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René Préval: Saint Ti René
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- Publié le jeudi 4 octobre 2012 22:38
Dans l'histoire récente d'Haïti, il y a un président qui défie toutes les statistiques: René Préval.
De mars 1991 à mai 2011, il a été Premier ministre, ministre, président, directeur général du Fonds d'assistance économique et sociale (FAES) avant de boucler un deuxième mandat de président de la République.
TiRené, pour utiliser le diminutif réservé à ses amis, a surfé sur les plus hautes fonctions. Personne ne lui accordait la communion sans confession en 1990, nul ne le croyait promis à un destin si chargé.
Seul Premier ministre à être devenu président, seul président à avoir été réélu et à avoir accompli l'intégralité de ses deux mandats, le président Préval a utilisé des méthodes, il a une lecture de la situation haïtienne qui pourrait éclairer bien d'autres.
Des incidents, il en a connus en tant que chef de l'Etat, mais le train de la démocratisation ne sortit jamais de ses rails sous son leadership.
A-t-il des conseils à donner? Sans doute.
Dans les grilles de lecture haïtiennes, l'homme de Marmelade n'est pas le chef idéal. On ne le perçoit pas comme un homme fort, un tout-puissant, un charismatique, un adulé ni comme un riche. Il n'est pas craint, ne fait pas peur. Si le désamour a marqué ses derniers mois au pouvoir, il n'a jamais pour autant été détesté.
Préval est un modèle de modération en tout. Dans ses manières comme dans les sentiments qu'il inspire.
Sans renoncer à une once de son pouvoir ni aux privilèges qui y sont attachés, il a su ménager la chèvre et le chou. Il n'a jamais choqué la population autrement que par son indifférence à des moments clés.
Homme de sang-froid pas sans foi ni loi, ce Préval.
Le président tétanisé après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 et le Préval des élections perdues par la plateforme INITE ne résument pas le fin politique des vingt dernières années. Ses faiblesses et ses échecs ne font que souligner qu'il est un homme.
Au lendemain de son élection, quand Michel Martelly décida d'aller voir son prédécesseur, on a cru un instant que c'était en signe de reconnaissance de la sagesse du maître du temps politique haïtien.
Bien vite, on comprit que la tournée des présidents haïtiens du président Martelly ne s'inscrivait que dans une habile propagande unitaire. Plus une parade pour jeter de la poudre aux yeux que le début du long chemin de l'apprentissage de la gouvernance.
De Duvalier à René Préval, on ne saura jamais ce que le président Tèt Kale retint de ses entretiens avec ses devanciers sur le fauteuil présidentiel.
A chaque crise, Martelly, sans se départir de son enthousiasme ni de sa fougue, n'aurait-il pas intérêt à se demander : « Mais que ferait René Préval ? »?
Frantz Duval
Twitter: @frantzduval