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Débordements: "Banm vagabon mwen, Banm chawonj...mwen”

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"Débordements"

Quand on voit que Barack Obama a été réélu président des États-Unis, ses adversaires républicains ou autres détracteurs n'ont pu rien trouver sur sa vie privée pour le faire tomber, cela devrait nous interpeller. Blanc comme neige Obama? Jusqu'ici, oui.

Ici en Haïti, entre "Banm manman m" et "Banm vagabon /chawony...mwen", le peuple dans sa minorité électorale avait fait son choix. D'ailleurs, le candidat du compas Sweet-Micky, avec son certificat de bonne vie et moeurs en main, ne se cachait pas. Il était connu de tous. Le plus "transparent" des autres prétendants au fauteuil présidentiel. Ce qui a probablement joué aussi en sa faveur. Il ne cachait pas son visage. Sauf qu'il n'a pas été en France, à l'ENA, comme Josué Pierre-Louis. Il n'a pas de diplômes comme les autres. C'est certain. Mais sa moralité à lui n'était pas voilée. Fidèle à ses exhibitions, Martelly ne mâchait pas ses mots sales devant ses électeurs. Son franc-parler faisait à un certain moment peur à son équipe de campagne. Bref, il est devenu président. La Constitution ne pouvait pas le lui empêcher.

Dans ce dernier dossier de Me Josué Pierre-Louis, -définitivement quelque peu maudit- ce n'est pas le scandale qui est scandaleux, mais malheur par qui le scandale est arrivé.

L'ex-commissaire du gouvernement Me Jean Renel Sénatus n'avait-il pas déjà révélé sur les ondes le côté obscure du Ministre actuel de la Justice Jean Renel Sanon (zokikisme/drogue/pédophilie)?

Le scandale du président inconstitutionnel du CEP contesté/illégal, Josué Pierre-Louis, n'est pas le premier et non plus le dernier. Un autre cas, pour combien d'autres restés dans l'ombre?

En attendant la vérité sur cette affaire étrangère combien regrettable d'un membre du pouvoir "Tet Kale", force est de constater que le pays se réveille: la moralité existe. On la croyait disparue. Morte. Mais soudain elle est réapparue, ressuscitée, puisque des "voix" s'élèvent pour exiger la démission de l'homme par qui le scandale est arrivé. Fantasme. C'est trop beau pour être vrai.

Le débat fait rage dans les médias et surtout dans les milieux sensiblement hostiles au pouvoir Martelly-Lamothe. Le concerné y voit déjà un complot politique, (comme quoi l'opposition aurait le contrôle de la libido des hommes du pouvoir Martelly-Lamothe), pourtant la victime est sa petite amie de confiance depuis bien des mois. Cerise sur le gâteau pour ceux qui exigeaient le départ du président du CEP contesté.

Mais depuis quand la moralité se mêlait de la vie politique haïtienne? Haiti est devenue comme les USA de Clinton, la France de DSK. Super bowl! Super cagnotte! Pourvue que ça dure! Pendant qu'on en parle, à quand remonte la démission d'une personnalité à cause d'un quelconque scandale?

Lequel des trois pouvoirs peut faire la morale aujourd'hui, voir exiger la démission d'un présumé coupable? Y a-t-il aujourd'hui des institutions morales capables de pointer du doigt ou de jeter la première pierre? Nous ne sommes pas à Kaboul. Il est vrai que ce n'est pas de la pierre qu'il faut lancer, mais la justice enfin. Justice sur ces débordements pour lesquels les hommes de pouvoir vont devoir désormais rendre des comptes.

Que sait-on de la moralité de nos dirigeants politiques? Celles et ceux qui font l'actualité? Nos stars? Nos leaders? Nos journalistes d'opinion? Les artisans de paix? Ils ont leur "immunité morale". Leur vie privée ne doit pas être publique évidemment, mais quand cela provoque un scandale comment réagissent-ils? Nou kase fey kouvri sa? L'auto-sanction n'existe pas? Le code d'éthique et morale dans les institutions n'existe pas. Encore moins dans les partis politiques.

Des personnes à morale douteuse occupent des espaces du pouvoir. Elles sont dans l'espace public. Elles reçoivent les honneurs, en public comme en privé. Elles sont même reçues par des ambassades. Elles sont invitées dans tous les salons. Elles sont partout présentes. La société regarde la "réussite" et ferme les yeux sur la voie de cette "réussite". La foire des enfoirés, aurait dit le fondateur de "Resto du Coeur", le comédien français Coluche.

Ces gens-la, la société les adule. Complicité flagrante. Hypocrisie dormante. Ils font même de l'"humanitaire", voire du "social". On les aime bien.

Seulement voilà, un bon matin, tout le pays se réveille et découvre qu'ils n'étaient pas fréquentables. Parfois, le signal vient des forces américaines (FBI/DEA/Interpol). Sinon, tout bascule à partir d'un quelconque scandale (détournement de fonds ou abus sexuels ou violence sur femme, etc.) Chaque institution couvre pour une autre. Sauf en cas de persécution politique ou règlement de compte. Tout le monde sait qui est qui. Presque. Je te protège. Tu me protèges. Entre amis. Club des copains. Certificat de bonne vie et moeurs. L'immunité politique assurée. Laisser passer. Il est des nôtres. Ou alors, bouge pas! On le tient chef!

Finalement, qui est qui? Qui est contre qui? Qui est avec qui? La justice importe peu. La vie privée des gens connus ne nous intéresse pas. On ne veut pas s'en mêler. Sauf quand il s'agit d'un adversaire à abattre. Donc, tout ce vacarme autour de Josué Pierre-Louis n'a pas encore sa raison d'être aussi longtemps qu'on continue d'accorder l'immunité morale à qui on veut.

Shalom. Dieudonne Saincy. DS

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