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Le PRI écrit au Président Martelly

sadrac-dieudonnePARLEMENTAIRES POUR LE RENFORCEMENT INSTITUTIONNEL (PRI) Lettre ouverte au Président de la République et aux membres du Gouvernement Excellence, Madame, Messieurs,

Le succès et les performances de tout élu du peuple s'évaluent objectivement à l'aune de son respect des prescrits constitutionnels et de la concrétisation diligente de ses engagements électoraux dans la stricte mesure où ceux-ci concordent avec les aspirations profondes des populations représentées et coïncident même avec les besoins fondamentaux de la Nation attentive et impatiente.

Le candidat Michel Joseph Martelly, avec une faconde qui a donné quelques saillies à la campagne électorale, a soulevé des espérances fiévreuses et fait des promesses flamboyantes, dont la plus percutante et la plus appréciée reste son serment de « changer le système ». La majorité des électeurs l'a suivi vers ce rendez-vous du renouveau, où s'opèrerait drastiquement la rupture avec les pratiques surannées de gouvernance, tels le népotisme, le clientélisme, la corruption et le gaspillage de l'argent des contribuables, où serait définitivement consommé le divorce d'avec la politique de saupoudrage, d'improvisation et du fait accompli, où s'inverseraient promptement toutes ces méconduites politiciennes qui ont empoisonné les vingt-six (26) dernières années, pour une entrée solennelle et incontournable dans l'ère de la modernité et la mise en branle méthodique des réformes prescrites par les constituants de 1987.

Malheureusement, depuis l'investiture de Monsieur Martelly, les thèmes « changement et rupture » ont rejoint la poubelle des promesses oubliées et des ironies impudentes. Et le navire du changement, avec sa charge d'espérances bafouées, reste à tanguer au port du statu quo sous la conduite d'un capitaine qui garde les yeux rivés sur les mystifications et les impostures du passé. Aucun Président de la République n'aura été, pendant le quart de siècle écoulé, un vecteur plus efficace et plus vertueux de l'ancien régime. « Sa kòt di w lè l nan kalòj, se pa sa l di w lè l anlè pyebwa ». Ce proverbe illustre éloquemment le comportement du Chef de l'Etat.

Les récentes démissions de la ministre de l'Economie et des Finances, Marie-Carmelle Jean-Marie, et de celle de la Communication, Régine Godefroy, montrent le vrai visage de l'Administration Martelly-Lamothe. Si le tandem Martelly-Lamothe cache son désarroi en faisant l'apologie de l'ex-grande argentière de la République, cette dernière ne l'épargne point : elle le met plutôt à nu, dans une langue d'une exquise finesse. Dans sa lettre de démission, elle sous-entend les difficultés rencontrées dans son projet de « restaurer l'image d'Haïti aujourd'hui dégradée tant à l'intérieur qu'à l'extérieur». Elle se dit déroutée de son programme de « poursuivre une réforme conséquente et courageuse des administrations fiscale et douanière ». Elle crie sa déception et son amertume, elle qui avait également « tenu à initier une réforme de grande ampleur au niveau de la gestion des finances publiques, dans ses règles, dans ses instruments, dans ses pratiques, y compris au niveau si sensible de la transparence, notamment en matière d'allocation des fonds budgétaires comme la passation des marchés ».

Un tel programme, si sain dans sa conception, si rentable dans son application et ses résultats, eût séduit le candidat Martelly qui l'aurait appuyé sans réserve. Mais le Président, NON. Et Madame Jean-Marie n'a pu que se lamenter de n'avoir « plus le soutien attendu sur l'ensemble de ces points ni la solidarité de ses pairs ». Et comme une cerise sur le gâteau, Madame Godefroy, elle, a écrit dans sa lettre de démission : « Compte tenu du chevauchement évident des actions et de l'adversité à créer cette cohésion dans la promotion de l'action gouvernementale, je suis dans l'incapacité d'exercer mon devoir avec rigueur, honneur et intégrité [...]. » Comme si de remplir sa mission ministérielle dans la conjoncture actuelle et dans l'environnement factuel mettait sur le billot son honneur et son... intégrité.

L'heure est grave. Tous ceux qui sont pénétrés des causes profondes de la crise haïtienne sont unanimes à reconnaitre que tous les efforts d'un gouvernement pour redresser la barque nationale seront vains si les pouvoirs exécutif et législatif n'accordent pas leur violon pour exécuter le projet fondamental de la Constitution de 1987 qui est de mettre en place un système de gouvernance décentralisé, moderne et transparent.

Excellence, Madame, Messieurs, vous êtes en train de passer lamentablement à côté de la mission qui vous est confiée par la Constitution et que vous avez promis d'accomplir. Il est très tard, certes, mais pas trop tard pour redresser la barre du bateau ivre et prendre la bonne direction, celle qui vous attirera l'accompagnement et l'enthousiasme de la Nation, éléments indispensables à votre réussite.

Que Dieu bénisse la Nation !
Que Dieu sauve Haïti !
Pour le groupe PRI :
Sadrac Dieudonné
Joseph W. Deshommes
Député
Député
Président
Secrétaire-administrateur

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