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Port-au-Prince, une capitale abandonnée à elle-même
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- Publié le vendredi 22 février 2013 23:05
La capitale de la république haïtienne, Port-au-Prince, avec ses 36,04 Km2 de superficie et ses plus de 2 millions d'habitants, ressemble de plus en plus à une ville négligée, voire abandonnée à elle- même. Presque tous les coins sont transformés en dépotoirs. Dans beaucoup de rues, à l'entrée des établissements scolaires ou devant des centres hospitaliers, fonctionnent quelques petits marchés. Avec les commerçants et les mécaniciens, c'est l'anarchie dans la commune. Ils s'installent comme ils l'entendent, où ils veulent. Et sans aucune crainte.
De nombreux citoyens pensent qu'il n'existe pas d'autorités municipales à Port-au-Prince. Pour d'autres, sil y en a, elles sont toutes démissionnaires. Pour les comprendre, il n'y a qu'à faire le tour de la capitale. Les rues et les trottoirs sont envahis par des commerçants et des réparateurs de tout gabarit. L'aire du Champ de Mars est devenue un véritable marché, un barbecue, des bars, des restaurants, des bazars, des motels de circonstance, des maisons de tolérance se fixent en toute quiétude aux abords et à l'intérieur des places publiques. Qui pis est, à l'entrée sud de la place des Artistes, située en face du commissariat de Port-au-Prince, on trouve un garage.
Les établissements scolaires ne sont pas épargnés. Plusieurs petits shops et de petites maisons de commerce s'établissent sur les trottoirs devant le lycée du Cent-cinquantenaire couramment appelé lycée de jeunes filles, sis à la rue Capois. Une petite maison en béton, à des fins commerciales, est récemment construite à l'entrée de la barrière principale du lycée Fritz Pierre-Louis à la rue Saint-Honoré rendant ainsi fragile la sécurité de tous ceux et de toutes celles qui fréquentent cet établissement public.
Le comble, c'est qu'au milieu de cette situation anarchique, on trouve toujours quelqu'un pour vous rappeler à raison parfois qu'il a de l'électricité (avec bordereau à l'appui) fournie par l'EDH et l'autorisation d'une autorité de la mairie ou autre. Très souvent, c'est le business d'un policier. On se demande s'il n'existe pas à Port-au-Prince une taxe sur l'occupation de la voie publique. Car la plupart des concernés déclarent couramment être en possession de documents valables pour ne pas dire officiels.
Les agents municipaux de la commune de Port-au-Prince ou les agents de l'exécutif sont-ils dépassés par les évènements ? Ou veulent-ils se faire complices ou tirer profit de ce grand désordre révoltant qui fait dégringoler la capitale ? A un moment où tout le monde s'accorde à admettre que Port-au-Prince est devenue trop crasseuse, force est de constater avec amertume que les autorités compétentes ont choisi de rester amorphes face à ce dysfonctionnement qui salit davantage le visage de la capitale
La prostitution se mêle aussi de la partie. Malgré les efforts d'éclairage la nuit de plusieurs rues, les filles et les femmes qui pratiquent le commerce sexuel, âgées ou en bas âge, adultes et/ou mineures, font aisément le trottoir du côté des rues Magny, St.cyr, Capois, Romain et de l'espace du Champs de Mars. Quand elles refusent d'aller aux frais de leurs clients dans un motel de circonstance sis à quelques mètres du service des pompiers, elles se donnent au dos d'une poubelle placée sur le terrain où se trouvait avant le 12 janvier 2010 l'hôtel RELAX jouxtant le bâtiment logeant le ministère du Commerce et de l'Industrie.
Dans cette capitale frappée aussi par le sida et en proie aux infections sexuellement transmissibles, ces femmes de joie courent tous les dangers. Il y en a qui font du sexe avec leurs clients sans préservatif. Ces dernières n'hésitent pas à avancer, oubliant les dangers qui les guettent, qu'elles détestent le condom qualifié par elles de caoutchouc ou d'isolant qui dérange. « Avec le préservatif comme isolant, le courant ne passe pas », m'a confié l'une d'entre elles.
Il n'y a pas de doute, le plus vieux métier du monde prend de l'ampleur à la capitale. Le constat n'est pas différent dans les autres communes du département de l'Ouest, particulièrement à Pétion- Ville où les filles et les femmes, voire des enfants, poussées le plus souvent par la crise économique du pays, le chômage, la pauvreté et le déchirement du tissu social s'adonnent à la prostitution.
C'est un constat vraiment alarmant. Port-au-Prince, ville fondée en 1749, donne évidemment aujourd'hui l'image d'une capitale abandonnée à elle-même. Cette ville qui veut continuer à survivre ne mérite pas ce triste sort. Alors, à vous les autorités compétentes ou concernées de reprendre en main les commandes.
Pierre Josué Agénor CADET
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Source: Le Nouvelliste
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