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Administration Martelly-Lamothe: de scandale en scandale !
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- Publié le mercredi 28 novembre 2012 16:31
Par Isabelle L. Papillon --- Depuis l'arrivée de monsieur Michel Joseph Martelly et de son équipe à la tête de l'Etat d'Haïti, en mai 2011, de puissants réseaux de corrupteurs, de racketteurs, de kidnappeurs, de trafiquants de drogues, d'armes illégales, de criminels et de trafics de toutes sortes ont été constitués ou renforcés avec des ramifications dans tout le pays et ailleurs. Ces détracteurs du régime néo-duvaliériste imposé par la Communauté Internationale en Haïti ne cessent de dénoncer le comportement malsain de l'équipe Tètkale.
Aujourd'hui la vérité éclate, l'incompétence, les conflits d'intérêt, la tentative de vassalisation des autres pouvoirs et institutions indépendantes, la corruption entre autres éclaboussent l'Administration haïtienne jusqu'à lier Martelly-Lamothe eux-mêmes. A la Primature, au ministère de la justice et de la Sécurité publique, aux services consulaires en République Dominicaine et d'autres instances de ladite administration des scandales éclatent constamment.
En effet, le mercredi 21 novembre dernier, une dizaine de députés, membres du bloc Parlementaires pour le Renforcement Institutionnel (PRI), minoritaires certes, mais opposés au régime au pouvoir, ont brusquement investi les locaux du bureau du Premier ministre, au bicentenaire pour protester contre le gel de dix millions (10.000.000) de gourdes insérés dans la loi de finances 2011-2012 pour des projets de développement dans chacune des 140 communes du pays. Par contre, ce montant a été déjà débloqué pour les députés membres du bloc majoritaire, proche du pouvoir. Ce qui a poussé le député Patrick Joseph à dénoncer la politique d'exclusion pratiquée par l'Administration Martelly-Lamothe contre une partie de la population : « La politique d'exclusion, voilà ce que l'Administration Martelly-Lamothe pratique actuellement. Il rappelle qu'un pays ne peut être administré à coup de slogans, comme le fait l'équipe en place. Une bonne partie des ressources de l'Etat est utilisée pour faire de la propagande en faveur du pouvoir, » a-t-il déploré.
D'autres ont dénoncé la politique de deux poids deux mesures pratiquée par l'Exécutif, en refusant de débloquer des fonds alloués pour la réalisation de projets communautaires dans des communes. Alors que partout dans le pays, la population insatisfaite se soulève pour exiger la réparation des infrastructures de base, l'électrification de certaines zones, la construction d'écoles, de centres santés, de nettoyage de canaux, de réparation de système d'irrigation, d'approvisionnement en eau potable etc... Les besoins de la population sont légions.
Cependant, il faut quand même rappeler que l'Exécutif a pris la liberté d'encourager la corruption dans la gestion des fonds de l'Etat. Les parlementaires ne sont pas des gestionnaires, ils remplissent le rôle de contrôleurs. La constitution de 1987 a institué les Conseils Départementaux et Interdépartementaux pour plancher sur les projets de développement des départements respectifs et la gestion des fonds réservés dans les postes budgétaires. Mais le refus d'innover, les intérêts mesquins défendus par les autorités du pays bloquent le processus devant aboutir à la formation des dits Conseils. Cette situation débouche finalement sur le conflit Législatif/Exécutif.
Tandis que le Judiciaire a été vassalisé par l'Exécutif, ce qui facilite le règne de l'impunité, la corruption, instituant ainsi une sorte de criminalité d'Etat et du banditisme d'Etat dans le pays. Constatant cet état de fait, en tenant compte des cas flagrants qui se répètent constamment au sein de l'appareil judiciaire, le Réseau National de la Défense des Droits Humains (RNDDH), dans une lettre ouverte datée du 19 novembre 2012, adressée au Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) dénonce la médiocrité, la corruption, l'impunité et la mainmise du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. Le RNDDH exige la révision de toutes les nominations faites par l'actuel ministre, Jean Renel Sanon. L'organisme de la défense des droits humains évoque le cas de Fermo-Judes Paul, un certain juge d'instruction de la juridiction de la Croix-des-Bouquets, qui a libéré en dehors de la loi l'assassin d'Octanol Dérissaint abattu à la frontière haïtiano-dominicaine, le 28 avril 2010. Il s'agit de Mercidieu Calixte Valentin, conseiller politique du président Michel Joseph Martelly.« A la surprise générale, il est nommé juge et juge d'instruction près le tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets au cours de l'année 2012, dans le but évident de prendre en charge le dossier de Mercidieu Calixte Valentin, conseiller spécial du président de la République impliqué dans le meurtre du sieur Octanol Dérissaint», note le RNDDH.
«Pour mémoire, le RNDDH vous rappelle, Madame, Messieurs les membres du CSPJ, qu'Octanol Dérissaint a été tué au su et au vu de tout le monde par Mercidieu Calixte Valentin. En effet, le 18 avril 2012, les responsables de la douane et du service de l'Immigration de Malpasse avaient décidé de fermer la frontière trente (30) minutes avant l'heure habituelle. A cause de cette décision, une vive dispute a éclaté entre les autorités frontalières et différentes couches de la population. Dans la foulée, Mercidieu Calixte Valentin, alors chargé de l'ouverture et de la fermeture de la barrière de la douane, a délibérément ouvert le feu sur des citoyens de la zone, regroupés non loin du dépôt des boissons gazeuses, «L'Ambassadeur du Christ boutique» et a tué Octanol DERISSAINT, un jeune commerçant de Fonds-Parisien.»
«L'inspecteur divisionnaire Jean Garry ROC, qui, au mois d'avril 2012, a confirmé sur les ondes de plusieurs stations l'implication de Mercidieu Calixte Valentin dans le meurtre perpétré sur la personne d'Octanol Dérissaint, était présent sur les lieux de l'assassinat. Il a même failli perdre sa vie lorsque Mercidieu Calixte Valentin ainsi que trois (3) de ses acolytes montés à bord du véhicule Nissan Patrol de couleur blanche ont tiré une rafale de balles. Mercidieu Calixte Valentin a été, dans le délai de la flagrance, arrêté sous les ordres du commissaire du gouvernement d'alors près le tribunal de première instance de la Croix-des-Bouquets, Me Mario Beauvoir. Le dossier fut transféré au cabinet d'instruction du juge Etzer Aristilde.( Me Mario Beauvoir a été révoqué, par la suite, par le ministre de la justice, Jean Renel Sanon)».
«A dessein, le juge d'instruction Etzer Aristilde a été transféré dans la même fonction au Tribunal de Première instance de Port-au-Prince qui, pourtant regorge déjà de magistrats instructeurs n'ayant même pas un bureau pour travailler. C'est ainsi que le dossier redistribué a été sciemment confié au cabinet d'instruction du juge Fermo-Judes PAUL qui, sans tarder, a rendu, en date du 8 novembre 2012, une ordonnance de non-lieu en faveur de Mercidieu Calixte Valentin. »Lit-on dans la lettre.
Ainsi, l'assassin d'Octanol Dérissaint a retrouvé sa liberté. De plus, le vendredi 23 novembre sur les ondes d'une station de radio de la capitale, ledit juge, Fermo-Judes Paul a déclaré avec arrogance et dans un piètre langage : « En tant que juge d'instruction, je décide en mon âme et conscience. »
Par ailleurs, au Consulat haïtien de Santiago en République Dominicaine, le Consul Philippe Malebranche, un proche de l'ex-ministre de l'Intérieur, Thierry Mayard Paul et le vice-consul Peterson Laguerre, frère du député, Benoît Laguerre en seraient venus aux mains au sein même du service consulaire et en présence des prestataires de service. Au cours d'une violente dispute, une employée de nationalité dominicaine au consulat, Martha Aquino, a été agressée physiquement par Peterson Laguerre, rapporte l'agence en ligne AHP. On accuse le vice-Consul de pratique de trafic de visa au consulat, et Nora Reyes, une dominicaine épouse du consul, d'exercer une grande influence au consulat.
Au cours de l'année 2012, les autorités dominicaines ont procédé à l'arrestation de 484 Haïtiens pour trafic de drogues, selon le journal cubain, Prensa Latina, rapporte l'agence en ligne HPN. La direction Nationale de Lutte contre la Drogue de la République Dominicaine (DNCD) a fait savoir que les 484 Haïtiens font partie de puissants réseaux de trafiquants de drogues qui font le commerce de la drogue vers les Etats-Unis et l'Europe, passant par différents pays de l'Amérique du Sud et de la Caraïbe.
Face à la gravité et à la dégradation de la situation, le Premier ministre Laurent Lamothe s'est vu obligé de recourir au Conseil de ses prédécesseurs. C'est dans cet ordre d'idées qu'il a tenu une rencontre avec 4 anciens Premiers ministres le mardi soir, 20 novembre dernier en sa résidence à Turgeau. Il s'agit de Robert Malval, Jean-Marie Chérestal, Yvon Neptune et Jean-Max Bellerive. « C'était une rencontre informelle. Nous avons regardé ensemble certaines situations du pays. Nous avons décidé de ne pas faire de déclaration sur la rencontre, » a déclaré l'un d'entre eux à l'agence en ligne HPN.
Alors que la situation politique, économique et sociale du peuple haïtien se dégrade constamment, l'équipe gouvernementale de Martelly-Lamothe confine les ressources de l'Etat à des activités fantaisistes et de propagandes mensongères.
Entre-temps, les réseaux mafieux de tout acabit instaurent une sorte de criminalité d'Etat dans le pays. Face à cette situation, le peuple haïtien doit rester non seulement vigilant, mais se mobiliser pour tenir en échec le projet dominant des puissances impérialistes que supporte et encourage le régime en place.
Source: Haiti-Liberté