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Haïti: 3 pouvoirs, 3 oppositions, 3 ambassades...
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- Publié le vendredi 6 décembre 2013 15:39
On connaît la nature du pouvoir exécutif, le degré du pouvoir législatif et l'état du pouvoir judiciaire. Devant les trois pouvoirs s'affichent 3 oppositions: une consensuelle, une partielle et une totale ou double différentiel (c'est-à -dire à 4 roues motrices). Nous allons y revenir.
Force est de constater qu'à l'intérieur de chaque pouvoir s'installe bon gré mal gré une opposition virtuelle ou réelle.
Au niveau de l'exécutif se cache une opposition silencieuse, subtile et inconnue par peur de représailles économiques ou de se retrouver au chômage. Précarité oblige. Y aurait des voix compétentes qui ne valident pas les dérives du président Martelly. Un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne, disait l'ancien premier ministre socialiste français Michel Rocard.
Au parlement, notamment à la chambre basse, existe apparemment une majorité présidentielle mais fissurée, car le PSP (parlementaire pour la stabilité politique), s'apprêterait à donner naissance d'ici le mois de Janvier à une opposition en raison de quelques frustrations. Tèt Kalé ne peut pas plaire à tout le monde. Il y a le bloc PEP (parlementaire pour l'équilibre politique), qui porte bien son nom. Certains issus du PSP s'opposent à Martelly pour s'allier à Lamothe. L'argent, la politique, c'est une question d'équilibre pour PEP. Et comme il y a toujours un prix à payer quand on est dans l'opposition, le bloc PRI (parlementaire pour le renforcement institutionnel) radicalise sa position face au régime Tèt Kalé. Autant de blocs parlementaires pour reconstruire un parti politique. Ne sont-ils tous pas issus d'un parti ou plate-forme politique à l'origine. Ils ont démarré avec un parti et terminent avec un bloc. Paradoxe. Au sénat, l'esprit du corps s'impose en opposition par moment. Fragilité du quorum, la majorité relative pose des actions justes mais illégales. Parfois légales, mais injustes. La minorité a raison, la majorité n'a pas tort pour parodier Albert Camus. La dernière séance d'interpellation de trois ministres est encore dans les mémoires. (Ironie : 3 ministres reçoivent chacun respectivement 3, 4 et 5 votes sur un total de 20 sénateurs et considèrent avoir reçu un vote de confiance et continuent de plus belle dans leurs fonctions sans aucun embarras). On peut compter les sénateurs irréductibles et leurs alliés par moment. Give and take pour assurer la tenue d'une séance.
Le pouvoir judiciaire. Jamais judicieux dans ses prises de positions. Vassalisé au point de se fondre avec l'exécutif comme une fondue suisse, le CSPJ est en quête d'indépendance et d'honorabilité. L'on se souvient de la présence de Me Arnel Joseph au centre sportif de Carrefour venu prêter serment d'allégeance à Martelly lors du programme "Gouvenman lakay ou". L'exécutif et le judiciaire s'enlacent. Combien de fois le président du CSPJ a été démasqué, dénoncé par ses pairs. Le président du CSPJ s'est trompé d'adresse lors de sa prise de position dans l'affaire de Me André Michel sans consulter les autres membres du Conseil.
Ensuite, il y a les partis politiques. Les bases/Baz. Les forces populaires. Après les manifs du 30 septembre, 17 octobre, 7 et 18 novembre, celle du 29, en mémoire du massacre de la ruelle Vaillant, dont la destination finale visait l'Ambassade Américaine, montre définitivement que le régime Martelly fait face à une triple opposition. Par moment une opposition est en opposition avec l'autre. Querelle d'orientation et de leadership. Cassure. Rupture. La première opposition est celle qui croit à la formation d'un gouvernement d'ouverture, elle s'oppose au départ forcé du président Martelly, elle s'aligne sur la position de l'internationale. C'est l'opposition consensuelle.
La deuxième opposition, quelque peu tiède, croit que rien n'est possible avec Tèt Kalé, elle propose une sortie honorable et institutionnelle au président Martelly, mais ne veut pas se fâcher avec l'internationale, elle estime avoir besoin du "blanc" pour se débarrasser du régime. Pas question, comme on l'a constaté, d'aller devant l'ambassade US le 29 novembre dernier. Mais cette même opposition (accompagnée de l'opposition consensuelle) était devant l'Ambassade Dominicaine récemment pour dénoncer aux premières heures la décision de la Cour Constitutionnelle dominicaine vis à vis des dominicains d'origine haïtienne. C'est l'opposition partielle.
La troisième opposition dite double différentiel/Totale (ou à 4 roues motrices), est purement et simplement anti système et Anti Martelly; elle n'est pas pour le " Rache Manyok" mais pour une sortie sans casse. Elle ne gère probablement pas la question de visa. Elle ne gère pas non plus d'ONGs visiblement; reste à savoir. On n'est jamais à l'abris d'une surprise. Alors cette opposition entendait dire pacifiquement à l'Oncle Sam qu'il a tort pour avoir imposé en 2010 violemment au pouvoir Michel Martelly et en soutenant le régime Tèt Kalé via Pamela White. Autrement dit, White is Wrong. A noter si les rumeurs malsaines des 50 millions de dollars venus de St-Domingue pour financer l'opposition véhiculées par Rosemond Jean et Sauveur Pierre Etienne n'ont pu diviser l'opposition, l'idée de se rendre devant l'ambassade américaine l'a finalement fait. Pour une fois ce n'est plus l'argent qui divise mais bien l'idéologie.
Enfin, il y a pouvoir et pouvoir en Haïti. Quitte à regarder les trois pouvoirs ou à considérer les trois oppositions, voire les organisations de la société civile, ciel sait comment sont-ils malheureusement "téléguidés" par les 3 influentes ambassades (Usa-France-Canada). Au nom de l'assistance mortelle. De ces 20 dernières années, ces représentations diplomatiques ne sont rarement en opposition entre elles. Toujours d'une seule voix. Le nonce apostolique donne la bénédiction finale. Illustration de ce pouvoir imposant: La France a fait pression en obtenant une nouvelle loi sur l'adoption. Le Canada a provoqué la création d'une table sectorielle garantissant la transparence de la gestion de l'aide. USA a obtenu le vote de la loi sur le blanchiment des capitaux sans une loi sur le terrorisme. Car, il aurait fallu avant une loi pour définir le terrorisme. Le pouvoir (parlement + exécutif + judicaire) a dû avaler la pilule sans se soucier de la protection du citoyen haïtien.
Shalom. Dieudonne Saincy. DS
(Journaliste-Polémiste)
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