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Ludovic Jeanty tué par balle en revenant de l'aéroport

Première avenue Bolosse à Carrefour-Feuilles. 15 h 22. Des bandits armés circulant à moto sont passés par là il y a quelques minutes. La rue est bondée de monde ce dimanche 6 octobre, mais paradoxalement, il n'y a pas de bruit. Certains visages sont crispés et l'angoisse se lit sur d'autres. Dorine Jeanty, notre collaboratrice à Ticket Magazine, ne peut se consoler. A quelques pas d'elle, un cadavre recouvert d'un drap blanc est constaté juste à côté d'un minibus gris assurant le trajet Delmas/Portail-Léogâne. Son père. Dans le véhicule qui comporte des traces de projectiles, une perruque imbibée de sang sur le siège passager est aussi remarquée. « Oh Jésus ! Mais ce n'est pas vrai ! », crache une dame, le regard figé sur le cadavre ensanglanté.

Un juge de paix se fait attendre mais des policiers sont sur place. Certains d'entre eux demandent vaguement des explications aux riverains. Père de deux enfants, Ludovic Jeanty, 55 ans, est allé chercher à l'aéroport Toussaint Louverture sa grande soeur, Darline J. Pierre-Louis, surnommée Lina, qui revenait de l'étranger. Jeans bleu et t-shirt noir à raies blanches, le quinquagénaire et sa soeur étaient probablement suivis par des bandits circulant à moto depuis l'aéroport sans s'en rendre compte.

Le père de Dorine a eu le temps de parcourir le boulevard Toussaint Louverture, l'avenue Martin Luther King, une partie de Port-au-Prince jusqu'à la première avenue Bolosse. A peine arrivé à destination, l'un des trois motards réclame le sac à main de la dame. Sans perdre de temps, l'un des malfrats l'aurait pris de force avant de tirer des coups de feu sur Ludovic. Deux policiers qui habitent le quartier ont eu des échanges avec les bandits mais aucun de ces derniers n'aurait cependant été touché avant de prendre la fuite.

« Peut-être que le drame n'aurait pas eu lieu ou nous aurions pu être victimes, car il y a environ trois minutes nous étions tous assis au bord de la route, explique un groupe de jeunes du quartier. D'habitude, quand il n'y a pas d'électricité, c'est là que nous passons une grande partie de notre temps. »

Atteint d'au moins trois projectiles, Ludovic Jeanty, appelé affectueusement Dodo, n'a pas survécu à ses blessures.

Quant à Lina, elle a été atteinte à l'oeil gauche. Selon ses proches, sa santé est plus ou moins stable mais elle doit subir une opération chirurgicale pour extraire le projectile qui serait toujours logée dans son oeil. Dodo repose en paix depuis dimanche dans une morgue à Port-au-Prince et laisse sa famille dans la tristesse.

Valéry Daudier
Source: Le Nouvelliste

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