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Haiti-Observateur: Haïti pris en otage par des « bandits légaux »

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DES HOMMES PROCHES DU POUVOIR LIÉS AU MONDE INTERLOPE

Il aura fallu l'arrestation de l'homme d'affaires Clifford Brandt pour convaincre les plus sceptiques que ce pays était sous la coupe des «bandits légaux ». Depuis l'arrivée au pouvoir de Michel Joseph Martelly, le 15 mai 2011, on assiste à une mutation profonde de la société haïtienne. Il devenait de plus en plus visible que les nouveaux dirigeants se démarquaient du consensus que s'imposaient toutes les couches sociaux-politiques de la nation afin de voir poindre un état de droit, celui préconisé par la constitution de 1987et son amendement, d'ailleurs promulgué par l'actuel tenant du pouvoir. Les belles promesses dictées lors de son discours d'investiture n'auront été que de vaines paroles prononcées en vue de vendre la marchandise, tant à la communauté internationale dument représentée par ses ambassadeurs qu'aux secteurs viables de la société haïtienne.

En effet, au fil des semaines et des mois, les faits allaient confirmer les allégations qui circulaient tout au cours de la campagne électorale, à savoir que « la poudre reviendrait en force » advenant la victoire du candidat Martelly. Sous les apparences de démantèlements de gangs, une lutte âpre est engagée au cœur même du pouvoir Martelly/Lamothe afin de mettre au pas « les petits indépendants traditionnels », derniers vestiges du passé que les lions du pouvoir rose veulent anéantir.

Les bandits légaux à la tête de l'État

Le président Michel Martelly, qui s'était affublé du titre de « bandit légal », alors qu'il était chanteur du compas direct, s'est œuvré à intégrer dans la Police nationale plusieurs individus ayant purgé des peines après avoir été trouvés coupables de diverses infractions. Plusieurs se sont d'ailleurs retrouvés sous les verrous après leur dénonciation par le Réseau national des droits humains en Haïti(RNDDH). À la faveur de la prise en charge de ladite Police par Godson Orélus, il y a trois seulement mois, celui-ci s'est retrouvé devant un fait accompli. Plusieurs postes ont été pratiquement occupés par les hommes du président, alors que des prisons de différentes garnisons seraient sous leur contrôle. Plus d'une centaine de tous-terrains de marque Toyota Prado, et d'autres communément appelés « zo reken », qui circulent dans le pays, et principalement à la capitale avec des vitres teintées, feraient le « travail » du Palais national. Ces vitres teintées cacheraient des « bandits légaux » à la solde du pouvoir Martelly/ Lamothe. Ce serait pour ne pas être reconnus par leurs victimes que ceux-ci, avec la complicité du pouvoir en place, sont garantis de l'invisibilité que leur procurent les vitres teintées, et l'impunité assurée par la gent du pouvoir.

Contrairement aux assertions du secrétaire d'État à la Sécurité publique, Reginald Delva, rien n'a été effectué par son département pour sécuriser les citoyens dans ce sens. La pagaille qui règne dans la Circulation des véhicules, à la capitale notamment, est créée de toutes pièces par ces engins circulant avec des vitres teintées. À coups de sirènes et de clacksons bruyants, ces véhicules, qui se cherchent le chemin, à contre sens de la circulation et dans les rues à sens unique, quand cela s'avère nécessaire, « brassent » des affaires liées au monde interlope pour le compte du pouvoir Martelly/Lamothe. La preuve est là, et le secrétaire d'État Reginald Delva ne peut le nier, ni contester les déclarations du puissant sénateur du nord, Moïse Jean-Charles, quand il a déclaré sur les ondes d'une station de radio que « Haïti se transforme en un État terroriste, ayant a sa tête des bandits légaux »

Ti Bobo et Boss Peinte renaissent à travers les bandits La capture en plein jour des deux jeunes Moscoso, par une auto patrouille avec des policiers réels, traduit l'état d'esprit généralisé dans le pays, qui laisserait croire qu'Haïti est retourné officiellement sous la coupe de bandes organisées. Sous l'égide du tandem Martelly/Lamothe, le macoutisme viscéral des années Papa et/ Baby Doc reprend du poil au point de resurgir à visière levée en plein 21e siècle. Au lieu de se convertir en sanctuaire du droit, le Palais national, résidence officielle du chef de l'État, serait le centre névralgique de cette escalade. A tord ou à raison, on a impliqué le chef de l'Unité de sécurité du Palais national (USPN) dans l'affaire Clifford Brandt, avant qu'officiellement on ne parle que d'une« mise en garde a vue ». Un jargon utilisé afin de mettre à couvert le clan Martelly/Lamothe, avons-nous appris. Subitement, « on »découvre, à la résidence d'un commissaire de police proche d'une bande rivale, un véritable arsenal digne de Rambo... alors que parallèlement, aucune enquête n'a été instituée lors de la découverte d'un individu tué par balles aux barrières de la résidence du conseiller spécial du président de la république, Roro Nelson. Cette nouvelle, qui avait été véhiculée par diverses stations de radio de la capitale, n'a semblé recueillir l'attention d'aucune autorité et, pis encore, du secrétaire d'État à la sécurité publique, qui est la courroie de transmission des velléités du pouvoir Martelly/Lamothe dans le contexte piégé de l'affaire Brandt/Moscoso. Tout comme les allégations entourant les activités extra-parlementaires du député de Marchand-Dessalines, Gracia Delva, mis en accusation publiquement par le premier sénateur du nord, Moïse Jean Charles.

Le député Gracia Delva, « passeur » à la frontière haïtiano-dominicaine

Aya Tiblada, pseudonyme du député de Marchand-Dessalines, n'est pas un saint tombé du ciel. Ancien chanteur vedette du groupe« Zenglen », il avait connu une certaine popularité, surtout auprès de la gent féminine. D'ailleurs, ses difficultés avec la justice américaine proviendraient de ce secteur. Accusé de violence envers une beauté floridienne, la presse de cet État du Sud des USA, s'était emparée de la question avant que le ci-devant musicien ne prenne le large pour son patelin. Selon les nouvelles en provenance de la République dominicaine, il aurait des fréquentations douteuses dans ce pays. Le voilà aujourd'hui député du peuple au Parlement de la république, avec de multiples avantages, dont un passeport diplomatique, automobiles climatisées avec vitres teintées... Avec un tel pedigree, Aya Ti blada s'est aligné au rang des députés pro-Martelly. Il accompagnait le président le 1er octobre dernier, marchant avec celui-ci de l'aéroport international Toussaint Louverture au Palais national.
L'affaire Brandt/Moscoso remet le député Gracia Delva sur la sellette. Il a attendu près d'une semaine pour tenter de démentir la nouvelle véhiculée par différents organes selon laquelle il aurait essayé vainement de « passer »quatre kidnappeurs à la frontière haïtiano-dominicaine. Cette nouvelle rebondissait le lundi 29 octobre avec les précisions du premier sénateur du nord, Moise Jean-Charles, qui l'accuse d'être un « passeur ». En l'absence de quorum, quelle instance pourra investiguer sur de telles accusations, comme celles soulevées par les agissements d'un autre sénateur pro-Martelly, Edo Zenny, formellement accusé d'avoir craché au visage d'un juge et d'un autre citoyen de la ville de Jacmel ?

La présidence dans l'œil du cyclone

Le poisson pourrissant toujours par la tête, l'image de déconfiture qu'affiche Haïti trouve malheureusement ses origines dans le pouvoir Martelly/Lamothe dont les luttes intestines incessantes mettent à jour le vrai visage de ses tenants. En moins de deux ans, cette équipe aura acculé la majorité nationale à la débrouillardise comme moyen de subsistance, alors que les largesses présidentielles sont un secret de polichinelle.

S'il faut croire les nouvelles en provenance du Palais national, les manigances de certains secteurs intimement liés au banditisme organisé seraient alimentées par le même Palais national. L'interpellation du chef de l'Unité de sécurité du palais national(USPN) est un véritable camouflet pour le président Martelly et consorts. Corruption, drogues et kidnapping, qui sont le dénominateur commun du banditisme organisé, ont pris un tel essor qu'Haïtien rejoint les pays qui ne font aucun effort pour lutter contre ces fléaux endémiques.
D'autre part, l'entourage du président laisse beaucoup à désirer. Ses collaborateurs les plus influents ont un passé douteux, voire, dans certains cas, un dossier criminel. Le RNDDH (Réseau national des droits humains) a en maintes occasions tiré la sonnette d'alarme sans que cela n'attire aucune réaction sérieuse des dirigeants. Donc, l'officialisation des secteurs liés au monde interlope, leur maintient aux poste de commande du pays, n'augure rien de bon pour l'avenir. Haïti, pays qui, de par sa vocation, fut un havre de paix, est pris en otage par les bandits.

Haiti Observateur

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