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Insécurité : l’équipe Martelly presque dos au mur

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Au moment où sont tombés certains « seigneurs du crime », le président de la République demande une assistance pour assurer ses arrières. La population guette déjà la prochaine victime de la criminalité. C'est la crampe au cœur.

Jamais la criminalité n'avait eu de formes aussi variées dans le pays. Kidnapping, assassinat, insécurité, banditisme primaire, blanchiment d'argent sale. Chaque jour, elle se mue sous une facette différente.

L'effroyable forfait

Le plus crapuleux s'est produit à Demontreuil, une localité de Jacmel (Sud-Est). L'ingénieur-agronome Jean-Marie Patrice Etienne a été assassiné, chez lui le week-end écoulé. Les crapules ont aussi enlevé son neveu, Jorym Siame Etienne, 3 ans après avoir violé et blessé d'une balle une tante qui était présente dans la maison. Quatre jours plus tard, le petit a été retrouvé à Cap Lamandou. Sans vergogne, les bandits avaient exigé une rançon de 250 mille dollars us pour sa libération. Ils ont donc eu gain de cause.

Ces actes avaient révolté la ville de Jacmel. Pas moins de trois manifestations ont été déroulées en signe d'indignation. Se montrant préoccupés, les membres du CSPN ont tenu une rencontre en urgence. De nouvelles instructions ont été prises en considération pour faire face à l'ampleur de la criminalité dans le pays. Des responsables de commissariats de la région métropolitaine ont été invités à exposer leur besoin au CSPN.

Tout naturellement, Jacmel a bénéficié d'une attention spéciale devant l'effroyable forfait dont la ville a été le théâtre. En effet, des changements ont été opérés à la tête de la police dans le Sud-Est. Le directeur départemental Sagesse Ovilmar a été transféré et remplacé par le commissaire Frantz Elbe. Il lui est reproché son laxisme. Le commissaire Ovilmar, trop esclave de son prénom Sagesse, n'a pas de leadership sur ses troupes. Donc le CSPN cherche de l'efficacité avec cette décision. Mais pour le sénateur Edwin Zenny, il faudra aussi augmenter les moyens.

Frayeur au Palais national

La criminalité semble inquiéter l'État au plus haut niveau. Pourtant elle se ramifie avec nombreuses sphères de la société principalement du pouvoir politique. L'organe régulateur se sent donc menacé. Le fonctionnement des gangs donne des frayeurs et de la gorge sèche même à Martelly, ce chantre du « bandit légal ». Celui de Clifford Brandt se désagrège peu à peu.

Le président le dit lui-même dans une déclaration devant l'Assemblée parlementaire ACP-EU, en Europe. « C'est la première fois en Haïti qu'on démantèle un réseau de bandits de cette envergure. Je vous le dis carrément : ce réseau est plus fort que l'État lui-même. Au point que j'ai dû, avant mon voyage ici en Europe, faire une demande formelle aux États-Unis d'Amérique et à la France, afin de trouver une assistance. Car ce réseau, s'il décide de renverser le gouvernement, il peut le faire en une minute ».

Un chef d'État qui a peur de la puissance d'un réseau criminel ? Peut-être, Martelly a ses raisons que la République devra savoir pour ne pas paniquer. La criminalité est aux portes pour ne pas dire dans le salon du Président. L'implication de son ami, Marc Arthur Phébé, chef du Swat Team surprend. La présidence hyper communicatrice garde un profil bas sur cette affaire scandaleuse.

Si le Président exprime ses craintes pour son pouvoir, la population, elle, craint pour sa vie, son plus grand bien. Elle n'a même pas de temps pour faire son deuil. L'étendue de la criminalité n'a pas de limite. Du Sud-Est au Plateau central on « kidnappe ». Avec pour centre névralgique la Capitale. Sa main d'œuvre se répertorie dans la police et d'autres groupes sociaux. Son cerveau dans la bourgeoisie nationale en pleine érosion. Plus besoin de cartographie discriminatoire du crime organisé dans le pays.

Donc le Palais national et le peuple n'ont pas les mêmes soucis. Ils se dissonent. Dans l'opinion le régime est déjà éclaboussé. « La femme de César est soupçonnée », comme dit la maxime latine. Mais sera-t-elle renvoyée ? Au-delà de la frayeur exprimée par le président Martelly, est-il prêt à se débarrasser de ses colis encombrants ? Suivons le regard du RNDDH dans ce dossier. En appelant Interpol à l'aide, le Président prend une grosse responsabilité dans cette affaire à rebondissement. Peut-être aussi qu'il veut faire taire les rumeurs.

Convocation du CSPN

Sommé d'assumer son pouvoir de contrôle par la presse, le président de la commission justice et sécurité du Sénat, Pierre Francky Exius convoque le CSPN. La rencontre aura lieu le mardi 27 novembre. Les parlementaires veulent savoir les dispositions envisagées pour enrayer la criminalité. Certains d'entre eux montrent déjà leur colère. « C'est dans l'entourage du chef de l'État qu'il faut chercher les criminels », tempête le sénateur Jean Baptiste Bien-Aimé, avec sa voix de tonnerre.

Difficile dans de telles conditions d'attirer des investissements étrangers. Le sénateur Exius rappelle la vocation touristique assignée à Jacmel. Les derniers événements ayant mis en ébullition la ville, éclaboussent la propagande officielle. L'image est écornée. Au cours de la rencontre, seront aussi évoquées les dispositions sécuritaires pour la fin de l'année.

La commission justice et Sécurité du Sénat part pour un marathon. En levée de rideau ce lundi, Pierre Francky Exius et ses collègues rencontrent les responsables du RNDDH. L'objectif, obtenir plus de détails sur les rapports publiés par cet organisme sur l'affaire Brandt. Le RNDDH avait mis à nu le laxisme des autorités dans la traque de ce gang. Pour Pierre Espérance le pouvoir est mouillé jusqu'aux os dans cette affaire.

Un nouveau suspect du réseau Brandt, Mathurin Kerwins Jacques, tombe dans les filets de la PNH. Il a été appréhendé mardi dernier à Malpasse. Jacques aurait à son actif de nombreux crimes. Parallèlement, Rodford Joseph, 38 ans, un ancien policier, pointé du doigt dans le réseau, court au démenti. La police reproche à l'ex-policier d'avoir assuré la garde des deux Moscoso durant leur séquestration.

Eddy-Jackson Alexis
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