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Pour survivre, les pauvres, comme nous, tuent la vie.

Le président de la République, Michel Martelly, et le ministre de l'Environnement, Jean Ronald Toussaint, sont à Rio de Janeiro pour le Sommet de l'Organisation des Nations Unies sur le développement durable.

20 ans après le Sommet de la Terre dans cette même ville brésilienne, le monde entier, dont 86 chefs d'Etat et de gouvernement, recherche des solutions à des maux qui rongent la planète et finiront par avoir raison de l'homme à cause de l'homme. De chacun d'entre nous.

Cela se discute, on consulte, cela finira dans une résolution fourre-tout qui, en cherchant à contenter tout le monde, ne s'attaquera à aucun mal spécifique.

Ce n'est pas par hasard que les dirigeants des plus grandes puissances, Barack Obama le premier, ont esquivé la rencontre. L'économie et l'écologie ne font pas bon ménage. La pauvreté et l'environnement non plus.

Pour survivre, les pauvres, comme nous, tuent la vie.

Haïti arrive en tête dans le palmarès des pays les plus affectés, dans celui des pays les plus vulnérables, mais aussi en tête dans le peloton des pays qui prennent le moins de mesures pour sortir de leur situation cauchemardesque. Ceci expliquant sans doute cela. Le cauchemar, nous y sommes habitués, en sommes dépendants, disent nos contempteurs.

Pendant que les grands du monde cherchent, les petits revendiquent.

Ce jeudi, Port-au-Prince a connu un de ces mache prese qui déstabilisent les horaires les mieux établis. Des manifestants ont bloqué la route du Canapé-Vert pendant des heures. Ils protestaient contre la décision du ministère de l'Environnement de détruire des maisonnettes construites sur les berges d'un ravin. C'est interdit de prendre logement sur les bords et dans le lit des cours d'eau, c'est dangereux et même fou.

Pourtant, nous avons toutes les peines du monde à ne pas le faire. A ne pas le laisser faire. A l'interdire et à nous en défaire.  Le gouvernement finira par payer très cher l'action des récalcitrants, à dédommager les contrevenants devenus un problème, à résoudre et à stopper les autres qui seront tentés de les suivre.

Dans son discours de circonstance devant les conférenciers, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré : "Nous reconnaissons que le vieux modèle de développement économique et de progrès social ne marche plus". En Haïti, nous pouvons en dire de même.

La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, hôte de la conférence, a appelé ses pairs à "l'audace".

"Nous sommes réunis à Rio de Janeiro pour avancer avec audace, montrer du courage, assumer nos responsabilités, nous sommes ici parce que le monde réclame du changement", a-t-elle dit. Martelly peut avoir le même discours.

En fait, sur l'environnement, nul besoin pour les autorités haïtiennes d'aller voir ce qui se passe ailleurs. Haïti est un catalogue de problèmes, nous avons à notre disposition un éventail de solutions pour chaque problématique. Il nous suffit de commencer à agir.

Jeudi, lors de son Conseil de gouvernement retransmis en direct, le Premier ministre Laurent Lamothe, a annoncé pour bientôt des mesures contre les assiettes en stirofoam et les sachets plastique. Nous comptons déjà les heures. L'Etat haïtien est en retard de dix ou 20 ans sur cette thématique comme sur d'autres. A quand les faits pour que la quête de la vie cesse de détruire la vie?

Source: Le Nouvelliste
21 Juin 2012
Frantz Duval