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Haïti-2012 : Recrudescence de l’insécurité avec une moyenne mensuelle de 69 meurtres

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Extrait d'un bilan dressé par la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH)

L'année 2012 est surtout marquée par la recrudescence du phénomène de l'insécurité. Cette montée vertigineuse des actes de banditisme tout au cours de l'année, surtout dans la Capitale du pays, a constitué une entrave à la jouissance de certains droits civils de la population, particulièrement ; le droit à la liberté de circuler librement et à la sécurité. Agression, viol, cambriolage, vol à main armée, assassinat et kidnapping sont enregistrés un peu partout dans la Capitale et dans le reste du pays. Le travail de monitoring et d'observations effectué par la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) et la Commission Episcopale Justice et Paix (JILAP), membre de la Plate-forme leur a permis de recenser au total 819 cas de meurtres pour l'année 2012. En voici quelques données :

 Les cas d'homicides :

Premier trimestre

Près de cent quatre vingt dix (190) personnes ont été tuées dans la région métropolitaine de Port-au-Prince durant les trois premiers mois de l'année 2012, selon la Commission Episcopale Justice et Paix (JILAP). La majorité des victimes sont tuées par balles. La répartition en est ainsi faite : 41 décès par balle en janvier, 78 en février et 71 en mars.

C'est au cours de ce trimestre que les bandits armés ont assassiné Jean-Baptiste Jean-Philippe connu sous le nom de ''Samba Boukman'', le Policier Serge Casséus, 5 personnes d'une même famille ont été assassinées à l'Avenue N, Turgeau et ensuite l'incendie du camp du Lycée Toussaint Louverture qui a couté la vie d'une fillette de 13 ans pour ne citer que ces cas.

Deuxième Trimestre

Pour le second trimestre de l'année 2012, le rapport d'observation de la Commission Nationale Justice et Paix (JILAP), fait mention de 307 cas de victimes de violence enregistrés dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Parmi lesquels sept (7) Agents de la Police Nationale d'Haiti (PNH) et un Militaire de la MINUSTAH. D'après ce rapport la violence a augmenté dans certaines zones comme : Carrefour, Martissant, le Centre-Ville et Cité Soleil.

Les assassinats qui ont surtout soulevé la colère de la population au cours de ce trimestre sont : celui du Policier Walky Calixte assassiné quelques heures après une dispute avec un proche du Député Rodriguez Séjour ; et celui d'Octanol Derrissaint assassiné par le Conseiller spécial du Président MARTELLY, Calixte Valentin, actuellement en liberté sans avoir été jugé.

Mis à part ces cas qui ont été surtout enregistrés dans la zone Métropolitaine de Port-au-Prince. La POHDH a constaté que les cas de viols et de vols sont devenus monnaie courante dans le Département du Centre au cours du mois de juin et de juillet. D'après la population de ce Département, l'effectif des Policiers présents dans chaque Commune est insuffisant pour contrecarrer les actes de banditisme. Donc, les actes de violences sont restés impunis. La Commune de Thomonde a été la plus touchée par le phénomène de l'insécurité. Les conflits politiques sont à la base de plusieurs cas de viols et de meurtres dans cette Commune. C'est à cette période que le journaliste Wendy Phelps a été victime de plusieurs balles.

La POHDH a recensé treize (13) cas de graves violences durant le mois de juin et de juillet dans la Commune de Thomonde : Un citoyen originaire de Petit-Goâve connu sur le nom de Guest a été violement tué dans la localité de marin ( 10 juin) ; Dans l'espace de deux (2) jours on a enregistré dix (10) cas de viols à Thomonde, précisément dans une zone dénommée ''Kafou Vèvè'' ( dans la nuit du 13 au 15 juin) ; Deux personnes ont été grièvement blessées à coup de machette par des bandits non identifiés. Elles ont été emmenées d'urgence à l'hôpital Bon Sauveur de Cange (28 juin et 17 juillet) ; Une fille a été violée a ''Cabouli'' ( 21 juin).

Dans la Commune de Savanette : Madame Janette Mirat a été victime d'un coup de poignard dans la localité de Layay. Mais on ignore l'identité de l'assassin (11 juin) ; Un individu dénommé ''Fouye'' a violé Wislande Dorsaint une fille de 16 ans (25 juin).

Troisième Trimestre

Pour le troisième trimestre, la POHDH a enregistré 158 morts dont 44 par balles. La répartition est ainsi faite : 37 morts pour le mois de juillet, 49 au mois d'août et 46 en septembre.

Voici l'un des cas de meurtre qui a suscité la colère de la population : l'affaire du Parc la visite dans le Département du sud-est le 24 juillet, lorsque la PNH tentait de déloger les 158 familles sinistrées qui vivaient au Parc. Ce déplacement forcé a couté la vie à 8 personnes.

Au cours de ce trimestre la POHDH a dénombré 14 cas de lynchages. Ces cas sont surtout enregistrés dans les villes de province. Ce qui voudrait dire que la population a tendance à se faire justice.

Quatrième Trimestre

Pour le quatrième trimestre, jusqu'à date, la POHDH a dénombré 164 cas d'assassinats : 102 cas pendant le mois d'octobre, dont 10 par balles ; 44 cas pendant le mois de novembre dont 38 par balles et 18 cas pour le mois de décembre dont 12 par balles.

La Plate-forme tient à signaler que la majorité des cas d'assassinats dans la région métropolitaine de Port-au-Prince ont été perpétrés par des bandits armés circulant à bord de motocyclette. En général, ces derniers prennent pour cible les gens qui viennent d'effectuer des transactions bancaires. Ces hommes lourdement armés ont aussi attaqué à plusieurs reprises des patrouilles Policière.

Ce n'est pas seulement les cas d'assassinats qui ont augmenté pendant l'année 2012, mais également les cas de kidnapping.

• Les cas de Kidnapping

La Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) a constaté que le kidnapping a tendance à prendre de l'ampleur pendant l'année 2012. Plusieurs Agents de la Police Nationale D'Haïti (PNH) ont été interpellés dans le dossier de l'homme d'Affaires Clifford Brant, accusé d'avoir séquestré les frères Moscosso. Ce cas de kidnapping a fait les grands titres de l'actualité pendant plusieurs semaines. Cependant, la POHDH constate que ce dossier a tendance à passer en douce comme une lettre à la poste, même la presse locale n'en fait plus mention depuis quelques semaines.

Mis à part le dossier pré-mentionné, plusieurs autres cas de séquestrations ont été enregistrés à Port-au-Prince ou dans les villes de province, notamment ; Celles du jeune Johim Maxi à Jacmel et du docteur Guy DUGUE contre une rançon de 30 mille dollars américains. • Les manifestations violentes :

Durant l'année 2012, la population haïtienne a manifesté pour réclamer justice pour des actes qui tendent à rester impunis et aussi pour réclamer une meilleure condition de vie. Ces manifestations sont soldées parfois par la violence et ont causés des dégâts matériels et des pertes en vies humaines.

Voici quelques faits : Deux (2) enfants tués et un adulte blessé lors d'une manifestation à Terrier-Rouge (9 mars) ; un mouvement de tension entre les villes de Terrier-Rouge et Ouanaminthe : des individus armés, en cagoule, ont mis feu partout et brûler des voitures (12 mars) ; Arrêt de travail des agents du Service de la Circulation des Véhicules qui réclamaient justice pour leur compagnon d'arme Walky CALIXTE assassiné (18 avril) ; une personne a été tuée, trois écoliers ont été blessés et des institutions attaquées à coups de pierres à Jérémie, lors d'un mouvement de protestation, ponctué d'affrontements avec la PNH, qui réunissait plusieurs centaines d'habitants très remontés contre l'éventuel transfert à Port-au-Prince des matériels de la firme brésilienne OAS, responsable de l'arrêt des travaux de construction de la route Jérémie/Cayes (28 novembre).

La PNH avait tendance à réprimer les manifestants tout au cours de l'année : 4 membres du MOLEGAF ont été arrêté alors qu'ils participaient à un sit-in devant le local du Ministère des Affaires Sociales pour réclamer de meilleure condition de vie : il s'agit d'Oxygène David, Thomas Jean Dieuffète, Rudy Noel et Orleus Joseph David (24 janvier 2012) ; 4 Etudiants ont été arrêtés alors qu''ils réclamaient justice pour leur camarde Damael D'Haïti froidement assassiné par un policier.

La POHDH a constaté que les Autorités ont tendance à minimiser le phénomène de l'insécurité tout au long de l'année, en dépit du fait qu'au moins 69 personnes meurent tous les mois. Face à ce laxisme, la Plate-forme tient à rappeler aux autorités concernées qu'ils ont pour obligation de garantir le droit à la vie conformément aux prescrits de l'article 19 de la Constitution Haïtienne de 1987 et de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) en son article 3

Source: Alterpresse

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