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Le report de la rentrée des classes 2012-2013, décision unilatérale, improvisée et inappropriée ?

laurent-lamothe-pupitrePar Stephen Ralph Henri -- Des responsables d’associations d’enseignantes et d’enseignants ainsi que de parentes et parents critiquent le report de la rentrée scolaire 2012-2013, annoncé par l’administration du premier ministre Laurent Salvador Lamothe, ainsi que les programmes prévus par celle-ci, au cours d’une série d’entretiens accordés à AlterPresse.

Initialement prévue le 3 septembre 2012, par le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) du même gouvernement Lamothe, la rentrée scolaire 2012=2013 est renvoyée au 1er octobre, selon une décision annoncée par Lamothe dans une rencontre avec la commission économique de la chambre des députés le vendredi 3 août 2012.

C’est une décision, qui devrait être prise en concertation avec les autres acteurs du système, « l’État n’y est pas seul », reproche Josué Mérilien, coordonnateur de l’union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh).

L’union de parents d’élèves progressistes haïtiens (Upeph) regrette le fait qu’elle n’a pas été contactée par les autorités, dans le cadre de cette démarche.

Ce changement de date, pour la rentrée scolaire 2012-2013, aura « des incidences » sur tout le système éducatif, estime, pour sa part, le secrétariat général de la confédération nationale des éducatrices et des éducateurs haïtiens (Cneh).

« Cela ne va rien changer du pont de vue de l’organisation, parce que le ministère avait pris la même décision l’année dernière [Ndlr : le 19 août 2011 // http://www.alterpresse.org/spip.php...], et cela n’avait rien changé », déclare Lourdes Édith Joseph Délouis, la secrétaire générale de la Cneh.

« (…) Au contraire, cela va aggraver les choses. Tous les pays de la région ont entre 190 à 200 jours (d’activités scolaires académiques), alors que l’État haïtien est en train de réduire le nombre de jours de classes », déplore Antonal Mortimé, le secrétaire exécutif de la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh).

La même décision, également prise l’an dernier, avait obligé les parents à payer le mois de septembre 2011, alors que leurs enfants n’avaient été à l’école qu’en octobre 2011, ajoute Léo Litholu, secrétaire général de l’Upeph.

Du côté du gouvernement Lamothe, un montant de 600 millions de gourdes (US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui) est rendu disponible par le ministère de la planification au profit des ministères de l’agriculture et des travaux publics ainsi que du service métropolitain de collectes des résidus solides (Smcrs), dans une perspective « déclarée » de création d’emplois en relation avec la prochaine rentrée scolaire 2012-2013.

Cette enveloppe devrait servir à la mise sur pied de trois programmes à haute intensité de main-d’œuvre à l’échelle nationale, afin d’aider les parents au moment de la rentrée, selon ce que fait savoir le premier ministre Laurent Lamothe.

Toutefois, ces programmes suscitent un réel scepticisme.

« Je ne peux pas dire que ces trois plans vont suffire, même s’ils vont créer des emplois directs et indirects. Le problème, c’est le moment choisi pour les réaliser », doute Lourdes Édith Joseph Délouis, soulignant qu’une telle disposition devrait être mise en place depuis le mois de juin 2012.

Pour Léo Litholu, ce sont des programmes qui « n’atterriront pas ».

« On ne peut pas résoudre les problèmes, liés à l’éducation et au chômage, à travers des projets décidés à la va-vite », signale le secrétariat exécutif de la Pohdh.

Antonal Mortimé, qui ne voit pas non plus le sens du renvoi de la rentrée scolaire académique 2012-2013, se demande pourquoi le gouvernement n’avait pas renvoyé le carnaval des fleurs (29, 30,31 juillet 2012), ou encore la distribution de motocyclettes que la présidence avait organisée en décembre 2011 ?

Pendant que le gouvernement affirme reporter la rentrée scolaire 2012-2013, pour donner du temps aux parents, « certains parents n’attendent que la rentrée pour entreprendre des activités qui pourront leur permettre d’envoyer leurs enfants à l’école », relève Lourdes Édith Joseph Délouis.

En dépit de ce renvoi, certains enfants ne pourront reprendre le chemin de l’école qu’au mois de novembre 2012, avertit le secrétariat général de la Cneh.

L’Unnoh, la Cneh et la Pohdh invitent la présidence à plutôt se concentrer sur les problèmes profonds, en publiant la loi sur les frais scolaires, votée par le parlement depuis le mois de septembre 2009.

Ces organisations et regroupements demandent le lancement de chantiers, susceptibles de générer des emplois permanents, la construction d’écoles publiques, la formation d’enseignantes et d’enseignants qualifiés, une révision à la hausse de la grille salariale des enseignantes et des enseignants, la nomination régulière des éducatrices et éducateurs - qui travaillent depuis plus de 2 ans dans le système sans une lettre de nomination officielle - et le paiement des arriérés de traitements des professeures et professeur

Source: Alterpresse