Analyses & Opinions
Gary Victor: TOURISME !
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- Catégorie : Opinions
- Publié le lundi 16 juillet 2012 12:39
Le gouvernement veut investir dans le tourisme. C’est une bonne chose. Encore qu’il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, car qui dit tourisme dit cadre attrayant pour recevoir les visiteurs. Des plages, du soleil, du sourire, il y en a partout sous les tropiques. C’est ce qu’on crée comme valeur ajoutée, en termes d’attrait, qui fait toute la différence. Pas plus tard que ce jeudi, je me suis rendu vers les 16h à Pointe-Sable à Port-Salut, lieu hautement touristique. C’était dégueulasse de découvrir les abords
de la plage et la plage elle-même: pleins de détritus, du genre assiettes, gobelets et bouteilles en plastique, etc. N’importe qui, sale, mal mis, peut y venir mendier et vous importuner. Rien ne protège le lieu de la pauvreté et de l’ignorance ambiante. Qu’est-ce qui empêche le ministère du Tourisme de créer des brigades de nettoyage et de surveillance de nos plages ? Dans un contexte de chômage chronique, cela permettrait de donner du travail aux jeunes de la zone. C’est toujours une bonne chose pour l’image d’un gouvernement. On ne pense qu'aux millions, mais on oublie qu’on ne crée rien avec du vent, à moins que tout ne soit que du vent.
À la sortie sud de Port-au-Prince, Fontamara. On casse la route. Il paraît qu’on refait le béton. Mais pire que l’embouteillage monstre - il devra bien cesser le jour où la voie sera réparée - c’est la pestilence du marché de fruits de mer sur les trottoirs qui est insupportable. On n’est pas sur une voie secondaire. On est sur une voie principale, la seule qui relie la capitale à quatre départements. Avec les réflexes bassement populistes hérités de Lavalas, on risque de laisser ce marché ici. Avec toute la dégradation environnementale et humaine qu’un touriste devra endurer, cette pestilence peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Et puis, que fait-on de l’accueil dans certaines institutions publiques et dans certains ministères ? Parfois on est reçu par de véritables malotrus qui baragouinent à peine et qui sont bien sûr d’une plate insolence. Qu’on ne me dise pas que le populisme oblige à se servir de telles personnes. Qu’on aille dans n’importe quel bidonville, on trouvera des jeunes filles, des jeunes hommes capables de s’exprimer, ayant un minimum de savoir-vivre et pouvant rapidement intégrer les règles d’un bon accueil. Donc, ce n’est pas une question de populisme. C’est une anormalité qui a à voir avec le kokoratisme.
Bref ! pour que nous ayons une chance de revenir sur le marché du tourisme, il faut vraiment qu’on réapprenne aux gens le beau, le propre, le respect de l’autre. Et s'il y a quelque chose que je reproche souvent aux gens de la diaspora qui reviennent ici, c’est de ne pas exiger, de ne pas faire en sorte de rappeler et d'imposer les bonnes règles qu’ils ont appris à respecter là -bas. On a beaucoup plus besoin de cet engagement en Haïti que des billets verts qu’on vient flamber ici, trop heureux de retrouver le pays jusqu’à oublier les saletés. Il faut que nous tous, ici et ailleurs, nous enterrions nos mouches.
Gary Victor