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Le Mopod veut négocier la démission du président avec le président

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Deux jours après la série de consultations engagées par le président Martelly, le Mouvement patriotique de l'opposition démocratique (Mopod) sort de son mutisme pour notamment fixer sa position sur la conjoncture politique et dénoncer ce qu'il appelle des persécutions politiques contre l'opposition. Ce regroupement politique, qui se dit prêt pour des négociations avec l'exécutif en lieu et place des consultations, menace de gagner à nouveau les rues dans les jours qui viennent pour exiger, une fois de plus, le départ de l'administration Martelly/Lamothe.

Le comité exécutif du Mopod se dit prêt à rencontrer le président Michel Martelly, mais non pas dans le cadre d'une consultation telle que initiée par le chef de l'Etat en date du 22 septembre 2014. « Le Mopod veut rencontrer le président Martelly seulement pour négocier avec lui et au cours de cette négociation tous les points de la conjoncture actuelle du pays doivent être discutés, y compris sa démission », avance d'entrée de jeu le coordonnateur du Mopod, Jean André Victor, lors d'une conférence tenue ce mercredi à l'hôtel Le Plaza.

Jean André Victor affirme avoir reçu, en date du 18 septembre 2014, une lettre de la présidence l'invitant à prendre part, le 30 septembre prochain, à la série de consultations engagées par le président Martelly depuis le 22 septembre dernier. Jugeant que la correspondance a été adressée à titre personnel au coordonnateur, le directoire du Mopod dénonce cette démarche de la présidence et indique qu'il ne répondra pas à l'invitation.

La secrétaire général du RDNP, Mirlande Manigat, a pour sa part analysé la lettre du président et a avancé plusieurs raisons pour lesquelles le Mopod, dit-elle, ne prendra pas part à la rencontre. « Dans la lettre, il est question de consultation alors que nous envisageons une négociation où plusieurs points, autres que les élections, doivent être inscrits dans le menu des discussions, telles la libération des prisonniers politiques et la démission du président Martelly », explique Mme Manigat, qui dénonce également le choix de la date du 30 septembre et du palais national pour la tenue de ces rencontres.

L'ex-sénatrice dit ne pas comprendre pourquoi le président s'obstine encore à ne pas appliquer l'article 289 de la Constitution en vue de permettre au pays de sortir de l'impasse une fois pour toutes. « C'est le seul article de la Constitution qui parle de Conseil électoral provisoire. Qu'est-ce que le président a dans la tête qui l'empêche d'appliquer cet article ? », s'est-elle demandée.

En ce qui a trait à l'article 12 de l'Accord d'El Rancho que l'exécutif présente comme son dernier rempart pour sortir de la crise, la SG du RDNP a souligné à l'égard de l'exécutif qu'en plus de l'article 12 du fameux accord, il y a aussi 11 autres, dont un qui parlait de la libération des prisonniers politiques.

« Ils insistent sur l'article 12, nous-mêmes nous avons cet article... Le 12 janvier 2015 il n'y aura pas l'ouverture d'une nouvelle législature. M. Martelly croit qu'il va gouverner par décret et il a deux choses dans son agenda. Premièrement, il veut pouvoir donner décharge à Lamothe pour être candidat et, deuxièmement, il veut faire une Assemblée constituante... Mais entre ce 24 septembre et le 12 janvier 2015, il nous reste plus de trois mois. Il y a beaucoup de choses qui vont se passer », menace Mme Manigat sans vouloir donner plus de détails.

De son côté, le coordonnateur adjoint du Mopod, le Dr Turneb Delpé, invite tous les secteurs du pays, particulièrement les membres de l'opposition, à la mobilisation « pacifique » en vue d'obtenir le départ du président Martelly. « Le président ne respecte pas la Constitution. S'il la respectait, il n'aurait qu'à appliquer l'article 289 de la Constitution et on n'aurait pas à parler de dialogue et de consultation aujourd'hui. Au lieu de prendre les dispositions légales pour éviter au pays le chaos, il préfère faire du cinéma dans une prétendue consultation pour la galerie. Mopod croit que le moment est arrivé pour recentrer le ballon de la mobilisation dans les quatre coins du pays et de la diaspora ...», a-t-il dit devant une centaine de militants qui lançaient des propos acides contre le pouvoir lors de cette conférence tenue à la salle Thérèse de l'hôtel Le Plaza.

Bertrand Mercéus
Source: Le Nouvelliste