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Caricature: Ou te la O non Mwen pat la ( Mort du juge, enquête ou enquêtera...)

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Le parquet de Port-au-Prince a déjà ouvert une enquête sur les circonstances de la mort du juge d'instruction Jean Serge Joseph, a confié au Nouvelliste le secrétaire d'Etat à la Sécurité publique. Le commissaire du gouvernement, en langue de bois, confirme mais demeure très prudent. En Haïti ou en République dominicaine, le gouvernement est prêt à aider à trouver un médecin légiste pour pratiquer l'autopsie.

Les membres du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) n'ont pas encore eu de rencontre sur le dossier. Trois jours après le décès inattendu du juge d'instruction Jean Serge Joseph, c'est le silence absolu du côté du CSPJ. « On va se rencontrer mercredi sur le dossier, ce n'est qu'après cette rencontre qu'on saura quelle déclaration faire sur la mort du juge. Pour le moment, on ne s'est pas encore réuni autour de ce dossier », a indiqué au Nouvelliste un membre du CSPJ joint au téléphone mardi après-midi.

Parallèlement, selon le secrétaire d'Etat à la Sécurité publique, le commissaire du gouvernement est saisi automatiquement du dossier et une enquête est déjà diligentée sur la mort du juge Jean Serge Joseph. Sans vouloir donner plus de détails, Réginald Delva a indiqué au Nouvelliste que des étapes ont été déjà franchies et a référé le journal au commissaire du gouvernement pour en savoir plus. « Le commissaire du gouvernement est en mesure de vous dire quelles sont les étapes déjà franchies », a-t-il dit.

Contacté par Le Nouvelliste sur la mort du juge Jean Serge Joseph, dans un premier temps, le commissaire du gouvernement, Me Lucmane Dellile, s'est contenté de dire qu'il ne peut pas en parler maintenant. Ensuite, sur insistance du journal et après lui avoir souligné que c'est le secrétaire d'Etat à la Sécurité publique qui a demandé au Nouvelliste de l'appeler à ce sujet, Me Dellile, toujours en mode langue de bois, a avoué: « Je n'ai encore rien fait, je ne sais pas. »

Mais est-ce que vous avez l'intention de faire quelque chose, Me Dellile ? lui a demandé Le Nouvelliste. « Vous saurez ce qui sera fait. Madistin a fait des dénonciations, je dois aller travailler là-dessus. Je viens juste de recevoir la dénonciation », a répondu le commissaire du gouvernement de façon laconique.

Dans cette dénonciation déposée au parquet de Port-au-Prince, Me Samuel Madistin soutient, encore une fois, que le juge Jean Serge Joseph lui avait parlé des pressions qu'il subissait de la part des plus hautes autorités du pays. Il a aussi indiqué que le défunt lui avait révélé cette fameuse rencontre au cabinet de Me Gary Lissade à laquelle assistait, entre autres, le chef de l'Etat et le Premier ministre. « Le cas du juge Jean Serge Joseph est un cas classique de mort suspecte qui nécessite l'ouverture d'une enquête criminelle aux fins de clarifier les zones d'ombre entourant cette affaire et fixer la responsabilité des uns et des autres », lit-on dans la dénonciation déposée au parquet.

Interrogé sur une éventuelle autopsie du cadavre du juge d'instruction, Jean Serge Joseph, Me Lucmane Dellile a indiqué que cette question et l'organisation des funérailles reviennent au doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince qui, soulignons-le, était injoignable au téléphone mardi après-midi.

Le secrétaire d'Etat à la Sécurité publique se dit conscient qu'il existe un problème très sérieux au niveau des médecins légistes en Haïti. « Cependant, nous sommes déjà en train de voir quelle autre option prendre même en dehors du pays, a-t-il dit au journal. Nous avons déjà rencontré deux ou trois instances concernées et nous avons déjà parlé également avec des gens en République dominicaine. »

Selon M. Delva, ce manque au niveau des médecins légistes dans le pays peut causer du tort à des gens accusés injustement lorsque les données ne sont pas scientifiques. Il n'a pas caché la volonté du gouvernement d'aider dans ce dossier. « Nous autres, nous allons voir ce que peuvent être les besoins de la police scientifique, afin de nous assurer que rien n'est négligé pour la bonne marche de l'institution », a-t-il dit.

De son côté, le ministre de la Justice et de la sécurité publique a indiqué au Nouvelliste que c'est le parquet qui doit être saisi de l'affaire. Si le parquet et la police veulent ouvrir une investigation, ils peuvent le faire, mais il ne revient pas au ministère de la Justice de diligenter une enquête. De plus, le juge n'est pas mort par balle, a expliqué Me Jean Renel Sanon qui a souligné qu'il ne voit pas d'inconvénient si le parquet de Port-au-Prince veut enquêter sur le dossier.

Le Nouvelliste s'est rendu, mardi, à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et à l'Académie de police sur la route de Frères. Il a été impossible de rencontrer les responsables de la police scientifique pour savoir si une enquête a été diligentée sur la mort du juge.

Selon Me Samuel Madistin, qui a indiqué que le juge s'était confié à lui avant son décès, Jean Serge Joseph subissait des pressions de la part des membres de l'exécutif pour revenir sur sa décision de convoquer à titre de témoins le chef du gouvernement et des ministres devant le tribunal dans le cadre d'une action en justice pour corruption contre la première dame, Sophia St-Rémy Martelly et Olivier Martelly, le fils du chef de l'Etat.

Le juge Jean Serge Joseph, selon les derniers médecins à l'avoir examiné, est mort à la suite d'un accident cérébro- vasculaire (ACV), samedi, à 8 heures du soir, à l'Hôpital Bernard Mevs où il avait été admis 18 heures auparavant.

Robenson Geffrard
Source: Le Nouvelliste

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