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Haïti-Viol : La Sofa appelle la société à se révolter contre toute campagne de dénigrement visant Marie Danielle Bernardin, victime de viol

sofaLa société haïtienne doit se révolter contre toute campagne de dénigrement visant à porter atteinte à l'intégrité morale de la jeune femme victime de viol.

Il est inacceptable d'observer, depuis la plainte déposée contre Me Josué Pierre-Louis, que la jeune femme dénonce être l'auteur du crime de viol, des discours pleuvent dans les médias pour tenter d'innocenter ce dernier au détriment de la victime.

L'on ne sait pas par quel stratagème, Me Osner Févry a pu disposer du certificat médical, déposé par la victime le vendredi 30 novembre au Parquet de Port-au-Prince, pour le présenter le lendemain matin dans une émission de radio. Il a conseillé de le publier dans un quotidien sous prétexte que ce document n'a pas confirmé le viol.

Or, il est bien connu que le médecin, qui élabore le certificat médical, n'est pas un juge, il n'a pas à qualifier l'acte. En aucun cas, le certificat médical ne pourrait porter la signature de viol.

Les défenseurs de Me Josué Pierre-Louis s'évertuent par tous les moyens à démontrer que la jeune femme entretenait antérieurement des rapports sentimentaux avec son agresseur, pour tenter de justifier qu'il n y a pas eu de viol.

Ils persistent dans leur entêtement jusqu'à prétendre disposer de photos qui illustreraient cette soi-disant relation.

Le viol étant déterminé par l'absence de consentement, un petit-ami, un fiancé, un mari, un conjoint, un ex..., tous peuvent être auteurs de viol.

En conséquence, une relation amoureuse, s'il y en avait, ne saurait justifier le viol. Ce n'est pas sans raison que, dans nombre de pays, les féministes arrivent à introduire le viol conjugal dans la législation.

Il est intolérable de constater que les alliés de Me Josué Pierre-Louis s'obstinent à vouloir transformer les médias en tribunal.

Au lieu d'utiliser le circuit normal pour présenter des éléments de preuve d'innocence de Me Pierre Louis, tels que photos ou tout autre objet qu'ils prétendent avoir en leur possession, ils préfèrent les étaler dans les médias. Cette stratégie n'a qu'une seule finalité que de monter l'opinion publique contre cette jeune femme.

Toutes ces déclarations mensongères multiples et variées des compères de Me Josué Pierre-Louis s'inscrivent dans une stratégie, celle de décrédibiliser cette jeune femme qui a osé dire Non à un potentat et qui, de plus, a choisi le chemin de la justice pour signifier son non consentement et pour exprimer son indignation, le fait d'avoir été traitée comme objet, et que son NON, donc sa parole et sa volonté n'ont pas été pris en compte par l'agresseur, en clair, pour dénoncer le viol.

Pour d'autres catégories de crime, plus d'un et d'une l'aurait encouragé à porter plainte pour rompre avec le cycle de l'impunité qui gangrène notre société. Mais, dans ce cas, ces mêmes personnes recommandent la médiation, la négociation, en d'autres mots « Kase fèy kouvri sa »

Cette jeune femme courageuse est déterminée à aller jusqu'au bout pour obtenir justice afin que d'autres tout-puissants ne s'arrogent plus le droit à disposer du corps et du sexe d'une femme, comme bon leur semble, et que d'autres jeunes femmes ne soient plus jamais exposées à ces genres d'abus de pouvoir et d'autorité.

Sa démarche est louable.

Elle veut interpeller la conscience de chacun et chacune contre cette mauvaise pratique qui veut s'ériger en règle dans l'administration publique haïtienne. Une jeune femme n'a pas à se prostituer ni pour entrer, ni pour garder son poste ou faire carrière dans l'administration publique haïtienne.

Le signal, que veut donner cette jeune femme, est clair.

Elle veut que son cas serve d'exemple à d'autres femmes victimes de droit de cuissage. La société a la responsabilité de l'appuyer et de la soutenir dans cette démarche et non de la clouer au pilori.

La Sofa, en tant qu'organisation féministe qui lutte contre la domination masculine et qui réfute le fait de présenter le rapport sexuel comme un droit de l'homme et donc comme un devoir de la femme, réitère sa volonté d'accompagner cette jeune femme dans sa quête de justice.

Nous sommes déterminées, tout comme la victime, à aller jusqu'au bout pour que lumière soit faite et que justice soit rendue de façon équitable.

Dans ce sens, nous exigeons l'arrestation immédiate de Me. Josué Pierre-Louis, qu'il soit mis à la disposition de la justice, comme cela se produirait s'il s'agissait de n'importe quel citoyen accusé du crime de viol.

Non à l'Impunité, que Justice soit appliquée en toute impartialité !

Port-au-Prince, 14 décembre 2012

Pour la Sofa,

Marie Frantz JOACHIM, Coordonnatrice générale

Lise-Marie DÉJEAN, Coordonnatrice Axe :Lutte contre la Violence Faite aux Femmes Olga BENOIT, Chargée de Programme Axe:Lutte contre la Violence Faite aux Femmes

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