leurs prières et leurs efforts, car les cow-boys du Best Western sont imperméables au changement de direction. Dans tous les camps, le raidissement est la règle.

En acceptant de se mettre à table dans un nouvel établissement hôtelier, les protagonistes de la crise préélectorale avaient implicitement reconnu que l'Accord d'El Rancho avait beaucoup de plomb dans l'aile; d'aucuns le disaient mort et enterré. En échouant à s'entendre au Best Western, quel message envoient Michel Martelly et les sénateurs ?

El Rancho est mort, mais n'est remplacé par aucun nouveau texte. Sans nouveau texte, il n'y a que l'Accord d'El Rancho sur la table.

Qui maintenant va prendre son bâton de pèlerin pour ramener le troupeau constitué de nos dirigeants et de nos politiciens à la raison ou sur le droit chemin des élections ?

Frantz Duval
Source: Le Nouvelliste

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