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La paranoïa de Martelly président, chef d’état et maintenant commissaire pour négocier le Conseil électoral
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- Publié le jeudi 15 novembre 2012 11:56
Titre original: Un président-commissaire !
La commission spéciale chargée de déterminer la nature du conseil électoral devant organiser les législatives partielles ainsi que les élections pour les collectivités territoriales a réalisé hier sa première réunion de travail. Composée de neuf membres, dont trois du pouvoir exécutif et six des deux Assemblées législatives haïtiennes, cette commission doit ouvrir la voie à la formation d'un nouveau conseil électoral après plus de trois mois de tergiversations entre les pouvoirs exécutif et législatif sur la nature du conseil électoral.
Contre toute attente, le porte-parole de la présidence a communiqué lundi les noms des personnalités choisies par le pouvoir exécutif pour intégrer cette commission qui comportait depuis la semaine dernière les représentants de la Chambre des députés et du Sénat de la République. Le nom de Michel Joseph Martelly figure sur la liste des commissaires du pouvoir exécutif en compagnie de ses conseillers Joseph Lambert et Youri Latortue. Qui l'aurait cru ! Un président de la République membre d'une commission de négociation. Quelle aberration ! En aucun cas, le premier citoyen du pays ne devrait faire partie d'une commission comportant des personnalités de rang inférieur à sa fonction. Le Parlement a donné l'exemple en choisissant des députés et des sénateurs pour intégrer la commission. Les noms des présidents du Sénat et de la Chambre des députés ne figurent pas sur la liste des parlementaires-membres de ladite commission.
En 2002, lors des négociations sur la crise politique née des élections contestées du 21 mai 2000 entre l'administration Aristide-Neptune et la Convergence démocratique sous les auspices du secrétaire général adjoint de l'Organisation des Etats américains (OEA), Luigi Enaudi, à aucun moment Jean-Bertrand Aristide n'avait pris part aux discussions. Yvon Neptune, Gérald Gilles et Jonas Petit avaient représenté le gouvernement dans ces négociations avec les chefs des partis politiques de l'opposition. Michel Martelly a la liberté de choisir les membres de son cabinet particulier pour représenter le pouvoir. Mais il ne devrait jamais figurer sur la liste des personnalités membres de ladite commission. Le chef de l'Etat doit rester en dehors des vicissitudes politiques. Il doit être au-dessus de la mêlée pour que sa décision s'impose à tout le monde toutes les fois que la commission ne parvient pas à trouver une solution. En se faisant membre d'une commission de négociation, Michel Martelly a rabaissé la fonction de président de la République et se positionne au rang de citoyen ordinaire.
Ce nouvel épisode de la présidence est de nature à prouver que Martelly n'a pas de conseiller. Comment l'ex-sénateur Joseph Lambert, perçu pendant ces dernières années comme un homme politique clairvoyant, réaliste et lucide, peut-il accepter d'être aux côtés d'un président qu'il conseille comme membre d'une commission dont il fait partie ? Où sont les autres conseillers ?
Le président Michel Martelly accepte-t-il les objections de ses plus proches collaborateurs ?
Lemoine Bonneau
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Source: Le Nouvelliste