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Le président Martelly ne doit-il pas protéger la présidence ?
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- Catégorie : Opinions
- Publié le samedi 17 novembre 2012 19:24
Les caïds ne sont pas des étrangers dans le monde du spectacle. Ici, ils sont des « boss », des « parrains ». Des groupes musicaux leur restituent cette « bienveillance ». Dans des bals, parfois en échange de liasses de billets verts, on scande leurs noms quand ils ne sont pas immortalisés par des chansons à succès. Quand ces truands tombent dans les filets de la police, de la DEA, se suicident..., cela défraie la chronique pendant un certain temps. Et, comme avant, la vie continue même si les gros poissons sont devenus de moins en moins tape-à -l'œil. Ni aveugle ni sourd, Michel Joseph Martelly a roulé sa bosse et bien tiré son épingle du jeu dans le showbiz. Il s'est fait des amis et des ennemis aussi.
Ce chouchou du compas, en 2011, est parvenu à séduire l'électorat et devenu président de la République. A ce titre, est-ce que le président Michel Joseph Martelly a suffisamment fait pour protéger la présidence ? Certains en doutent. Ceux-là sont prêts à pardonner le président bling-bling, globe-trotteur, conflictuel et champion de l'improvisation, pour qui diriger un pays est aussi simple qu'un solo ou un jam entre potes. Ils croient, comme l'explique l'un d'eux, que l'homme, dévoué envers ses amis, boute-en-train, adorable... n'est pas parvenu à monter les cloisons étanches pour protéger le président de l'ex-chanteur qui pouvait dans le temps poser pour une photo-souvenir avec la pire des crapules. Cela n'aurait aucune conséquence. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Il ne peut plus être désinvolte et naïf.
Martelly l'a-t-il compris ? C'est à souhaiter. Car, dans l'euphorie de sa victoire électorale, le chef de l'Etat s'était mouillé la chemise pour des gens de son entourage ayant, selon le RNDDH, une moralité douteuse. Le président avait à l'époque fait part de ses démarches auprès de la CIA, du FBI et des ambassades pour avoir des infos sur ces gens. Sans infos, sans preuves, les allégations sont des ragots, avait en substance répondu le président. A fond dans la relativisation, il avait indiqué être lui-même victime de ragots. Toutefois, sans donner des détails sur les motifs, il y a eu un remue-ménage dans sa sécurité rapprochée quelques mois après cette déclaration.
Sans tenir compte, entre-temps, de la présomption d'innocence, des opposants de Martelly ont considéré l'arrestation du chef de l'équipe anti-ambuscade de la présidence (CAT) comme du pain bénit. Et dans ce pays où l'on monte en épingle toutes les théories –même les plus farfelues- certains n'en rêvaient pas moins pour en découdre, pour s'adonner à des lynchages, à un veritable "character assassination", selon des proches du pouvoir. Et la fausse carte de conseiller du président de Clifford Brandt a provoqué la surenchère et forcé à l'explication des autorités au bord de l'énervement. Cette semaine, des étudiants, lors des manifs, ne se sont pas gênés. A leurs yeux, le siège de la présidence est une tanière pour des ripoux. L'atmosphère est lourde de suspicion et les amants de sensations fortes attendent le prochain épisode d'une série mettant en vedette des chefs.
En Haïti comme ailleurs, les structures de sécurité ne sont pas infaillibles. Elles sont des œuvres humaines et l'homme peut aisément succomber à la tentation ou se retrouver dans une mauvaise posture à cause d'une incompréhension de ce qu'il ne faut pas faire. Mais, dans des pays étrangers, il y a un souci de comprendre les dysfonctionnements pour les solutionner. Un exemple qu'il serait bon de suivre parce que dans l'état actuel des choses, le pays n'est pas à l'abri d'autres flétrissures. Aujourd'hui en effet, le journaliste à peine sorti de l'école est capable de vous faire une attaque coup de poing dans n'importe quel journal étranger du genre : « Un important responsable de la sécurité du président d'Haïti serait de mèche avec la pègre ». Même si on s'occupe à autre chose, n'allez pas croire qu'il n'est pas urgent que le président Michel Joseph Martelly fasse tout en son pouvoir pour protéger la présidence...
Roberson Alphonse
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