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Chavez est tombé malade à la suite d’un empoisonnement

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Le président vénézuélien vient d'être emporté par son cancer a annoncé le vice-président Nicolas Maduro. Retour sur la vie mouvementée d'un chef d'État devenu une légende pour son peuple.

Depuis quelques jours, l'issue ne faisait guère de doute. En dépit de communiqués « officiels » rassurants, le Venezuela s'était préparé à la mort de son héros. Les allers et retours de Hugo Chávez entre Caracas et La Havane ne trompaient plus personne. L'état de santé du Comandante était désespéré.

Fin février, on apprenait que « son insuffisance respiratoire n'évoluait pas favorablement ». Le 1er mars, le vice-président Nicolás Maduro estimait : « Notre président lutte pour sa vie. » La semaine dernière, des rumeurs affirmaient qu'il était cliniquement mort.

« Nous avons reçu l'information la plus éprouvante et la plus tragique que nous puissions annoncer à notre peuple. A 16H25 (20H55 GMT) aujourd'hui 5 mars, est mort notre commandant président Hugo Chavez Frias après avoir combattu avec acharnement contre une maladie depuis presque deux ans », a déclaré M. Maduro, au bord des larmes.

Le vice-président vénézuélien a affirmé qu'Hugo Chavez est tombé malade à la suite d'un empoisonnement, comme le leader palestinien Yasser Arafat. Il a déclaré qu'un comité spécial de scientifiques confirme cette thèse. Nicolás Maduro a également dénoncé l'existence d'un « plan de déstabilisation » du Venezuela derrière la maladie d'Hugo Chavez.

Il a annoncé qu'il avait expulsé de de l'ambassade américaine David Del Monaco pour avoir agi en faveur de la déstabilisation du pays. Le ministère vénézuélien des Affaires étrangères a annoncé l'expulsion d'un officier en second à l'ambassade américaine à Caracas. Lui et son collègue sont accusés d'ingérence et de complot. Selon le ministre, ils auraient contacté les membres des forces armées bolivariennes afin de déstabiliser le pays.

De plus, il a expliqué que des « ennemis ont saboté le système électrique du pays, dans le but de créer le chaos. »

Les États-Unis nient les allégations de complot à propos de la maladie d'Hugo Chavez. « Ce sont d'absurdes accusations », a déclaré un porte-parole du département d'Etat.

Retour sur la vie mouvementé d'Hugo Chavez

Rarement un chef d'Etat aura suscité autant de passion. Nouveau Bolivar, défenseur du petit peuple et des valeurs de gauche pour certains, dictateur adepte du culte de la personnalité pour d'autres, Hugo Chavez restera un personnage marquant de l'histoire du Venezuela.

« Chávez coeur du peuple »

Il existait, et il existera sûrement encore longtemps, une connexion passionnelle entre Hugo Chávez et des millions de Vénézuéliens. Intitulé « Chávez, coeur du peuple », le dernier slogan de campagne du leader latino a tapé dans le mille. « C'est le premier président à s'être réellement préoccupé des pauvres », commente le journaliste révolutionnaire Miguel Ángel Pérez Pirela en évoquant les programmes sociaux impulsés par Chávez pendant ses 14 ans de pouvoir, qui ont permis de réduire drastiquement la pauvreté.

Carlos Vargas, militant du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), avance avec nostalgie une autre explication : « Chávez était un homme du peuple, il le connaissait et savait lui parler. » Lui-même avait pris l'habitude d'affirmer : « Chávez, ce n'est pas moi, Chávez, c'est vous. Chávez est un peuple, un concept, le chavisme. »

Né en 1954 dans une famille très modeste des grandes plaines vénézuéliennes, deuxième d'une fratrie de six garçons, Hugo Chávez Frías a vécu une enfance difficile, « mais heureuse », selon ses propres mots. Il vendait des sucreries dans la rue pour aider sa famille et, comme des milliers d'autres jeunes, il s'amusait au base-ball en sortant de l'école. Au point d'avoir espéré devenir joueur professionnel.

Cette légende dorée, Hugo Chávez l'a entretenue des années pendant son émission dominicale Aló Presidente, dans un style jugé « populiste » par l'opposition. Durant plusieurs heures, El Comandante exposait ses idées dans un langage simple ponctué de chansonnettes, de blagues et de petites histoires moralisatrices.

« Chávez est un as de la communication directe, [c'est aussi] un affabulateur », concède l'écrivain Orlando Oramas León dans la préface des Cuentos del arañero (Contes du tisseur de toile), la compilation officielle des centaines de discours de Hugo Chávez.

El Comandante

Pour le grand public, le mythe de Hugo Chávez est né le 4 février 1992, le jour de son coup d'État manqué contre Carlos Andrés Pérez. En costume militaire, le commandant assume ses responsabilités en direct et engage ses compagnons à déposer les armes, leur expliquant que les objectifs poursuivis n'avaient pas été atteints, « pour l'instant ».

Le président Rafael Caldera élu en 1994 reconnaîtra que ce dernier lui avait « donné une excellente impression, comme à tout le monde. Ces quelques secondes qu'il a utilisées à la télévision montraient un homme équilibré, sensé. »

Jeté en prison durant deux ans, Hugo Chávez continue d'éponger une soif de lecture qui ne l'a jamais quitté et peaufine son projet politique. C'est ici, loin des projecteurs, que sa popularité grandit. Progressivement, il fait naître le rêve d'une patrie nouvelle, « bolivarienne » du nom du « libérateur » historique du Venezuela face à la couronne espagnole, Simon Bolívar.

C'est aussi pendant cette période qu'il prend goût au pouvoir. La professeur Herma Marksman, sa deuxième femme, explique l'avoir quitté à cette période pour cette même raison : « La popularité l'a changé, il est devenu une figure messianique. »

Un démocrate aux manières de dictateur

Vingt ans plus tard, le Venezuela est couvert, des murs aux montagnes, du portrait de cet homme qui se croyait la réincarnation de Simon Bolívar. Le culte de la personnalité, mais aussi les atteintes aux droits de l'homme, les attaques répétées contre les médias d'opposition et la conception centralisée du pouvoir de Hugo Chávez en ont fait l'épouvantail de toute une partie des Vénézuéliens.

Les deux dernières années de sa vie, El Comandante gouvernait essentiellement par décrets, laissant une très faible marge de manoeuvre à son gouvernement. « Sa gestion est devenue beaucoup plus autoritaire après le coup d'État dont il a souffert en 2002 et surtout à partir de sa seconde réélection, en 2006-2007, au moment de lancer le concept flou de socialisme du XXIe siècle« , explique l'historienne Margarita Lopez Maia.

Surfant sur l'immense manne pétrolière, renationalisée en 2002 au prix d'un long conflit social, Hugo Chávez veut alors construire « un nouveau socialisme » basé sur « l'amour, la liberté et l'égalité ». Il expérimente de nouvelles formes de production et relance la démocratie directe.

À droite, dans un pays plus polarisé que jamais, les opposants hurlent au clientélisme et dénoncent les écueils de la révolution, principalement l'explosion de l'insécurité.

Bolivar et le « monde multipolaire »

Ce deuxième mandat, phase de radicalisation de la révolution socialiste, est aussi une période d'approfondissement du projet « bolivarien » de Chávez, celui d'unifier les peuples d'Amérique latine face à « l'empire américain ».

L'Alliance bolivarienne pour les Amériques, une alternative à la zone de libre-échange promue par les États-Unis, créée en 2006, est la première concrétisation du rêve de toute une vie. S'ensuit l'intégration à d'autres institutions régionales, comme le Marché commun du Sud (Mercosur), la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (Celac) et la Banque du Sud.

La perception d'un « monde multipolaire » de Hugo Chávez l'amène à développer de nombreux partenariats avec Cuba, la Chine et la Russie, mais aussi à soutenir des dirigeants critiqués par les démocraties occidentales, comme le Libyen Muammar Kadhafi et le Syrien Bachar el-Assad.

Son cancer, dont il est opéré une première fois en juin 2010, met un frein à ses ambitions de gouverner « jusqu'à 2021″, date qu'il s'est donnée pour faire aboutir le projet socialiste. Il remet sa survie entre les mains des médecins cubains, mais aussi de Dieu.

Lors de sa dernière apparition à la télévision, le 11 décembre 2012, le révolutionnaire embrasse de nouveau l'effigie du Christ. « Le semeur » désigne alors un successeur, son vice-président Nicolás Maduro, dans l'espoir de sauver la révolution.

Converti en martyr par les uns, détesté et honni par les autres, Hugo Chávez a laissé une marque indélébile dans le paysage politique vénézuélien, américain et mondial. Les restes d'El Comandante vont désormais reposer aux côtés de son inspirateur, au mausolée Simon Bolívar.

Dates-clés :

⁃ 28 juillet 1954 – Naissance à Sabaneta, État de Barinas, Venezuela.

⁃ 4 février 1992 – Tentative de coup d'État avortée contre le président Carlos Andrés Pérez.

⁃ 6 décembre 1998 – Élu à la présidence vénézuélienne avec 56 % des voix, réélu en 2006 et 2012.

⁃ 19 décembre 1999 – Les Vénézuéliens acceptent la Constitution de la Ve République proposée par l'Assemblée constituante pro-Chávez, la « meilleure au monde », selon le leader latino.

⁃ 13 avril 2002 – Revient triomphant à Caracas après avoir contré un coup d'État.

⁃ 15 février 2009 – Les Vénézuéliens votent « oui » à une réforme de la Constitution permettant à Hugo Chávez de gouverner jusqu'à 2021.

⁃ 05 mars 2013 – Mort au Venezuela.

Sources : tgcom24.mediaset.it / Le Point / Le Figaro / Lalibre.be / Le Journal du Siècle

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