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« Ti manman cheri » où est ta carte rose ?

Décidément le président de la République ne finira pas de prendre des initiatives. Chaque jour apporte la sienne. Elles se suivent et se ressemblent certaines fois. Banm limyè, Banm lavi, Aba grangou, Ti manman cheri et Kat woz, la toute dernière en date, sont parmi les plus connues du nouveau pouvoir. Coincées dans l’antre du Palais national, ces initiatives peinent à atterrir. Le dosage de certains programmes pilotes ou en plein déroulement laisse souvent à désirer et les résultats sont encore dans l’impasse. Pas de méthodologie. Véritable illusion. Ces impulsions frisent parfois l’absurdité. Cependant, ces intentions sont pour le moins bonnes. Que valent finalement les initiatives de Michel Joseph Martelly, se demande plus d’un.



Le président Martelly semble vouloir vraiment marquer son quinquennat. Mais comment ? Néophyte on ne peut plus et égocentrique comme lui seul, la dynamique de ses petits projets se déroule dans un environnement pour le moins bancal. Cependant, sa méthodologie laisse encore à revoir. Les énergies de l’ancien chanteur doivent, de préférence, être canalisées au profit de la population et non d’un clan ou d’un secteur particulier. .

Les différentes dispositions du camp rose et blanc sont-elles pensées ou planifiées ? Peuvent-elles survivre au-delà du quinquennat de Martelly ? L’identification de certaines activités au clan rose et blanc, n’est-ce pasles réduire à leur plus simple expression ? Tout ce qui se conçoit au Palais national, « made in » fondation rose et blanc ou la famille Martelly en écarte le gouvernement. En témoigne « Aba grangou ». .

Michel Martelly, un an après, semble être encore en campagne. Les retombées de ses différentes initiatives se font encore attendre. Un simple inventaire de certains programmes lancés (Ban m limyè, Ban m lavi et Aba grangou) peut montrer à quoi on doit s’attendre avec ces inspirations qualifiées de frasques par certains politiques. .

Autant le pouvoir lance des programmes autant la population semble être dans le besoin. Le politologue Jean-Baptiste Remarais croit savoir que l’administration de Martelly touche les vrais problèmes de la société. Cependant, a-t-il mentionné, la façon dont les problèmes sont abordés laisse prévoir un populisme avéré. Où est le ministère des Affaires sociales au sein de ces programmes sociaux ? s’interroge-t-il ? .

Au secours des « Ti manman cheri » ?

Les deux derniers programmes sociaux lancés au cours de cette semaine font encore des vagues au sein de la classe politique et d’autres secteurs vitaux de la vie nationale. Le jour de la fête des Mères, le Premier ministre Laurent Lamothe, la Première dame, Sophia Martelly, des membres du nouveau gouvernement et de la communauté internationale ont donné le coup d’envoi d’un fameux programme dénommé « Ti manman cheri ». .

Des sommes de 400, 600 et 800 gourdes seront distribuées aux familles ayant des enfants à l’école via leur téléphone portable. Les mères seront sélectionnées à partir de certaines écoles qui seront choisies par les responsables de la primature. Un programme visant à réduire l’extrême pauvreté, laisse entendre Laurent Lamothe. .

Cependant, le véritable drame du programme, selon le professeur Fritz Dorvilier, spécialiste en développement et population, réside dans sa conception. Le professeur croit savoir que c’est anormal d’accorder des primes à des femmes ayant beaucoup plus d’enfants. Selon lui, « Ti manman cheri » contribuera à faire plus de mal à Haïti. .

Pour le professeur de sociologie contemporaine, la question démographique va de pair avec le développement. Il s’est dit étonné de voir que le Premier ministre parle de pays émergent en 2030, alors qu’il vient de lancer un programme visant à encourager les femmes à enfanter. De l’avis de M. Dorvilier, le programme est conçu sens dessus-dessous. « Les mères ayant beaucoup plus d’enfants devraient recevoir moins d’argent en vue de les décourager », soutient-il. L’accroissement démographique ne suscite pas le développement pour autant. .

Carte rose, carte de quelle sécurité ?

La dernière initiative du chef de l’État est sa fameuse carte de sécurité sociale. « La carte rose », sa couleur mythique, depuis l’ère de Sweet Micky. Une intention pour le moins pragmatique. La question de sécurité sociale a déjà fait couler encre et salive et a été l’objet de tous les débats au cours de différents gouvernements qui se sont succédé au pouvoir. C’est pourquoi, dit-on, comme le programme de la scolarité gratuite, l’idée de sécuriser socialement les familles haïtiennes est louable. .

Néanmoins, le problème reste et demeure entier. Quel est le degré d’implication du ministère de la Santé dans une telle initiative ? Cette question de carte rose, lancée par le Palais national, est sectaire et réductrice. Michel Martelly laisse entrevoir trop de clanisme dans ses initiatives. Le Palais national ne peut être en aucun cas le lieu ou sont pensées toutes les initiatives sans inclure le gouvernement en entier. .

Comme beaucoup d’autres initiatives, cette dernière est estimable et méritoire. Cependant, l’on continue à se demander quand le Palais national laissera au gouvernement le soin de se pencher sur le sort des déshérités. Les programmes sociaux doivent être structurés au niveau des ministères pour être viables et durables. Ces initiatives doivent aller au-delà de la personne d’un chef de l’État. Comme le Brésil, Haïti a les potentialités de sortir de cette ornière de pauvreté et de misère.