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PetroCaribe, état d'urgence: le gouvernement a 8 jours pour tout justifier

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Le président de la Chambre des députés hausse le ton. Jean Tolbert Alexis accorde un délai de huit jours au gouvernement pour venir s'expliquer sur les 5 milliards de gourdes utilisées pendant la période de l'état d'urgence, sur la gestion des fonds PetroCaribe et sur des contrats passés de gré à gré. Sinon...

Un véritable ultimatum. La Chambre des députés a assez attendu. Sa patience s'épuise. Elle somme le gouvernement de venir s'expliquer sur des zones d'ombre qui piquent sa curiosité. Le président de la Chambre a adressé deux correspondances, lundi, au Premier ministre Laurent Lamothe, dont Le Nouvelliste a eu copie en exclusivité. « La Chambre des députés enjoint à la Primature, aux ministres de l'Agriculture, des Travaux publics, de la Santé publique, de l'Economie et des Finances, de la Planification et de la Coopération externe, de l'Environnement et de l'Intérieur de lui transmettre dans un délai de huit jours un rapport financier détaillé ainsi que l'état d'avancement de l'exécution des projets relatifs à l'utilisation des fonds décaissés dans le cadre de l'état d'urgence », lit-on dans la première correspondance.

Dans la même veine, la Chambre des députés sollicite du ministère de la Planification et de la Coopération externe, dont Laurent Lamothe est le titulaire, la soumission des contrats passés de gré à gré ou obtenus selon la loi sur la passation des marchés publics sur les projets déjà exécutés et ou en cours d'exécution, toujours dans un délai ne dépassant pas huit jours.

Dans la deuxième correspondance adressée au chef du gouvernement toujours le lundi 6 mai, la Chambre des députés dit souhaiter que le ministre de l'Econome et des Finances et ainsi que le gouverneur de la BRH « lui communiquent incessamment un rapport sur tous les projets financés par le fonds PetroCaribe. » Les députés souhaitent obtenir également le solde de ce fonds. Copie conforme de cette correspondance a été adressée à Charles Castel, gouverneur de la Banque de la République d'Haïti (BRH).

Dans une interview exclusive accordée au Nouvelliste mardi dans son bureau au Parlement, le président de la Chambre des députés a indiqué que les députés devraient avoir le rapport sur l'utilisation des 5 milliards de gourdes depuis le mois de décembre. « Le Premier ministre nous avait dit que ce rapport était en préparation, qu'il devait être soumis trois mois après la fin de l'état d'urgence. Jusqu'à présent il ne l'a pas fait. Nous autres, dans notre travail de contrôle, nous lui avons adressé une mise en demeure... », a indiqué Jean Tolbert Alexis.

Le gouvernement n'a été ni invité ni convoqué encore moins interpellé. Il doit tout simplement soumettre à la Chambre des députés un rapport écrit sur l'utilisation des 5 milliards de gourdes pendant la période de l'état d'urgence, des comptes sur les contrats passés de gré à gré et sur la gestion des fonds PetroCaribe, a souligné le président de la Chambre basse.

Passé ce délai de huit jours, le parlementaire a indiqué qu'un ensemble de mesures peut être pris pour forcer le gouvernement à soumettre ce rapport. « On peut convoquer, interpeller et n'oubliez pas que la loi des règlements doit être votée...pour voter le budget on doit voter cette loi...on peut ne pas leur donner de budget... », a-t-il dit tout en formulant le voeu de ne pas avoir à arriver là pour le bien de la nation.

Des doutes sur la gestion de PetroCaribe, les députés en ont quelques-uns

« Bien sûr nous avons des doutes, a déclaré le député Alexis. Il y a des choses qui ne sont pas claires pour nous. Il y a déjà des contacts qui sont établis avec l'ambassadeur du Venezuela et aussi avec le président de la Chambre des députés de la République bolivarienne afin d'exprimer un ensemble de préoccupations par rapport à la gestion des fonds PetroCaribe. »

Le parlementaire a souligné avoir aussi formellement demandé au Premier ministre un rapport détaillé du fonds PretroCaribe à travers son ministre de l'Economie et des Finances et le gouverneur de la banque centrale. « ...une partie des 40% est un don et le reste est un prêt, donc, nous devons avoir des détails, a-t-il dit. Il n'y a pas de loi d'urgence, mais quand on déclare l'état d'urgence, on peut passer un ensemble de contrats de gré à gré; on demande à voir les contrats... »

Pour ceux qui pensaient ou qui pensent encore que Tolbert Alexis est ou était un député proche du pouvoir en place, le parlementaire répond qu'il n'est redevable à personne sinon à la population : « Je suis proche de la population qui m'a envoyé au Parlement. Quand j'ai été élu président du PSP (Parlementaires pour la stabilité et le progrès, ce sont mes collègues qui m'ont élu. Il y a des gens comme le ministre Ralph Théano qui n'ont jamais voulu de moi. Encore une fois, ce sont mes collègues qui m'ont élu président de la Chambre des députés. Il y a un ensemble de détails que les gens ne savent pas ; je me garde pour le moment de les révéler...peut-être que j'en parlerai dans un ouvrage... »

Aujourd'hui, a-t-il dit, la Chambre des députés s'inscrit dans un autre dynamisme. La deuxième session de la troisième année de la 49e législature sera axée sur le contrôle du gouvernement qui sera renforcé, a annoncé Jean Tolbert Alexis comme une mise en garde lancée au gouvernement. « Nous avons besoin de comprendre ce qui se passe dans les décisions prises par le gouvernement. Nous demandons des comptes... »

A l'issue du vote de la loi relative à la liberté individuelle mardi, le député Alexis a accepté de se confier au Nouvelliste en exclusivité. « Sous notre leadership, a-t-il ajouté, la Chambre des députés ne va pas chômer. On fait ce que la population nous a demandé de faire. Tolbert Alexis donne la garantie que sous sa gouvernance la Chambre des députés va être réellement au travail.»

Jean Tolbert Alexis a aussi annoncé au journal l'inscription d'un nouveau bloc à la Chambre des députés sous le nom de Parlementaires pour l'équilibre politique (PEP). Il compte une vingtaine de députés. Le Parlement est de plus en plus divisé et remonté contre le pouvoir en place. Feu de paille ou nouvelle crise en vue?

Robenson Geffrard,
Twitter: @robbygeff

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