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C'est clair : le pays est déjà entré dans l'après-Martelly.

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Élections, Élections, Élections

C'est clair : le pays est déjà entré dans l'après-Martelly. Mais pas dans les convulsions électorales ni dans l'après-élections aves ses métastases. De ce côté –là, personne n'est tranquille : la bataille pour le pouvoir fait toujours son œuvre délétère.

A tous les niveaux, les élections demeurent la seule voie, dans les pays démocratiques, pour conquérir le pouvoir ou pour y rester. C'est incontournable. Dialogue ou conférence nationale ou encore états généraux, gouvernement de consensus ou gouvernement d'ouverture, ou encore gouvernement de transition (on ne sait jamais), l'organisation des sénatoriales – retardées à plusieurs reprises – reste l'un des principaux domaines où les Haïtiens se refusent à admettre les principes réglementaires de la loi électorale. Cette attitude débouche d'habitude, en fin de compte, sur une organisation chaotique du scrutin et des contestations massives. Le risque d'explosion aujourd'hui encore est réel sur ce sujet.

On devrait envisager de préférence à mettre en place un gouvernement pour faciliter et accompagner l'organisation d'élections non litigieuses, non ? On se soucie d'apparences. Pas d'efficacité.

Aussi le débat qui s'instaure ne doit-il pas être esquivé, dénaturé. Il ne peut être tranché par de simples arrangements politiques ou par des manœuvres de fuite en avant. Parce que la nature des élections, la quantité des élections (les deux tiers du Sénat, locales et communales), le calendrier électoral, en accord avec la classe politique, sont loin d'être fixés. Parce que l'environnement politique et social n'est pas au beau fixe.

Ainsi, la vraie condition pour que notre société ne soit pas menacée d'instabilité ou de violences, c'est la recherche de solutions pacifiques qu'il faut privilégier. Devrions-nous renoncer à l'idée d'arriver à l'apaisement tant souhaité ? Pour éviter la catastrophe électorale ? L'opposition, plurielle, est divisée sur l'essentiel : la fin de mandat du président Michel Joseph Martelly qui a admis que cette année est une année électorale. Notre expérience historique et le rôle abusif des Bleus ne permettent pas de conclure que la transition démocratique d'Haïti – vers plus de croissance, de stabilité et de paix – a connu des performances supérieures – ni même égales – à celles de l'Amérique latine.

Jusqu'ici, une seule chose est sûre : l'incertitude quant à la date de ces élections, la confusion autour de la nature de ces élections. Personne ne croit plus que les élections en Haïti soient la clef du progrès collectif, de la stabilité institutionnelle et politique, de l'équilibre et de la séparation des pouvoirs. Au contraire. Alors, pourquoi les organiser suivant les échéances constitutionnelles ?

Soutenue ou pas par une frange de la communauté internationale et quelques conseillers proches du pouvoir, la thèse qui veut qu'on aura des élections générales en 2015 n'est pas si invraisemblable, quoi qu'on pense. Les acteurs – l'opposition modérée et la communauté internationale – ne sont pas divisés là-dessus.

Au principe realpolitik s'ajoute le souci financier : le coût élevé des élections rend dingues nos bailleurs de fonds, et les bons comptes peuvent faire de bonnes élections. Même bien intentionné ou mieux éclairé, il introduit dans la conscience des dirigeants et aspirants- dirigeants une préoccupation contraire aux résultats postélectoraux désastreux. Les constitutionnalistes et les hommes de loi, qui pensent que le débat sur la fréquence répétée des élections et la durée variée des mandats – et c'est là la vraie question – n'a pas lieu d'être, ne sont pas les plus avisés ni les plus pragmatiques. Or, la Constitution de 1987 – même amendée – alimente une série de crises dans un pays en crise.

Pierre-Raymond Dumas
Source: Le Nouvelliste

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