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L'opposition est faible, selon Michel Martelly

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C'est de l'arrogance. De la provocation inutile. C'est en peu de mots la réaction du leader du KID Evans Paul, après les déclarations faites par le chef de l'Etat Michel Martelly, lundi sur les ondes de Radio Méga à Miami. De passage en Floride (Etats-Unis) où il a rencontré des membres de la diaspora haïtienne, le président de la République, en provenance du Japon, où il a été en visite, a déclaré que l'opposition en Haïti est faible. Pour se faire valoir, dit-il, ses membres envahissent les espaces médiatiques.

« Ils tentent de jeter le discrédit sur le chef de l'Etat. Ils exigent mon départ à travers des manifestations et créent des foyers de tensions un peu partout », a expliqué Michel Martelly qui dit avoir la confiance de la population. Le président de la République a, d'un autre côté, minimisé ceux qui questionnent ses voyages. « Ce sont des gens qui ne savent pas lire », a fait savoir le mandataire de la nation qui est revenu ce mardi après une visite de cinq jours au Japon. Ses voyages, a-t-il expliqué, permettent à Haïti d'être plus présente sur tous les podiums internationaux. Ils permettent également au pays, a-t-il poursuivi, de se faire des amis.

Le président de la République n'a pas à se réjouir de la faiblesse de l'opposition, a réagi Evans Paul lundi soir à l'émission Tout Nouvèl sur les ondes de Radio Magik 9. Evans Paul pense que cet état de fait, loin d'être un signe de victoire, traduit de préférence la mauvaise santé de la démocratie dont le chef de l'Etat est le garant. D'ailleurs, a-t-il précisé, il n'y a pas que les partis politiques en tant qu'institutions qui soient faibles en Haïti.

C'est triste quand des gens au pouvoir ne savent pas ce que sont les partis politiques, a indiqué pour sa part Rosemond Pradel, ancien conseiller électoral et membre du directoire de la Fusion des sociaux- démocrates. Il croit que c'est dangereux et irresponsable de penser de la sorte. On ne fait pas une démocratie sans les partis politiques, a martelé M. Pradel soulignant que les partis politiques se construisent à travers le temps. Il rappelle que ces structures politiques sont très jeunes. Certaines datent d'après la chute des Duvalier en 1986.

Il dénonce les régimes qui se sont succédé et qui n'ont jamais mis des moyens financiers à la disposition des partis politiques, au mépris de la Constitution haïtienne. Rosemond Pradel s'en prend à ceux qui soutiennent la thèse que les vieux auraient échoué en politique. Le pays a toujours été dirigé par des jeunes, a avancé M. Pradel.

Il critique également la déclaration du président qui pense que ceux qui questionnent ses différents voyages à l'étranger ne savent pas lire. « Les citoyens sont en droit de demander des comptes. D'ailleurs, les voyages du président qui ne rapportent rien au pays sont financés à partir de leurs taxes », a déclaré Rosemond Pradel. Soulignant que les pays amis d'Haïti, notamment les Etats européens, à cause de leurs difficultés économiques, réduisent considérablement leur aide au pays, M. Pradel précise que les voyages de nos autorités coûtent plus d'un million de dollars par mois à la République.

Rosemond Pradel pense que les fonds dépensés pour organiser le voyage du président de la République à Miami ont été gaspillés. Rien de sérieux n'a filtré de ce show tenu dans la diaspora, a caricaturé le responsable de la fusion qui dit avoir donné assez de temps au gouvernement pour prouver sa bonne foi.

Le sénateur du Nord, Moïse Jean-Charles, farouche opposant au président de la République, dit ne pas prendre au sérieux les déclarations de Michel Martelly. Il a d'ailleurs annoncé pour le 16 décembre en cours des manifestations dans plusieurs points du pays. « Nous observerons ensuite une trêve à l'occasion des fêtes de fin d'année pour reprendre le 1er janvier 2013 notre mobilisation », a fait savoir le parlementaire.

Danio Darius
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Source: Le Nouvelliste
Phot: Ap