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Lambert, comme aux échecs

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Ici, la politique est faite de coups d'éclat, de coups bas, de coups fatals et parfois de coups gagnants. Mais à tous les coups, il faut savoir déplacer ses pions sur l'échiquier. Comme un certain Gary Kasparov, Joseph Lambert, des décennies en politique, en sait un bout. Et sur Magik 9, mardi matin, il a révélé la stratégie de la présidence dans cette manche, certains diraient d'échecs, vers le montage du CTCEP.

Cette stratégie se résume en un seul mot : « précaution » pour que le roi ne soit pas mis en échec. Mme Anne Valérie Milfort, chef de cabinet du président Martelly, a, selon Lambert, écrit au vice-président du Sénat, Andris Riché, afin que ce dernier produise le mandat qui l'a autorisé à signer la lettre de transmission comportant les noms des trois personnes désignées pour représenter le Parlement au Conseil transitoire du Conseil électoral permanent (CTCEP). « On prend des précautions afin de ne pas commettre d'erreur », a dit Joseph Lambert, ajoutant que « chat échaudé craint l'eau froide ».

La signature de Riché et le sénateur Desras « injoignable » m'ont mis la puce à l'oreille. « Desras n'est pas à l'extérieur mais il est injoignable », renchérit Lambert. « Nous ne voulons pas courir de risque. Nous voulons connaître la position véritable du président du Sénat sur la question », a souligné ce vieux briscard de la politique, hier adversaire politique de Michel Joseph Martelly.

Sans feindre, il a balancé sa réprobation du choix de Me Néhémie Joseph dont la désignation est « une provocation ». « Je dis et je répète que le choix de Me Néhémie Joseph est pour moi, comme je l'avais dit avant-hier, une provocation », a indiqué Joseph Lambert, qui égrène ses raisons : Me Néhémie Joseph avait contesté le choix des trois premiers représentants du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSJP) au CEP ; il a choisi les trois nouveaux représentants du CSPJ au CEP et il va être juge et partie en siégeant avec des gens qu'il a désignés, a détaillé Lambert, pour qui le choix de Me Néhémie comme représentant du Parlement au CTCEP est aussi « indécent ». Dans cette longue liste de charges, Me Néhémie « a tenté un coup d'Etat avec ses pairs pour rester en poste au CSPJ ». Mais, poursuit Lambert, « ce coup d'Etat a été maté par les barreaux de la République ».

Cependant, Joseph Lambert a confié qu'il est dans l'obligation de respecter le choix, du Parlement, un pouvoir indépendant. Ce choix est comme une purge de cheval ingurgitée. Le choix des représentants de l'exécutif doit être validé. Sans rouspéter, a prévenu le conseiller politique du président Martelly. Le chef de l'Etat, a prévenu Joseph Lambert, était à deux doigts de publier avant son départ pour l'étranger hier l'arrêté de nomination des neuf membres du CTCEP.

Lambert, dans la foulée, a indiqué que toute tentative de contrôler la machine électorale est vouée à l'échec. « C'est un mouvement mort-né et voué à l'échec que de vouloir contrôler la machine électorale dans l'espoir de gagner les élections », a estimé Joseph Lambert, qui conseille à tous les secteurs de laisser l'institution électorale faire son travail en toute liberté. « Est-ce que le président Martelly a tenté personnellement de contrôler la machine électorale ? Si je dis non, certains diront que je suis un coquin. Si je dis oui, d'autres diront que j'ai fait une mauvaise lecture. Je préfère, en guise de oui ou de non, encourager tous les secteurs à laisser le Conseil électoral faire son travail en toute liberté, en toute indépendance », a appelé l'ex-sénateur, le ton quelque peu solennel en soulignant l'importance de la réussite des prochaines élections. Cette réussite donnera confiance aux acteurs, a fait remarquer Lambert.

Menaçant, il a indiqué que les conseillers électoraux seront passibles de la Haute Cour de justice s'ils ne font pas leur travail en toute indépendance. Comme aux échecs, le madré Joseph Lambert pousse des pions. Avec des fortunes diverses.

Roberson Alphonse
Source: Le Nouvelliste
Caricature: Bousiko

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